Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Synapses évangéliques - La très Bonne Nouvelle selon Stéfanos
31 mars 2013

Des Evangiles à Pia - le texte de Muratori

 INFO AU LECTEUR: En raison de problèmes personnels, je ne suis pas en mesure de donner un travail propre, abouti. Veuillez me pardonner. Je ne peux donc à l'heure actuelle que laisser voir mon chantier en attendant de peut-être, je l'espère, l'achever un jour. Merci de votre compréhension.

 Cette information est valable pour les autres parties exégétiques de cet ouvrage.

 

 

 

 

 

 

PREMIÈRE GRANDE ENQUÊTE :

 

DES ÉVANGILES À PIA, ou le texte de « Muratori » comme chemin

 

canon Muratori

 

 

Ce travail sur le texte fragmentaire de Muratori, dit « Fragment de Muratori », je l'ai entrepris sans le connaître auparavant ni d'Eve ni d'Adam. À mon insu, je fus amené à faire des recherches – longues, fastidieuses, passionnantes, et aussi semées d'embûches – sur chaque nom propre et titre se trouvant dans au sein du précieux document. Dire que j'avais initialement un but précis qui concerne l'Évangile de Jean, – Jean : aussi bien évangéliste, apocalyptique, qu'épistolaire – un cas unique dans toutes les écritures grecques chrétiennes, suivi de loin par Luc écrivant dans deux genres très proches. Mon parcours allait aussi être ponctué de quelques surprises dont je suis le premier touché. Cela pourra paraître péremptoire – bien que ce soit dans l'esprit archéo et néo-testamentaire –, je me suis laissé guidé par l'esprit, ou si vous préférez j'ai laissé l'esprit agir en son cours. Je vous demande la même patience et persévérance que j'ai eu, en ne perdant pas de vue autant que possible le fil rouge assuré régulièrement, je crois, par les citations du texte de Muratori qui jalonnent mon chemin.

 

Je me servirai principalement de deux traductions, celle de Vallin (1) datant de 1990 et celle de Lagrange, de 1933 (2). Je les indiquerai dans les citations par (1) et (2), selon le même principe qui compose le document de « Muratori » se trouvant être comme un fruit partant du noyau jusqu'à la peau.

 



 

Une première remarque concernant les deux traductions : on ne sait comment à partir d'un même document Vallin traduit une partie altérée qui se trouverait en tête et que Lagrange n'a pas vu ; et ce dernier, comment il peut fournir une traduction d'un « verset » final que le premier ignore.

 

Pour le reste, la plus grosse partie, la partie commune, les traductions se recoupent souvent mais diffèrent radicalement en quelques lieux, voir dans d'autres parties sont carrément opposées.

 

Mais ce que je conclus de l'analyse de l'ensemble est extraordinaire. Cela demande aussi qu'on prenne notre courage à deux mains pour l'éplucher tel un oignon et qui demandera de citer de nombreuses références pour donner un point d'appui à cette analyse.

 

En premier lieu, il convient de présenter où, quand et par qui le document fut découvert.

 

Le texte fut découvert à la bibliothèque de l'Abbaye du mont Cassin en Italie et publiée en 1740 par son découvreur Muratori, historien italien, considéré comme fondateur de l'historiographie dans son pays.

 

Il faut maintenant parler un peu plus longuement du fondateur de cette Abbaye. Il s'agit de Benoît de Nursie, actif dans la seconde moitié du VIème siècle. Avant de fonder l'abbaye celui-ci mena une vie d'ermite cherchant la solitude et rencontra un moine romain qui lui fit découvrir une grotte au pied d'une falaise, appelée plus tard « sacro speco » : « Sainte grotte », où il établit demeure et où le moine ami lui rendra visite en lui apportant nourriture et textes à l'aide d'un panier et d'une cloche. Plus tard, Benoît fondera l'Abbaye austère des bénédictins établissant trois pôles de service de Dieu : prière, travail, lecture, d'où la célèbre devise bénédictine : « Ora et labora »: (« Prie et travaille » - la lecture et l'étude étant considéré comme travail, évidemment). Est-ce que le document dit "de Muratori" aurait été offert par le moine romain à Benoît et l'aurait décidé à changer de vie? Ou alors, lui ou un de ses successeurs l'acquit plus tard ?

 

Rentrons maintenant dans le texte lui-même écrit en latin au VIIIème siècle, (traduction d'un texte plus ancien en grec mais perdu? Oui – qui a dû connaître maintes copies successives.)

 

D'abord, il faut établir la raison de son écriture, la nature et la fonction de ce document extraordinaire dont l'original est daté d'entre 150 à 200 de notre ère, et généralement de 170 (pour couper la poire en deux?).

 

Il s'agit d'un projet de canonisation de textes chrétiens dans le but d'établir l'église officielle face aux dissensions, schismes, hérésies venant des apocryphes et d'hommes comme Marcion . Ce n'aura pas été le premier schisme :le premier étant entre l'Église juive de Jérusalem et l'Église fondée par Paul. Mais, celles-ci respectaient les Écritures déjà « canonisés », considérées comme «inspirées », et alors tous hébraïques. Le schisme sera consommé avec les premières lettres grecques de Paul qui circuleront dans les deux communautés. Paul, c'est en quelque sorte Jung se détachant de Freud.

 

Or, après l'écriture des textes apostoliques originaux sur des rouleaux de papyrus mais perdus ou détruits, le codex ou livre relié apparut, et les chrétiens furent pionniers dans leur emploi, voir les inventeurs. Ceux-ci permettaient deux choses très avantageuses: primo une grande diffusion, deuxio la reliure de plusieurs livres auparavant séparés en rouleaux indépendants. Ces deux causes firent naître un tertio, car qui dit assemblage dit recueil ou « corpus » et pose la question de choix, celle de la canonisation.

 

La majeure partie des papyrus chrétiens du second et troisième siècle sont des codex ou codices.

 

Mais, même si le codex pu faire naître l'idée de canonisation, avant la prolifération d'apocryphes et l' « insurrection » d'hommes tels que Marcion, le besoin ne s'était pas fait ressentir auparavant de canoniser, et cela expliquerait pourquoi nous n'avons pas trouvé de listes exactes antérieures à celle que découvrit Muratori.

 

Qui était l'auteur inconnu ? La fin du texte nous fournit des indices :

 

« Mais quant au Pasteur, Hermas l’a écrit récemment de notre temps dans la ville de Rome, pendant que l’évêque Pie, son frère, était assis sur la chaire de la Ville de Rome. »

 

C'est une découverte ! Il est étonnant qu'à partir de ces renseignements on ait daté le document de 170. Pie, frère d'Hermas (au moins d'après cette source, est le 10ème évêque ou pape de Rome qui a siégé entre 140 et 155) il est dit qu'Hermas écrivit un livre intitulé Pasteur récemment pendant le siège de son frère sur la chaire de Rome, donc l'écriture du texte de « Muratori » date entre 140 et 155. Cela est corroboré par le fait que son pontificat fut marqué par le développement des idées gnostiques dont Marcion du Pont était le fer de lance : il remet trop de choses en cause : l’unicité de Dieu, l’Ancien Testament ainsi que la double nature humaine et divine de Jésus-Christ. Aussi, Pie Ier dénonça ses idées hérétiques lors d'un synode (ou concile) et... – deuxième révélation ! – Marcion est exclu de l'Église vers 144 !

 

On apprend aussi qu'un Justin de Naplouse vint au secours de Pie 1er qui semblait moins à l'aise pour trancher dans ce genre de controverses que son prédécesseur. C'est aussi ce qui ressort du texte que je nommerais dorénavant de «Pie », mais sans doute dicté par le dialecticien, apolégète et philosophe chrétien Justin de Naplouse mort vers 165 et auteur, entre autres, de deux Apologies et d'un Dialogue avec Tryphon, considérés comme des premiers jalons dans la séparation entre le christianisme et le judaïsme.

 

Pour ces raisons

 



 



 

L'auteur commence naturellement par les évangiles. Il ne faut pas voir un classement chronologique de ceux-ci, mais logique (et qui n'est pas celle attendue). Ils donnent aussi des renseignements précieux sur chacun des évangélistes cités dans les deux traductions : Luc et Jean.

 

Il est d'abord écrit :

 

«Troisième livre de l'Évangile selon Luc » (1) ou « troisièmement, le livre de l'Évangile selon Luc. » (2)

 

La première traduction pourrait suggérer un placement chronologique, mais je lis : « troisième livre : l'Évangile selon Luc. » Ce qui veut dire: dans le campus des évangiles, celui de Luc trouvera sa place en troisième position. Cela est corroboré par la deuxième traduction : « Troisièmement »...

 

Une autre traduction que je trouve du Document de Muratori dit : « Le troisième livre de L'Évangile est celui de Luc […], le quatrième livre de l'Évangile est celui de Jean » […] De plus, les actes des apôtres sont décrits dans un seul livre. » Cela suggère une présentation de l'Évangile ou « bonne nouvelle » (il y en a qu'une) devant être rassemblé sous un seul livre en quatre parties : Selon Matthieu, selon Marc... selon chacun.

 

Il est ensuite noté que Luc, médecin, écrivit son évangile après l'ascension du Christ (1 et 2). On ne sait pas combien de temps après, mais la suite suggère fortement un laps de temps assez important, puisqu'il est dit qu'il écrivit son évangile, soit au nom de Paul (1) soit avec son assentiment (2), « ce qu'il jugeait bon » (2) alors que celui-ci l'avait pris « auprès de lui » (1), « pour second » (2) « en tant qu'expert en droit. » (1) ou « à cause de sa connaissance en droit » (2)

 

À ce stade une enquête est nécessaire auprès des lettres des premiers chrétiens informant sur la relation entre Luc et Paul.

 

Suivant lesActes (écrit par Luc et disant donc « nous » quand il est inclus dans les événements qu'il rapporte), il suivit Paul à Troas au cours de son deuxième voyage estimé entre 50 et 52 Il le rejoindra en Judée à la fin du troisième voyage de Paul estimé de 53 à 58 ; il accompagna l'apôtre dans son voyage vers Rome pour y être jugé, voyage qui mit presque trois ans (de 59 à 61, avec escale à Malte). C'est là que le choix par Paul de Luc comme compagnon de voyage corrobore pleinement le document de Muratori. Dans sa lettre à Philémon (chrétien de Colosse) écrite durant son « emprisonnement » à Rome (qui n'était peut être pas encore effectif mais ressenti comme tel puisqu'il était sous surveillance d'un soldat dans sa maison), Paul cite Luc parmi ses « compagnons de travail. Dans sa lettre aux Colossiens (4:14), Paul appelle Luc «  le médecin bien-aimé »

 

Continuons l'étude du document :

 

Il y est déclaré toujours à propos de Luc : « Il n'avait pourtant pas vu lui-même le Seigneur » (1) ou « dans la chair » ( 2) « et pourtant, dans la mesure où il put y réussir, il entreprit de dire en commençant la nativité de Jean » - le baptiste (1) ou « et par conséquent selon ce dont il avait pu s’informer il commença à le dire à partir de la nativité de Jean. » (2)

 

Là, deux renseignements de première importance.

 

1 - Il est dit que Luc n'avait pas été un témoin oculaire. On le sait. Mais si on reconstitue le début du document d'après la bribe traduite à propos de Marc, on trouverait les informations suivantes:

 

« Premièrement, le livre de l'Évangile selon Matthieu : ce collecteur d'impôts, puis apôtre, l'un des douze, et donc ayant vu le Seigneur dans la chair témoin oculaire, écrivit après l'ascension à l'attention des juifs d'abord »...

 

J'arrête-là la recomposition, car je trouve une citation d'Eusèbe et qui me fait dire qu'il n'est pas impossible que Papias cité par Eusèbe ait repris ce texte alors en entier et qui avait dû être répandu lorsqu'il dit : « D'abord a été écrit […] selon Matthieu, premièrement publicain, puis apôtre de Jésus-Christ ». Le style est bien le même.

 

Le document Muratori devait se poursuivre ainsi :

 

« Deuxièmement, le livre de l'Évangile selon Marc. » avec cette suite traduite :

 

« [Marc s’est conformé aux prédications de Pierre, à celles] du moins auxquelles il fut présent, et a rédigé d’après cela. » (2).

 

On pourrait de même citer Eusèbe citant Origène ou bien Tertullien disant la même chose.

 

Mais il faut y ajouter au document de Muratori : « pourtant il n'a pas vu le Seigneur dans la chair ». Ce qui fera préciser à propos de Luc le suivant : « lui aussi ».

 

On a donc avec Jean qui clôturera la liste un sandwich fait de deux tranches de témoins oculaires : Matthieu et Jean, dont la garniture est composée des deux qui ne l'ont pas été (du moins de manière notoire) : Marc et Luc. On voit par là qu'il y a une logique d'ordre qui ne tient pas non plus au rang de leur rédacteur auprès de Jésus-Christ.

 

2 -  « et par conséquent selon ce dont il (Luc) avait pu s’informer (ou « y réussir » dans 1) il commença à le dire à partir de la nativité de Jean. »

 

Cela est en accord avec le prologue de l'évangile de Luc et avec ce par quoi il commence à relater. Remarquons qu'il rejoint Matthieu en cela, mais en « historien » qui fait oeuvre de recherche. Cela prouve aussi que le fait de n'être pas témoin oculaire autorisait à couvrir une période plus longue. Ni Matthieu, ni Jean n'ont vu la naissance du Christ, par exemple. Pourtant Matthieu, témoin oculaire, va commencer comme Luc par la naissance. Et Marc, non plus témoin oculaire, va agir à travers son évangile comme l'un des siens, dans la logique de sa qualité – tout comme Jean, oui, qui ne rapporta pour ainsi dire que les évènements qu'il a vu ou dont il a entendu parler (prédication de Jean-Baptise et Baptême de Jésus), évènements proches en date de ceux dont l'apôtre devint témoin. Il y a donc par les canonistes, au-delà de l'ordre interne d'une logique narrative créée pour le lecteur (On commence par une généalogie et les naissances de Jean le Baptiste et Jésus), une réelle stratégie de création de binômes «Marc-Jean », « Matthieu-Luc », dans une perspective inversée : témoin oculaire – non témoin – non témoin – témoin oculaire ». Cela est une structure qui fait penser aux rimes embrassées dans la versification permettant de fixer un cadre strict et fortifiant la signification de l'ensemble (suivant mon Larousse de commentaire de texte). Jeux de miroirs qui se placent dans le corpus (j'avais écrit campus...) des Évangiles selon un schéma alterné. Matthieu-Marc-Luc-Jean : Récit intégral par un témoin – récit partiel ou de « témoin » par un non témoin – récit intégral par un non témoin – récit partiel par un témoin. C'est une trame « invisible » qui doit agir inconsciemment sur le lecteur lambda ou agir consciemment sur le lecteur avisé, perspicace.

 

La prochaine notice concerne l'évangile de Jean :

 

«Le quatrième livre de Évangiles est de Jean, l’un des disciples. » (1 et 2 avec variante de style pour 1 : « Quatrième évangile, de Jean ») « A ses co-disciples et aux évêques qui l’exhortaient, il dit:   «  Jeûnez avec moi un triduum, et ce qui sera révélé à chacun, nous le narrerons les uns aux autres. » (1) ou « Comme ses condisciples et ses évêques l’exhortaient, il leur dit: Jeûnez avec moi à partir d’aujourd’hui durant trois jours (triduum) et nous nous raconterons les uns les autres ce qui nous aura été révélé. » (2)

 

Cette notice encore ne prouve pas une postériorité de Jean, comme la suite l'appuira. Mais il est le seul apparemment à qui il fut demandé expressément d'écrire la « bonne nouvelle » ; mais Jean demanda à être guidé pour savoir d'une part à qui revenait ce privilège. Les condisciples et les évêques sont de toute évidence les autres apôtres et ceux qui avaient fondé une église comme Paul. Pierre (désigné sous cinq noms différents : Pierre ou Simon en grec, Syméon en hébreu « entendre, écouter » et son équivalent sémitique « Céphas » venant peut-être de l'hébreu képhim « rochers », enfin Simon Pierre), bien qu'il avait été désigné par Jésus comme étant celui sur lequel serait fondé son « église » n'exerça pas la primauté sur les apôtres en vertu de quelques rang ou fonction officiels – même si à la Pentecôte Pierre et Jean eurent un rôle prépondérant et que Pierre fut porte-parole (Actes 2:14 , 37-38 ; 3:1-4, 11 ; 4:1, 13, 19 ; 5:3, 8, 15, 29) puisque Pierre fut désigné par les apôtres formant apparemment le collège directionnel de Jérusalem comme missionnaire à Samarie avec Jean. Cette décision fut sans doute prise pour mettre sur un pied d'égalité les deux apôtres « des apôtres », rivaux au temps de Jésus. Mais alors qui furent à la tête du « pouvoir législatif et exécutif » ? Après la mort vers 44 par l'épée d'Hérode Antipas de Jacques, frère de Jean, (et fils de Zébédée et de Salomé) selon Actes 12 : 1-2, ce fut le Jacques, frère de Marie et demi-frère de Jésus qui fut à la tête de la chambre haute de Jérusalem selon le verset 17 du même livre et Paul dans sa Lettre aux Galates 2 : 9 précise bien (c'est vrai que c'est compliqué) : « Jacques et Céphas et Jean, ceux qui paraissaient des colonnes », mais en 1:18-19 et 2 : 11-14 pour ne prendre que ces exemples, Jacques est l'apôtre référent. De quels apôtres était constitué la congrégation centrale de Jérusalem ? Des douze, moins Judas l'Iscariote qui a livré Jésus-Christ et s'est pendu ensuite, et comme il devait y avoir douze apôtres, on en désigna un douzième : Matthias (forme abrégée de l'hébreu Matthitia comme Matthieu et signifiant :« Don de Yahwé. » ) Comment procéda t-on ? Par sort jeté (comme le fit le prêtre Zacharia pour Marie). Après l' « Ascension » de Jésus-Christ, Pierre prit la parole devant 120 personnes présentes à la Pentecôte. Voyons ce qu'il dit en Actes 1 :15-26:

 

«Or, en ces jours-là, Pierre se leva au milieu des frères et dit (la foule des personnes était en tout d’environ cent vingt) :“ Hommes, frères, il fallait que s’accomplisse [cette parole de] l’Écriture, que l’esprit saint avait dite d’avance par la bouche de David au sujet de Judas, qui est devenu le guide de ceux qui ont arrêté Jésus, parce qu’il avait été compté parmi nous et qu’il avait obtenu part à ce ministère. (Ce même [homme] donc a acheté un champ avec le salaire de l’injustice, et tombant la tête la première, il s’est ouvert bruyamment par le milieu et tous ses intestins se sont répandus. Et la chose a été connue de tous les habitants de Jérusalem, si bien que ce champ a été appelé dans leur langue : Akeldama, c’est-à-dire Champ du Sang.) Car il est écrit dans le livre des Psaumes : ‘ Que son gîte soit désolé, et qu’il ne s’y trouve pas d’habitant ’, et : ‘ Sa fonction de surveillance, qu’un autre la prenne. ’ Il faut donc que d’entre les hommes qui se sont réunis avec nous pendant tout le temps où le Seigneur Jésus entrait et sortait parmi nous, en commençant à son baptême par Jean jusqu’au jour où il a été enlevé d’auprès de nous, un de ces hommes devienne avec nous un témoin de sa résurrection. ”

 

« Alors ils en présentèrent deux : Joseph appelé Barsabbas, qui était surnommé Justus, et Matthias. Et ils prièrent et dirent : “ Toi, ô Jéhovah, qui connais le cœur de tous, désigne lequel de ces deux hommes tu as choisi pour prendre la place de ce ministère et apostolat, dont Judas a dévié pour s’en aller en son propre lieu. ” Ils jetèrent alors les sorts pour eux, et le sort tomba sur Matthias ; et il fut compté avec les onze apôtres. »

 

 […] »

 

Pierre se fait interprète de l'écriture hébraïque à l'endroit précis des Psaumes 41:9 et 109 :8, ce qui montre qu'il connaissait les Écritures comme sa poche. Il n'avait pas besoin non plus de l'appui de l'Évangile de Luc, non encore écrit, pour savoir que le Seigneur en avait désigné «soixante dix autres – disciples ou évangélisateurs – (Luc 10:1), et que Matthias en faisait partie et se distinguait même par son assidu service de trois ans et demi tout durant le ministère de Jésus-Christ.

 

De même qu'on peut dire qu'il y avait des « apôtres des apôtres » au sein de la grande Eglise (bientôt schistique par Paul), on peut dire qu'il y a « des enquêtes des enquêtes » au sein de ma grande Enquête . Il est clair qu'on ne peut parler des Évangiles sans parler des écrits qui les ont précédé et qui sont à l'origine du Christianisme.

 

Mais continuons d'éplucher le texte de Muratori :

 

Après ou plutôt durant le « jeûne de décision » (ont-ils tiré le sort?), il est dit que : « la même nuit, il fut révélé à André (je souligne), l’un des apôtres, que Jean, avec l’assentiment de tous, en leur nom décrirait toutes choses » (1) ou « que Jean devait tout écrire en son nom propre avec le visa de tous » ( pour la fin du 2 parallèle)

 

Aussi j'ai encore fait mon enquête sur cet apôtre que je connais moins que d'autres. Ainsi j'ai trouvé ceci  qui fait figure de biographie succinte tenant sur une page:

 

André (nom venant de la racine grec « homme mâle » et pouvant signifier « viril ») était un frère de l'apôtre Simon Pierre (Matthieu 4 : 18), fils du Yona ou Jean cité en 16:17 du même évangile. Originaire de Bethsaïda (Jean 1:44), il vivait à Capernaüm avec son frère en tant que pêcheurs (Mat 4 : 13, 18; Marc 1:16) et en association avec Jacques et Jean (Luc  5 : 10), cela avant de devenir « pêcheurs d'hommes » (Marc 1 : 17, Mat 5 : 19 ; – Luc 5 : 10 : « À partir de maintenant ce sont des hommes que tu prendras vivants ») En Marc 1 : 29 , il est dit que Jacques et Jean allèrent dans la maison de Simon et André. On apprend par l'évangile de Jean (1 : 35-40) qu'André avait d'abord été disciple de Jean le baptiseur. Simon et Pierre avaient. Par le même en 1 : 41-42 auquel fait écho Mat 10 : 2, on sait que ce fut par son entremise que Simon Pierre suivit à son tour Jésus-Christ qui lui dit : « Tu es Simon, le fils de Jean ; tu seras appelé Céphas (ce qui se traduit : Pierre) » Ce ne fut donc qu'après l'arrestation de Jean le baptiseur , entre six mois et un an plus tard, que Jésus invita André, Simon, Jacques et Jean à laisser leurs filets définitivement pour devenir « pêcheurs d'hommes » (voir références plus haut), et plus tard ils devinrent apôtres. Dans la liste des apôtres donnée uniquement par les évangiles « synoptiques », André figure toujours dans les quatre premiers ( deuxième dans Luc 6 :14 et Matthieu 10 : 2, troisième dans Marc 3 :17 ) . On le retrouve beaucoup plus tard grâce à Jean nous apprenant qu'André fut celui qui fut à l'origine d'un miracle de Jésus-Christ en disant : «  Il y a ici un petit garçon qui a cinq pains d'orge et deux petits poissons. Mais qu'est-ce que cela pour tant de monde ? » L'évangile de Jean en 10 : 20-22 nous fait part aussi que six jours avant la dernière Pâque, un grec demandant à Philippe où il pouvait trouver Jésus ne le put que via André. Au mont des Oliviers, il est avec les trois autres cités souvent avec lui et demande avec eux : « Quand ces choses auront-elles lieu » (évocation de la chute de Jérusalem). Il est par Luc dans Actes 1:13 pour la dernière fois nommé peu après l'ascension de Jésus-Christ dont il avait été « témoin ».

 

The rest is silence pour le retrouver dans le document de Muratori... Cela ne veut pas dire qu'il avait débarrassé le plancher. Jacques mort vers 44 était-il son ami en particulier, et fut-il affecté de cette mort au point de s'effacer ? Faisait-il partie aux côtés de Jacques fils de Joseph et Marie et demi-frère de Jésus des apôtres de la congrégation chrétienne de Jérusalem (Actes 12:17 : « Annoncez ces choses à Jacques et aux frères. ») ? Force est de constater que dans les faits rapportés, contrairement à son frère Pierre qui tient une place centrale dans toute l'évangélisation consignée dans les Actes (peut-être là est la réponse...), André devient nominativement inconnu du bataillon.

 

Donc, ici, dans le texte de Muratori, c'est André qui eut la révélation que Jean devait écrire l'évangile en son nom propre. Notre document suggère que cette décision révélée dans Muratori fut prise lors un « Conseil » . Où put-il avoir lieu ailleurs qu'à Jérusalem ?

 

Après avoir exposé un à un les évangiles canonisés dans un ordre voulu, le texte parle de la cohérence du tout, avec une seule grande variant qui demandera élucidation (partie soulignée); mais pour voir plus clair, je vais commencer par faire suivre les deux traductions pour chaque partie du texte afin de mettre en évidence leur similitudes et différences:

 

« C’est pourquoi (1) Et par conséquent (2), alors que divers sont les principes enseignés par chacun des livres des Évangiles (1), quoique chaque livre des Évangiles enseigne autrement les premiers faits (2) ils ne diffèrent en rien pour la foi des croyants, (1) la foi des croyants n’y fait aucune différence (2) puisque c’est par un esprit unique et principal que toutes choses sont déclarées (1), puisque c’est un même esprit souverain qui expose toute chose dans chacun d’eux (2) sur la nativité, la passion, la résurrection, la conversation avec ses disciples et sa venue géminée, la première, méprisée, en humilité, qui a eu lieu, la seconde, glorieuse, avec la puissance royale, qui aura lieu (1) sur la nativité, la passion, la résurrection, la conversation avec ses disciples et son double avènement, méprisé qu’il fut au premier dans un état de bassesse, revêtu de la puissance royale au second, glorieux, encore attendu. »

 

Dans la première traduction du passage souligné, le mot « principe » me semble guère approprié et faire contresens. Il me semble une maladresse. Est-ce que divers sont les principes ? Tout dépend comment on le traduit, mais il me paraît plus vrai – et peut-être est-ce cela que 1 veut dire – ce qui est traduit en 2: « quoique chaque livre des Évangiles enseigne autrement les premiers faits. Donc : de manière différente. Mais le fond et l'esprit est globalement identique. Il n'y a au fond qu'une Bonne Nouvelle, qu'un Évangile exprimé différemment.

 

C'est Jean qui vient appuyer cette concordance harmonique :

 

« Quoi d’étonnant, si Jean profère avec tant de constancechacune de ces choses dans ses lettres, disant de lui-même: " Ce que nous avons vu de nos yeux, et avons entendu de nos oreilles, et que nos mains ont palpé, ces choses nous vous les avons écrites. " Ainsi, en effet, il ne se confesse pas seulement voyant et auditeur, mais aussi écrivain, dans l’ordre, de toutes les choses merveilleuses du Seigneur.(1)

 

« Qu’y a-t-il donc d’étonnant à ce que Jean affirme si fermementchaque chose aussi dans ses épîtres, disant en parlant de lui:   "  Ce que nous avons vu de nos yeux et entendus de nos oreilles, et que nos mains ont touché, voilà ce que nous vous avons écrit "? Car de cette façon il se donne non seulement comme ayant vu et aussi entendu maisencore ayant écrit tous les actes admirables du Seigneur selon leur ordre. » (2)

 

La citation de l'auteur du texte de Muratori provient non pas de l'Évangile de Jean mais du premier verset de sa Première lettre. Je lis : « Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché, concernant la parole de vie. »

 

Tiens il tronque le début et greffe une fin ! En fait, pour le début, l'auteur choisit la partie qui l'intéresse – de la même façon qu'on procède, mais la fin l'invente t-il ? Non le mot « greffe » n'était pas fortuit. Comme Jean finit un peu « en couille » – ce que je veux dire, c'est qu'on peut s'attendre à une suite – l'auteur du texte de Muratori dut chercher un verset qui en ferait la clôture et qui harmoniserait la pensée professée. Or, Jean lui-même la fournit plus loin dans sa lettre en 3:26 : « Je vous ai écrit ces choses au sujet... » D'ailleurs, il utilise la même formule, à quelque variante près,  comme leitmotiv. Mes petits enfants, je vous écris ces choses (2:1) Bien-aimés, ce n'est pas un commandement nouveau que je vous écris […] Toutefois c'est un commandement nouveau que je vous écris ( 2:7-8) Je vous écris, pères, parce que... je vous écris, jeunes gens, parce que... Je vous écris, petits enfants, parce que... (2:13) Je vous ait écrit, pères, parce que... Je vous ai écrit, jeunes gens, parce que (2:14) Je vous ai écrit non que vous ne connaissiez pas la vérité, mais parce que vous la connaissez (3 : 21) ; je vous ai écrit ces choses afin que vous sachiez que vous avez la vie éternelle, vous qui croyez au nom du fils de Dieu. (5:13)

 

Donc l'auteur avait le choix entre 5 : 13 et 3:26 ! Il n'invente rien, il greffe. Jean l'y encourageait tellement par son martelage de je vous écris ou je vous ai écrit. Mais, au fait, pourquoi passe t-il du présent au passé composé ? Pour la raison simple que il est là en train d'écrire une lettre, mais que dans celle-ci il évoque un précédant écrit qui n'est autre que son Évangile ! « La nouvelle que nous avez apprise de lui, et que nous vous annonçons [...] » , écrit-il. Lorsqu'il dit : « Je vous écris, pères, parce que vous avez connu celui qui est dès le commencement, c'est aux apôtres « témoins » qu'il s'adresse, ceux-là même qui lui ont demandé un Évangile écrit. Et il répète deux fois la même chose à quatre lignes d'intervalle. 

 

(Entre parenthèse, il faut distinguer deux choses : lorsqu'il dit «la nouvelle que nous avons apprise de lui » (1:5), il s'agit de l'Évangile oral de Jésus-Christ, la Bonne Nouvelle : « Le Royaume de Dieu est proche » ; quand il dit « je vous ai écrit » il fait référence à L'Évangile écrit dont il est l'auteur)

 

Les « jeunes gens », c'est la relève, les nouveaux disciples, ceux qui ont « vaincu » ou qui sont amenés lutter pour vaincre le malin que symbolise l'antéchrist dont il parle plus loin, avec ses hérétiques : antéchrist est un terme sans doute né en la connaissance de ceux qui ne reconnaissaient pas Le Christ incarné en Jésus. L'antéchrist qui « vient » (qui est là depuis un moment, en fait), c'est l'ensemble de ceux qui renient le Christ ou persécutent ses disciples ; les « plusieurs antéchrist » qu'il y a « maintenant », ce sont des personnes individuelles incarnant l'antéchrist, en particulier, on peut citer des hommes tels que Simon le Magicien ; mais aussi avant lui Simon et Dosithée.

 

Là, veuillez pardonner encore une digression :

 

Dosithée,  ce dernier chef religieux samaritain qui aurait connu Jean le Baptiste et s'appliquait à lui-même les prophéties d'annonce d'un Messie à l'instar de son contemporain Jésus-Christ, fonda à Samarie une secte supposée gnostique qui, observant la circoncision, jeûnant et recommandant la virginité, aurait été le maître de Simon le magicien ainsi qu'écrit un texte gnostique retrouvé à Nag-Hammadi : les Trois stèles de Seth. Si ce texte est bien de lui, donc du Ier siècle et non un de ses successeurs du IIIème siècle, on pourrait faire un rapprochement intéressant avec l'Évangile de Jean réputé pour partager certains thèmes avec les gnostiques. Est-ce aussi un hasard si ce Dosithée est estimé par certains comme l'un des fondateurs du mandéisme encore marginalement existant en Irak et en Syrie ? Or le mandéisme (mandéen: מנדעיותא‎ mandaʻiūtā ; arabe: مندائية‎ mandā'iyyah ; farsi مندائیان‎ mandå'iyyån) est une religion baptiste, monothéiste et gnostique opposant suivant la vision dualiste « monde d'en haut » et le « monde d'en bas », le « lieu de la lumière » et le « lieu des ténèbres ». Ce qui n'empêche Dieu d'intervenir par la création (comme dans les récits bibliques) poursuivie par la permanente action de la Divinité et sa révélation par l'«Envoyé céleste » ;– et Jean le Baptiste est cet envoyé vénéré au-dessus des autres dont ils se revendiquent : Adam, Abel, Seth, Noé, Shem, Aram – et leur principal prophète au détriment de Jésus-Christ, usurpateur comme Mahomet et à la différence des nazôréens qu'on leur rapproche mais qui reconnaissaient Jésus comme Messie. Les spécialistes de l'analyse des premiers textes chrétiens (« Nouveau Testament) ont détectés d'ailleurs dans ces textes le fait que tous les partisans de Jean-Baptiste ne se sont pas ralliés à Jésus-Christ. « Les nasôréens » (nasôrayya), - distincts des « nasaréens » et peut-être des nazoraios désignant les membres du mouvement créé par Jésus/Îsa arabe ʿīsā, عيسى, Jésus selon le terme grec ) – fut peut-être le nom donné aux disciples de Jean le Baptiste. le mot nasôrayya utilisé dans les Écritures mandéennes rédigées dans un dialecte araméen oriental pourrait signifier « mainteneurs », « fidèles ». L'hérésiologue Epiphane de Salamine (IVème siècle) « mentionne les nasaréens dans sa liste des « sectes » juives pré-chrétiennes » comme le remarqua André Paul.

 

Quoi qu'il en soit (car on peut nous égarer à suivre les pas de chameaux traçant  sur le sable: « naziréens », « nasaréens » , puis « sabéens », « osséens », « ébionites », etc.), c'est aux mandéens que nous nous intéressons en particulier, – l'araméen manda signifiant la gnose (grec gnosis : « connaissance »).Ces dénominations et l'ancienneté de leur existence suggèrent que les mandéens pourraient bien être le seul mouvement religieux survivant depuis l'Antiquité à s'identifier explicitement avec les Gnostiques ceux-ci ayant été initialement des judaïstes hétérodoxes, par la suite hellénisés, puis christianisés. L'existence d'un gnosticisme judaïque pré-chrétien déjà bien admise est attestée par les manustrits dit « de la mer Morte » découverts à Qumrân. Avant, ce gnosticisme se répérait surtout dans la littérature judéo-grecque ou dans les œuvres apocalyptiques, principalement apocryphes.

 

Apo-apo... est-ce apodictique, apologétique, apophantique, apostolique ? Pourvu que ce ne soit pas apoplectique et aporétique, que... Ceci est une aposiopèse. A posteriori il n'y a là-dedans nul apoastre, nul lien avec les apocynacées. Est-ce un essai apode. Si vous voulez, j'arrête. J'arrête est une apodose. Allez-vous m'aposter comme un apostat ? Je vous assure que c'est apolitique, mais pas apogame pour autant au contraire de l'apomixie. Je suis peut-être apomorphe. C'est sûr que je ne suis pas apollinien. Je cherche l'aponévrose apophysaire. Pas l'apoplexie. Savez-vous, nous sommes tous sujets à l'apoptose ? Faut-il que je fasse une apostille à mon sain délire ? Peut-être serait-il salutaire de faire appel aux apothécies, aux apothèmes, aux apoenzymes ou à l'apolipoprotéine ! Cela sonne l'apogée, c'est une apothéose ! Eh ! (ceci est une apostrophe)T'as fini ton cirque anti-essai ? C'est un compte d'apothicaire ! Tenez au secret que je suis un Apollon...

 

Je viens de boire une bière d'Abbaye d'origine abidjanne mais brassée en Belgique ; cela me rapproche considérablement de Jean le Baptiste l'hérétique essennien, n'est- ce pas ? Mais je ne sais pas ce que ça va donner, la suite. Vais-je vomir tout mon soul ? ai-je écrit avant la logorrhée ci-dessus...

 

Oui, et combien de cette langue vivante connaissez-vous de termes cités ? Guère plus que moi, je parie. Et je vous ai fait grâce des APO-sigles et des APO-codes ! Tous ces diminutifs vont-ils diminuer pour autant la valeur de mon essai ?

 

Heureusement que Jean cultive l'humour !

 

Je poursuis.

 

Nous sommes toujours, à ce que je sache, dans cette partie sérieusement intitulée « Le texte canonisateur de Muratori ».

 

Il faut que je tienne le cap. Sinon, on va vraiment se planter (on en est capable).

 

J'étais dans la Première lettre de Jean, quand les « hérétiques » m'ont fait bifurqué au sein de leur « babylone ».

 

J'allais parler des petits enfants. Vous vous rappelez, trois pages plus haut je parlais des « je vous écris, pères », je vous « écris jeunes hommes », et le troisième j-v-é s'adressait aux petits enfants.

 

Les petits enfants ne sont pas tant des enfants (bien que les communautés chrétiennes ne devaient pas en manquer) que des nouveaux disciples auxquels notre Jean montre toute son affection. Par ailleurs, c'est Jean qui a « inventé », si ce n'est une parole « secrète » de Jésus-Christ, l'expression « enfants de Dieu » qu'on trouve une première fois dans son Évangile (1 : 12), qu'il reprend dans sa première lettre (5:2) et qui fera fortune auprès de Paul dans sa Lettre aux Romains (8:16). C'est donc aussi aux «Enfants de Dieu » « qui ont connu le Père », que Jean dit en 2:18-19 :

 

«Petits enfants, c’est la dernière heure, et, tout comme vous avez entendu dire que [l’]antichrist vient, dès maintenant beaucoup d’antichrists ont paru ; d’où nous pouvons savoir que c’est la dernière heure. Ils sont sortis de chez nous, mais ils n’étaient pas de notre genre ; car s’ils avaient été de notre genre, ils seraient demeurés avec nous. Mais [ils sont sortis] pour qu’il soit mis en évidence que tous ne sont pas de notre genre.Et vous avez une onction [qui vient] du saint ; tous, vous avez la connaissance. Je vous écris, non parce que vous ne connaissez pas la vérité, mais parce que vous la connaissez, et parce qu’aucun mensonge ne vient de la vérité.  Qui est le menteur, sinon celui qui nie que Jésus est le Christ ? Voilà l’antichrist, celui qui nie le Père et le Fils. Tout homme qui nie le Fils n’a pas non plus le Père. Celui qui confesse le Fils a aussi le Père.»

 

« D'où nous pouvons voir que c'est la dernière heure » annonce l'eschatologie qui sera l'essence de sa livre Révélation (traditionnellement, mais faussement appelé Apocalypse donnant une idée de catastrophe alors qu'étymologiquement, le mot « apocalypse » est la transcription du grec ἀποκάλυψις / apokálupsis signifiant « dévoilement » ou, sous un aspect religieux, « révélation » nous dit l'excellente encyclopédie en ligne Wikipédia à laquelle j'ai pioché beaucoup, et c'est là l'occasion de saluer le travail des ses auteurs. Enfin, je peux citer aussi mon Larousse sur mes genoux : «Apocalypse. 2. écrit relatif aux mystères de la fin des temps dans le judaïsme et le christianisme. Le mot barbare (comme la plupart de ceux cités plus haut), le mot eschatologie (« dernier discours ») se rapporte aux « Apocalypses » : ensemble de doctrines et de croyances portant sur le sort ultime de l'homme (eschatologie individuelle) et de l'univers (eschatologie u...) selon encore mon Larousse qui semble à sa fin de vie, coupé en deux, feuilles volantes...

 

Pour revenir à notre texte de Muratori (Ah ! Enfin!), on peut conclure que la Première lettre de Jean fut écrite après l'Évangile selon lui-même. Quand ? Nous aurons peut-être la réponse plus tard. Continuons de lire pour le moment le texte de canonisation :

 

D’autre part (1) Mais (2), les actes de tous les apôtres ont été écrits en un seul livre (1 et 2). Luc, à l’excellent Thèophile, fait comprendre que chacune de ces choses se passait en sa présence (1) / Luc fait entendre à l’excellent Théophile que toutes choses s’étaient passées de son temps (2); il parle évidemment de la passion, laissée de coté, de Pierre, mais aussi de Paul partant de la ville pour l’Espagne (1) et il le montre évidemment en laissant de côté la passion de Pierre et aussi le départ de Paul quittant la ville pour l’Espagne (2).

 

Le livre de Luc intitulé Actes des Apôtres faisant suite à son Évangile (selon Luc) couvre 28 années mouvementées et passionnantes voyant le christianisme se répandre dans tout le bassin méditérranéen. Il débute avec l'ascension de Jésus-Christ vers l'an 33 – assurant ainsi le lien à l'Évangile (au sens large) – et se clôt avec la deuxième année d'emprisonnement de Paul vers 61. Les empereurs Tibère, Caligula, Claude et Néron furent les « fantômes » contextuels de ces débuts fulgurants. Logiquement, le livre ne peut dater d'avant 61. Écrit après 64, Luc n'aurait pas manqué d'évoquer les fosses aux lions de Néron avec les chrétiens pour pâture (Là, point de Daniel...) Rédigé après 70, il aurait par force événementielle évoqué la destruction de Jérusalem où les apôtres se rendirent plusieurs fois. Il faut donc raisonnablement envisager 62-63 comme date de rédaction.

 

Luc est le seul écrivain des écritures grecques chrétiennes à dédier ses récits. Il est l'auteur le plus littéraire qui soit. Il n'a écrit aucune lettre en son nom, mais ses deux écrits, on pourrait les faire suivre et y écrire en frontispice : « Oeuvres complètes de Luc ». Ce sont des récits qu'on peut qualifier d'épistolaires. On peut imaginer que s'il avait été l'unique auteur de toute la Bible canonique, il aurait commencé un peu comme il le fit avec son Évangile et ses Actes des Apôtres. Il aurait écrit soit dans le style :

 

« Puisque beaucoup ont entrepris de rédiger un exposé des faits auxquels on ajoute pleinement foi parmi nous, tels que nous les ont transmis ceux qui, dès [le] commencement, sont devenus témoins oculaires et serviteurs du message, j’ai décidé, moi aussi, parce que j’ai recherché toutes choses avec exactitude depuis le début, de te les écrire dans un ordre logique, très excellent Théophile, pour que tu connaisses pleinement la certitude des choses qu’on t’a enseignées de vive voix. 

 

« Aux jours d’Hérode, roi de Judée, il y avait un certain prêtre nommé Zekaria de la division d’Abiya, et il avait une femme d’entre les filles d’Aaron, et son nom c’était Élisabeth. » , etc.

 

Ou plus proche de cette manière :

 

Le premier récit, ô Théophile, je l’ai composé sur toutes les choses que Jésus a commencé à faire et à enseigner, jusqu’au jour où il a été enlevé, après avoir donné ordre par [l’]esprit saint aux apôtres qu’il avait choisis. À ceux-là aussi, par de nombreuses preuves certaines, il s’est montré vivant après avoir souffert, étant vu par eux pendant quarante jours et parlant des choses concernant le royaume de Dieu.Et tandis qu’il se trouvait avec eux, il leur donna cet ordre : “ Ne vous éloignez pas de Jérusalem, mais continuez d’attendre ce que le Père a promis, ce que vous avez entendu de moi ; parce que Jean a bien baptisé avec de l’eau, mais vous, vous serez baptisés dans de l’esprit saint d’ici peu de jours. ”

 

Or, quand ils se furent réunis, ils se mirent à lui demander : “ Seigneur, est-ce en ce temps-ci que tu rétablis le royaume pour Israël ? ” », etc.

 

La Bible entière aurait été épistolaire :

 

Puisque tu m'as demandé, bien-aimé Théophile, de te raconter la Création de la Terre et des Cieux, et les premiers pas des hommes sur la Terre et de notre peuple, j’ai décidé, parce que j’ai recherché toutes choses avec exactitude depuis le début, de te les transmettre par la plume dans leur ordre chronologique, très excellent Théophile, pour que tu connaisses pleinement toutes les choses certaines que tu as entendu.

 

Dans le principe du commencement, Dieu créa les cieux et la terre.

 

Or, la terre était informe et déserte... », etc.

 

Puisque tu me demandes, lecteur, de revenir au coeur du sujet, je vais te satisfaire.

 

Grâce à Luc on sait que Pierre se rétablit de son triple reniement marqué par les trois cocorico (Luc 24:28) Pierre dans les Actes a repris pleinement du poil de la bête ; il en est l'un des principaux moteurs. D'abord par son discours à la Pentecôte où il impose son autorité, renforcée par les premières guérisons de sa main, sa liberté face au Sanhédrin et sa libération de prison avec Jean (Actes 4:1-21). Il présidera l'Assemblée de Jérusalem, mais pour peu de temps: une trop grande dureté et enflammement envers un certain Ananias coûte une crise cardiaque à celui-ci, et sa femme Saphira entrant, il surenchérit, et la voilà elle aussi prise d'un arrêt cardiaque (Act 5:1-11). Malgré toutes ses guérisons, il commence à inquiéter. Pierre avait manifestation pris « la grosse tête », été sujet d'inflation en termes psychanalytiques : il sera remis à une place moins périlleuse pour un homme de cette trempe, l'assemblée des « 12 » ayant pris la relève (Act 6:2). Pierre devient un caïd de l'évangélisation, on le retrouve souvent avec Jean avec qui il est missionné à Samarie. C'est lui qui convertit les premiers incirconcis (le romain Corneille et sa famille), ce qui lui vaudra des reproches des 12 de Jérusalem (il faut penser alors que sa démission avait fait mettre un autre à sa place), mais Pierre défendit avec brio la bonne cause (Actes 10 : 1-11, 18). Dans cet intervalle de trois ans, un homme nommé Saul de Tarse avait laissé le chrétien Etienne être lapidé et se décidait à persécuter son engeance, à enchaîner les chrétiens de Damas et les ramenés enchaînés à Jérusalem. On connaît la suite : sur la route de Damas, il est aveuglé par la présence de Jésus-Christ qui lui parle, et c'est la conversion. Le retournement.

 

Citons ce passage «obligé » :

 

 « Mais Saul, respirant encore menace et meurtre contre les disciples du Seigneur, se rendit chez le grand prêtre et lui demanda des lettres pour les synagogues de Damas, afin qu’il puisse amener liés à Jérusalem tous ceux des membres de La Voie qu’il trouverait, hommes et femmes.

 

 «Or comme il faisait route, il approchait de Damas, quand soudain une lumière venant du ciel brilla autour de lui, et il tomba à terre et entendit une voix qui lui disait : “ Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? ” Il dit : “ Qui es-tu, Seigneur ? ” Il dit : “ Je suis Jésus, que tu persécutes. Toutefois, lève-toi et entre dans la ville, et on te dira ce que tu dois faire. ”Or les hommes qui faisaient route avec lui se tenaient là, tout interdits : ils entendaient bien le son d’une voix, mais ne voyaient personne. Mais Saul se releva de terre et, bien qu’il eût les yeux ouverts, il ne voyait rien. Ils le conduisirent donc par la main et le menèrent à Damas.Et pendant trois jours il ne vit rien, et il ne mangea ni ne but. »

 

Je ne suis pas « grèciste », mais je trouve fort intéressant le terme «Voie » (tês hodou) qui est utilisé au sens figuré, alors que la « route » plus haut doit être le même terme au sens propre (à vérifier).

 

Bref, Saul de Tarse devenu Paul Pas-de-la-farce mettra plenus potentia son ardeur mégalomaniaque au service de Dieu et de son Fils rédempteur en devenant vers 36 un chrétien de première importance. Mais laissons-le parler, car ce n'est pas Luc ici qui témoigne, mais Paul dans sa Lettre aux Galates :

 

 «Vous avez, en effet, entendu parler de ma conduite autrefois dans le judaïsme, [et vous savez] que c’est jusqu’à l’excès que j’ai continué à persécuter la congrégation de Dieu et à la dévaster, et que je faisais de plus grands progrès dans le judaïsme que beaucoup de ceux de mon âge [et] de ma race, parce que j’étais bien plus zélé pour les traditions de mes pères. Mais quand Dieu, qui m’a séparé de la matrice de ma mère et [m’]a appelé par sa faveur imméritée, a jugé bon de révéler son Fils à mon sujet, pour que j’annonce aux nations la bonne nouvelle le concernant, je n’ai pas aussitôt consulté la chair et le sang. Je ne suis pas non plus monté à Jérusalem vers ceux qui étaient apôtres avant moi, mais je suis parti pour l’Arabie, et je suis revenu de nouveau à Damas.

 

 « Puis, trois ans plus tard, je suis monté à Jérusalem pour rendre visite à Céphas, et je suis resté avec lui quinze jours. Mais je n’ai vu aucun autre des apôtres, seulement Jacques le frère du Seigneur. Or, quant aux choses que je vous écris, voyez, en présence de Dieu, je ne mens pas.

 

«Après cela je suis allé dans les régions de Syrie et de Cilicie. Mais j’étais inconnu de visage pour les congrégations de Judée qui sont en union avec Christ ; elles entendaient seulement dire : “ L’homme qui autrefois nous persécutait annonce maintenant la bonne nouvelle concernant la foi qu’autrefois il dévastait. ” Et elles glorifiaient Dieu à cause de moi.»

 



 

Voilà qui est bien beau, Paul, mais on n'avance guère dans la bonne nouvelle de Muratori !

 

Je vais faire donc impasse sur les autres principaux personnages de Actes : Barnabé (ou Barnabas, appelé aussi Joseph), celui qui faillit être le douzième apôtre ; Jacques le Juste, dit le frère du Seigneur (on l'a déjà pas mal évoqué), et Luc (Actes 11:28 ; 16.10-17; 20.5-15; 21.1-18; 27.1-28.16 ; voir aussi Romains 16:21).

 

Par parenthèse, il y a peu à parier que le Lucius ou Loukios de Cyrène (13 : 1) soit Luc ; à moins qu'il ait voulu dans son Livre des Actes donner un extrait d'acte de naissance pour la première fois avant qu'il se taise... Par ailleurs, tout ses confrères devaient connaître son origine. Il est plus probable qu'il latinise le nom d'un homme portant le sien dont la racine est « lumière », « illumination » (on pense à luciole...), d'autant plus que deux chapitres plus haut, il est dit : « Il y eut quelques hommes de Chypre et de Cyrène qui vinrent à Antioche et s'adressèrent aux gens parlant grec, annonçant la bonne nouvelle du Seigneur » (11:20)

 

Je ne développerai pas sur Marc ou Jean qui fut compagnon de Barnabas à Chypre, cité trois fois dans les Actes. Seulement une petite friandise : Marc (Marcus) veut dire : «consacré au dieu Mars » et Jean « Yahwe a témoigné de sa faveur » ou « « Yahwe a été compatissant »...

 

Retour à Muratori.

 

Quand il est noté que «Luc fait entendre ou comprendre à l'excellent Théophile que toutes choses s'étaient passé de son temps », il y a d'abord une reprise de dédicace de son excellent Évangile ; ensuite il est fait allusion au « nous » dans lequel l'écrivain se cache en écrivant, mais qui n'en fait pas moins un témoin des évènements qu'il rapporte. Ma formule se rapportant à Pierre est vague et maladroite : je crois comprendre que la « passion » – dont les évènements rapportés ne manquent pas – que cette passion « laissée par Pierre » évoque les passages « cardiaques » ; pour l'Espagne, il fait allusion aux paroles de Paul disant : « lorsque je me rendrai en Espagne – , j'espère avant tout, quand je serai en route [pour ce pays], vous voir et y être escorté un bout de chemin par vous , une fois que je me serai d'abord rassasié dans une certaine mesure de votre compagnie. Mais maintenant je vais à Jérusalem pour servir les saints » Sauf qu'on ne trouve aucune Espagne en Actes, mais dans la Lettre aux Romains « écrite » par Paul sous la dictée de son secrétaire Tertius («Troisième ») qu'il nomme et lequel ajoute ses salutations. Plus important est cette erreur commise par l'auteur du texte de « Muratori » (mais n'avais-je pas dit que je l'appelerai « texte de Pie » ?

 

C'est un peu comme Paul : il a dit « je me rendrai en Espagne» (pas au conditionnel), et on ne sait pas si il aborda le pays pour s'y faire les cornes...

 

Pour répondre au mystère de l'erreur, il y a eu seulement peut-être confusion. Moi-même, j'ai cherché l'Espagne dans les Actes... C'est qu'on ne s'attend pas à trouver un tel renseignement hors-pair et propre à faire rêver en dehors du « livre des voyages » quand la Lettre aux Romains n'est qu'exhortations, remontrances, discours moraux, théologiques ou idéologique, recommandations, et même confessions, questionnements, justifications, estimations, félicitations, citations, bref une sorte de compendium des lettres chrétiennes, celle de Paul, un « esclave de Jésus-Christ » (1, 1)

 



 

De ma « pièce à conviction », continuons la lecture :

 

« D’autre part, les lettres de Paul (1), Quant aux épîtres de Paul, (2) qui déclarent elles-mêmes, pour ceux qui voulaient comprendre, de quel lieu et pour quel motif elles ont été envoyées. (1) quelles elles sont, de quel lieu ou pourquoi elles ont été adressées, elles-mêmes le font connaître à ceux qui veulent bien l’entendre. (2)»

 

Cela est vrai, toutes sont adressées expressément à une congrégation établie en une ville du bassin méditérranéen. Mais la suite nous les nomme :

 

« Tout d’abord aux Corinthiens pour leur interdire le schisme de l’hérésie et ensuite aux Galates la circoncision. Il a écrit plus longuement aux Romains pour leur inculquer quel est le rang des Écritures, et comment le Christ en est le principe. » (2)

 

Là, je préviens mes lecteurs qu'outre les renseignements sur les villes ou régions affectées je vais aborder la datation des épîtres ou lettres, mais qu'elle sera appelée par la suite à être modifiée (comme celle des voyages de Paul) de manière beaucoup plus personnelle dans une partie consacrée uniquement aux lettres et à leur datation. Aussi ce travail, je le conserve, comme premier état de mes recherches, mais le lecteur non spécialiste – j'allais dire « néophyte », terme originellement appliqué aux païens nouvellement convertis au christianisme primitif – peut sans sinistre lire ces pages en diagonale. Car si la recherche est passionnante, il faut reconnaître que son produit écrit peut être relativement rébarbatif et ennuyeux.

 

J'indique enfin que je préfère en général le terme « lettre » à « épître » de connotation certe théologique comme elles le sont de nature, mais je veux insister sur leur nature « postale» : elles ont toutes été destinées à des congrégations ou à des pasteurs et étaient destinées à circuler, à être échangées, en plus d'être lues à haute voix.

 

À l'église de Corinthe, donc , Paul envoya deux lettres. La première probablement vers 55, puisqu'il évangélisa au sein de leurs synagogues lors de son deuxième voyage vers 50 et qu'au cours de son troisième voyage il avait reçut des gens de Chloé des nouvelles alarmantes de dissensions dans l'église (ou congrégation – pour moi c'est égal – les deux sont connotés...) Paul entreprit d'écrire sa première lettre d'Éphèse (16:8), et sa deuxième suivit de près, probablement vers la fin de l'été-début automne 55. Donc, la lettre « de Pie » évoque ces deux lettres liées. D'ailleurs, il n'est pas sûr que la première lettre ait été écrite en une fois et les théologiens sont partagés sur le fait qu'il y ait une ou plusieurs lettres distinctes.

 

Tenez, laissons les controverses et enquêtons un peu sur Paul et Corinthe.

 

Les Actes des Apôtres (18 :1-17), attestent que l'apôtre Paul est le fondateur de l'église de Corinthe. Lors de son deuxième voyage missionnaire, après avoir prêché à Athènes, il dût traverser par bateau les moins de 100 km le séparant de sa destination. La rencontre d'un juif nommé Aquilas et sa femme Priscille (il n'est pas précisé si elle était juive) bannis en 49-50 par Claude décrétant que tous les juifs devaient quitter Rome, sera déterminant pour le fondement de l'église auquel le couple fabricateur de tentes dû participer. Paul arriva à Corinthe vers l'automne 50 (Actes 18 : 1-2, 3) et passa dix-huit mois chez eux. Chaque sabbat, il se rend à la synagogue pour faire part aux Juifs et aux « Gentils » Grecs de sa rencontre personnelle avec Jésus-Christ, le Messie. Une bonne partie des Juifs ne supporte pas sa vision et le fait savoir durement à l'apôtre.

 

Présentons un peu Corinthe. Située face à Athènes, mais du côté du Péloponnèse, la ville comptait quelques 36000 âmes, était prospère grâce à son commerce facilité par ses deux pôles portuaires occupant la position stratégique de l'extrémité ouest de l'isthme. Sa vie culturelle et religieuse se trouvait aussi en pleine effervescence, retrouvant son état florissant du VIIème au Vème siècle avant notre ère où les jeux isthmiques étaient célébrés tous les deux ans. Aphrodite et Asclépios, dieu des guérisons faisaient partie du panthéon privilégié. Leur débauche attaquée par Paul était proverbiale : « vivre à la corinthienne ». De petits détails, notamment sur la vie quotidienne ont été illustré par les découvertes archéologiques.

 

Exemple : I Corinthiens 10 : 25 :

 

« Tout ce qui se vend au marché de la viande, continuez à le manger, sans poser de question à cause de [votre] conscience ; car “ à Yaweh appartient la terre et ce qui la remplit ” »

 

Sur l'inscription d'une boutique a été déchiffré : « macellum », terme latin équivalent au grec Makéllon (« marché de viande ») utilisé par Paul ; et mieux, on a trouvé sur une marche cette autre inscription : « Lucius, le boucher »...

 

Côté historique, le nom de Gallion et son titre de proconsul ont aussi été retrouvés (Actes 18:12-16)

 

Mais arriverons-nous à bon port ?

 

Voyons Galates et Romains.

 

La Lettre aux Galates est envoyée par l'apôtre Paul aux Églises de Galatie vers l'an 49 de notre ère, soit moins de vingt ans après la Passion du Christ. Je trouve la date 50 et 52 étayée par ces arguments : Paul laisse entendre qu'il se rendit auparavant deux fois en Galatie (G 4:13), cela corroboré par les chapitres 13 et 14 des Actes traitant d'un passage au sud de la province romaine par Paul et Barnabas datable d'environ 47-48 ; puis Paul, après le congrès sur la circoncision à Jérusalem retourne dans les galates Lystres et Derbé et autres villes où Barnabas et lui avaient « annoncé la parole de Yawhé » lors de son premier voyage (Actes 15 : 36 – 16:1) Sans doute que la lettre fut écrite après cela, soit au cours de son deuxième voyage missionnaire, soit de retour à son point de départ à Antioche de Syrie, après avoir reçut des nouvelles des « congrégations de Galatie ». Si rédigée lors de son séjour d'un an et demie à Corinthe (Ac 18 : 1-11) on peut la dater sa lettre d'automne 50 – printemps 52, à l'apoque où il écrit à Thessalonique. Cette date peut être reportée à 52 s'il l'écrivit dans sa courte halte à Ephèse ou après son retour à Antioche (Actes 18 : 22-23), mais le fait que son séjour à Ephèse fut bref, que proche alors de Galatie dont il eut écho de la déviation de ses frères, il n'aurait pas manqué d'aller les voir en personne ou aurait expliqué ce qu'il en empêchait alors, rend peu probable sa rédaction à Ephèse. Puisqu'il est précisé dans la lettre : « Je m'étonne que vous vous laissiez éloigner si vite de Celui qui vous a appelés avec la faveur imméritée de Christ pour [passer à ] une autre sorte de bonne nouvelle », on peut avancer 50 comme date de rédaction, peu de temps après la visite de Paul en 40. Même rédigée en 52 à Antioche de Syrie, la déviation aurait été rapide.

 

Cette lettre en partie autobiographique et où il se nomme plusieurs fois fut rédigée de sa « propre main » (une première!). Son style franc-direct la caractérise, faisant impasse sur ses traditionnelles salutations.

 

Outre sa présence dans le canon de Muratori, Irénée, vers 180 cite la Lettre aux Galates et l'attribue à Paul. L'hérétique Marcion la mentionne dans son canon, et même Celse y fait allusion, lui ennemi du christianisme ! D'autres la citent : Clément d'Alexandrie, Tertullien, Origène. Elle figure dans toutes les listes canoniques et dans d'autres manuscrits anciens tels le sinaiticus ou le codex Claromontanus.

 

Mais intéressons nous à la géographie et aux habitants de cette région que rencontra Paul. Située au coeur de l'actuelle Turquie, dont son plateau central arrosé par deux rivières s'étendait entre les monts Taurus au sud et celles de Paphlagonie au nord, la Galatie que connut l'apôtre avait connu vers 278-277 avant notre ère l'invasion d'indo-européens appelés Celtes ou Gaulois, venus de la Gaule nommée Galataï. Ainsi, ce furent, bien avant les irlandais les premiers celtes à avoir été christanisés. La lettre de Paul reflète nombre caractéristiques des celtes galates. Saint Patrick dut connaître les mêmes difficultés que Paul à qui les galates donnèrent bien du fil à retordre, car ils paraissent très ouverts mais aussi très versatiles (Galates 1:6), attachés aux traditions de leurs pères, facilement influençables et insensés : «qui vous a soumis à une influence mauvaise ? […] êtes-vous si insensés? » , « vous couriez bien. Qui vous a empêché de continuer ?, dit-il (3:1-3). Les versets 8 à 10 du chapitre 4 sont déséspérés, évoquent les croyances celtes et la déchirure doublée d'impuissance de Paul l'amenant à se confesser plus que de coutume:

 

« Toutefois, quand vous ne connaissiez pas Dieu, c’est alors que vous travailliez comme des esclaves pour ceux qui, par nature, ne sont pas des dieux. Mais maintenant que vous avez appris à connaître Dieu ou, plutôt, maintenant que vous êtes connus de Dieu, comment se fait-il que vous retourniez encore à ces faibles et misérables choses élémentaires et que vous vouliez encore de nouveau travailler pour elles comme des esclaves ? Vous observez scrupuleusement les jours, les mois, les époques et les années. J’ai peur pour vous que d’une manière ou d’une autre je n’aie peiné pour rien en ce qui vous concerne.

 

 «Frères, je vous en prie : Devenez comme moi, parce que moi aussi j’étais comme vous. Vous ne m’avez fait aucun tort. Mais vous savez que c’est à cause d’une maladie de ma chair que je vous ai annoncé la bonne nouvelle la première fois. »

 

Les celtes semblaient priser fort leur liberté, et Paul insiste beaucoup sur celle-ci qu'ils trouveront non en la chair, mais en l'esprit et en Christ (5:13)

 

Un des problèmes majeurs est évoqué dans sa liste des « oeuvres de la chair » : « la pratique du spiritisme » ; en fait le mot littéral et plus juste est « drogueurs » (venant de pharmakia) ou « sorciers » (pharmakios), le même mot qu'emploiera Jean dans sa Révélation. Remis dans le contexte, et en lien avec les versets plus haut, ce ne peuvent être que des druides ou apparentés, et les celtes prêtaient grande attention à leur calendrier cyclique et sacré, fêtant soltices et équinoxes entre autres.

 

Cette référence aux druides m'amène à parler du galate, hypothétique langue celtique continentale et contemporaine du gaulois. D'elle, seules quelques gloses nous sont connues ainsi que quelques brefs commentaires d'écrivains greco-latins et de noms inscrits sur pierre. Un total de 120 mots ont été répertoriés, principalement des noms de personnes se terminant par -riks qu'on peut comparer au gaulois -rix/-reix, au vieil irlandais righ, à l'irlandais , au latin rex du même mot « roi », ainsi que quelques uns se terminant par -marus, datif -mari (le gaulois -maros, le viel irlandais már / mór, l'irlandais mór, le gallois mawr et le breton meur) « grand ». mari riks : grand roi ? On dispose également de quelques noms de peuplades tels que Ambitouti (vieil irlandais imm-/umm- « environs » et tuath « tribu »).

 

Un terme lexical drunemeton trouve racine dans le gaulois nemeton « sanctuaire », vieil irlandais neimed « endroit sacré ») pourrait se traduire « sanctuaire de l'arbre » (l'Arbre du monde) selon X. Delamare. Une autre interprétation en fait un sanctuaire druidique, sachant que le premier élément est identique au gaulois "druid-" (dru-wid-) « druide ».

 

 Au IVè siècle, saint Jérôme rapporte que les Galates d'Ancyre (ancienne Ankara, capitale des Hittites anatoliens) parlent le gaulois de Trêves (Italie). Aussi, il est possible que comme eux les galates plus au sud d'Antioche de Pisidie, d'Iconium, de Lystres et de Derbé évangélisés par Paul parlaient le même dialecte.

 

 

 

Ces « bretonnants » chamailleurs et envieux les uns des autres, incarnant pour Paul les « oeuvres de la chair » et davantage encore la résistance au Christ, avec force Paul les prend à témoins de son traitement exceptionnel envers eux :

« Voyez avec quelles grandes lettres je vous ai écrit de ma propre main. » (6 : 11)

 

Il conclut énergiquement par ces deux phrases :

 

« Désormais, que personne ne me cause d’ennuis, car je porte sur mon corps les marques [d’un esclave] de Jésus.

 

 « Que la faveur imméritée de notre Seigneur Jésus Christ [soit] avec l’esprit [que] vous [manifestez], frères. Amen. »

 



 

Certes, les celtes n'étaient pas les seuls à lui causer du mal ou plutôt du tracas, car il reconnaît qu'il ne leur a fait aucun tort. Il y avait ces hommes de la communauté juive de Galatie qui se glissaient furtivement en « faux-frères » pour « espionner » leur ; « liberté » (Galates 2 : 4 en écho avec Actes 15:1). rusés, ils discréditaient Paul tandis qu'ils tentaient de forger une fusion judéo-chrétienne, de même que les galates avaient composé avec les dieux greco-romains.

 

Le récit au chapitre 14 des Actes révèle l'empreinte des dieux romains sur la population. Après une guérison miraculeuse de Paul, les foules dirent : « les dieux sont devenus semblables à des humains et sont descendus vers nous ! » Et ils appelaient Barnabas Dia (Iovem en latin), c'est à dire Jupiter ou Zeus, mais Paul Hermên (ou Mercurium) : Mercure ou Hermès. « Et le prêtre de Jupiter dont le temple était dans la ville amena taureaux et guirlandes au portes, et ils voulait, avec les foules, offrir des sacrifices. » au grand dam de Paul.


 

Enfin, malgré les difficultés à convertir les Galates, on a de Luc le témoignage que deux au moins d'entre eux devinrent zélés en Christ : un Timothée et un Gaïus. (Actes 16:1 ; 20:4). Et Pierre s'adressera entre autres à eux dans sa première lettre écrite de Babylone vers 62-64.

 

 

 

Il en va tout autrement avec les Romains auxquels Paul, au cours de son troisième voyage, envoya sa lettre vers 56 apparemment de Corinthe ou sur le chemin de retour. La communauté chrétienne se trouvait déjà bien établie, sans doute dans les années qui ont suivit la Pentecôte de l'an 33 (?) (Actes 2 ; Romains 1 : 8 ;16:7) Mais elle était partagée sur la circoncision des gentils. À l'époque où Paul écrit le décret de Claude avait été aboli par son successur Néron sur le trône depuis deux ans. Cette lettre traitait plus particulièrement des entreprises des juifs professant un christianisme judaïsant. Le but de Paul était précis : mettre fin aux divergences de vies entre chrétiens d'origine juive et gentils en les amenant à une unité complète.

 

La lettre aux Romains, la plus longue de toutes, est la pierre de touche doctrinale de la foi chrétienne par son contenu et son enseignement. Son prestige, influence et rayonnement est manifeste dans le nombre d'interprétations qu'elle a suscitée et à l'origine de divers mouvements et évolutions du monde chrétien.

 

Deux registres : circonstanciel puisque envoyée à une communauté en difficulté ; doctrinal puisque Paul expose longuement ses convictions sur le salut et la foi chrétienne.

 

Le plan de ce texte fondateur et fondamental peut paraître décousue mais répond à une logique et a un plan qu'on peut diviser en trois grandes parties contenant plusieurs sous-parties.

 



 

L'adresse et l'assertion que le salut vient de la foi et est pour tous.

 

Je pense à : « la poésie pour tous »

 

 

 

Pour l'authenticité le bibliste anglais William Paley écrivit en 1790 :

 

« Dans un véritable écrit de Saint Paul à de véritables convertis, c'est ce que le souci de les persuader produirait naturellement ; mais on trouve dans le style un empressement et une personnalité, si je peux m'exprimer ainsi, qu'une froide contrefaçon n'aurait jamais, je pense, ni conçus ni soutenus. » (Horae Paulinae, p 50)

 

From Horæ Paulinæ, j'ai trouvé ce texte in english :

 


[texte en anglais : ]

 



 

Mais filons droit sur Pia (alias « Muratori »)

 

« De chacune, (1 et 2),de ces épîtres (2) il est nécessaire pour nous de disputer, (1) nous avons à discuter (2) puisque Paul, le bienheureux apôtre, (1) puisque le bienheureux apôtre Paul lui-même, (2) suivant l’ordre de son prédécesseur Jean, (1) suivant la manière de son prédécesseur Jean (2) n’écrit nominativement qu’à sept Églises , sous cet ordre: (1) n’a écrit sous leur nom propre qu’à sept Églises, selon cet ordre: (2) aux Corinthiens la première, aux Ephésiens la deuxième, aux Philippiens la troisième, aux Colossiens la quatrième, aux Galates la cinquième, aux Thessaloniciens la sixième, aux Romains la septième. (1) la première aux Corinthiens, la seconde aux Ephésiens, la troisième aux Philippiens, la quatrième aux Colossiens, la cinquième aux Galates, la sixième aux Thessaloniciens, la septième aux Romains, (2) Bien que, pour correction, il répète aux Corinthiens et aux Thessaloniciens. (1) quoiqu’il ait récidivé avec les Corinthiens et les Thessaloniciens par manière de retouche; (2) »

 

Ici on a une liste de sept Églises dont font partie celle de Corinthe, celles des Galates (comptant comme une Eglise alors que la Galatie en comptait cinq) , celle de Rome – toutes trois déjà citées à travers les lettres qui leur furent adressées. En manque quatre et leurs lettres correspondantes : Ephèse, Philippe, Colosses, Thessalonique entre la Macédoine et l'Asie Mineure

 

À part Bérée (Beroïa) où Paul fut lynchée, il eut bon accueil dans les autres villes de Macédoine, et la générosité, le soutien qu'il reçut de leurs convertis y étaient autant remarquables que leur foi et leur endurance. Ce sont donc aux Thessaloniciens et aux Philippiens qu'il envoya deux de ses lettres.

 

Les deux lettresaux Thessaloniciens où Paul se présente lui-même comme leur rédacteur, furent peut-être ses premiers écrits « inspirés ». On peut les dater de 50 pour la première et 51 pour la deuxième. Selon leurs introductions, Silvain (ou Silas), ainsi que Timothée étaient avec Paul, peut-être à Corinthe, d'où elles auraient été envoyées et auxquels les deux collaborateurs participèrent (Actes 18 : 1-5 ). En effet, « Forêt » et « Celui qui honore Dieu » se trouvaient auparavant en mission à Thessalonique et Bérée, et descendirent donc de Macédoine (environ 250 km) pour apprendre les bonnes nouvelles concernant les Thessaloniciens. Aussi Paul signale aux Thessaloniciens qu'il a voulu venir les voir « chez eux [...]  une fois et une deuxième fois, mais Satan nous a barré la route », dit-il. (I Thess. 2:18). Passés les 18 mois d'activité à Corinthe à partir de l'automne 50, quand Paul partit pour son troisième voyage, il prit avec lui Timothée ; Silas disparaît pour réapparaître que quelques années plus tard, en 62-64 en compagnie de Pierre à Babylone : il semble être devenu son secrétaire «frère fidèle » (1 Pierre 5:12).

 

La datation et le lieu de rédaction et l'auteur même de la Deuxième lettre aux Thessaloniciens à été remise en question. Des chercheurs la datent de 70-80 voir de 80-100, se fiant aux contexte d'effervescence eschatologique dont semble témoigner la lettre dont le titre a été écrit postérieurement au manuscrit original. On tente de justifier cette hypothèse en avançant que la lettre s'adresse à toute la communauté paulinienne qui aurait lu la première épître (peut-être à une époque tardive), mais qui là se trouvaient ébranlées par l'annonce du Retour du Christ glorieux à la fin des temps, en vue du jugement dernier, – ce qu'on appelle la parousie (parousia « arrivée » ou «présence », 1900). L'auteur, présumé autre que Paul aurait tenté donc d'apaiser en son nom les craintes des fidèles en proposant un nouveau modèle eschatologique qui tend à réfuter une position selon laquelle le « jour du Seigneur » est déjà arrivé.

 

En dehors d'un contexte trop vite ramené à la période eschatologique, et un titre « posthume », rien n'accrédite cela. À moins de croire que le début de la deuxième lettre ( le verset 1 ) identique à la première soit un « copié/collé » par l'auteur présumé être autre que Paul :

 

« Paul et Silvain et Timothée à la congrégation des Thessaloniciens en union avec Dieu le Père et [le] Seigneur Jésus-Christ.  

 

« À vous faveur imméritée et paix » (v 1)

 

Cependant l'introduction de la deuxième lettre est plus longue. Elle ajoute après « et paix » :

 

« … de la part de Dieu le Père et du Seigneur Jésus Christ. » (v2)

 

De plus, les formules d'introduction de Paul son assez stéréotypées. On ne peut donc considérer l'utilisation d'une formule identique ou proche comme c'est le cas dans nos deux lettres très concluante.

 

De plus le texte de cette seconde a l'accent de Paul et de l'actualité par le rappel au passé :

 

« Ne vous rappelez-vous pas que, lorsque j'étais encore chez vous je vous disais ces choses ? » (2:5)

 

Il fait des rappels à de son passage et à des paroles qui se trouvent dans la première lettre qui leur a été envoyée :

 

« Et en effet, lorsque nous étions chez vous, nous vous donnions cet ordre : […] »

 

Ordre dont il est fait allusion dans I Thessaloniciens 4 : 11.

 

Enfin, le thème de la parousie et surtout de l'escathologie se trouve aussi dans la première lettre :

 

Donc, à moins de postdater aussi celle-ci, ce qui serait plus cohérent pour leur théorie, la deuxième lettre au Thessaloniciens a bien suivi de peu la première.

 

Ce qui prouve aussi que Paul en est bien l'auteur.

 

À titre d'exemple d'authenticité, on peut comparer 2 Thes. 2 :15 rappelant au respect des traditions qu'il leur a « enseigné » :

 

«... retenez les traditions qui vous ont été enseignées soit par un message verbal, soit par notre lettre. »

 

à ce qui est écrit dans la première lettre aux Corinthiens (11:2), épître dont la paternité n'est pas mise en doute :

 

« Or je vous loue parce qu'en toutes choses vous vous souvenez de moi, et que vous tenez ferme les traditions comme je vous [les] ai transmises »

 

On aura noté au passage la référence dans 2 Thes. 2:15 à la première lettre qui leur a été envoyée : « notre lettre », celle de lui-même et de ses compagnons cités au verset 1 : Paul, Sylvain et Timothée.

 

[… Parler de Thessalonnique, histoire-géo et contenu de la lettre aux Thessaloniciens.]

 



 

Reste Éphèse et Colosses en actuelle Turquie , villes séparées d'ouest en est par environ 70 km.

 

Éphèse, sur la côte ouest de l'Asie mineure, face à l'île greque de Samos était un centre religieux et commercial d'envergure. Le Caystre était leur Nil. À Ephèse se trouvait la 5ème merveille du monde jugée telle par les anciens grecs : le temple d'Artémis – que Paul aurait sans doute moins admiré. Pas plus que Paul qui au moins en vit une réplique – mais détruite en 401 par les chrétiens ! – nous ne pouvons contempler ce célèbre temple financé par Crésus, pensé par trois architectes, construit en 560 avant notre ère pour mourir en 356 avant notre ère par Éros-trate ou Eratostrate (Ἡρόστρατος / Hêróstratos ) qui désirait par la flamme devenir célèbre et, au prix de sa vie, il y réussit partiellement, voir nullement, car dit-on: « On comprend que le temple ait brûlé, puisque Artémis était occupée à mettre Alexandre au monde! » (Hégésia de Magnésis, biographe d'Alexandre le Grand, en réponse à Plutarque évoquant le pyromane).

 

Et comment s'appelait l'architecte de ce temple ?
— Je ne me rappelle plus, confessa-t-il, je crois même qu'on ne sait pas son nom.

 

Vraiment ? Et vous vous rappelez le nom d'Érostrate ? Vous voyez qu'il n'avait pas fait un si mauvais calcul. 

 

(Jean-Paul Sartre, Erostrate )

 

Mais quand, comme moi (avant cette étude) on ne connait ni l'architecte ni l'incendiaire ?

 

Enfin ! Au moins avons loisir de contempler sa célèbre statue d'Artémis exhumée lors des fouilles qui ont révélé la tournure de la merveille : 100 colonnes de marbre d'environ 17 m de haut et 1, 80 de diamètre à la base et sculptées pour certaines jusqu'à environ six mètres de haut supportant une architecture colossale de 137,74 m de longueur et 71,74 m de largeur) Dans le sanctuaire de 31 sur 21 se dressait un autel de 6 sur 6 et la statue d'Artémis, déesse de la chasse et de la nature sauvage – le tout posé sur un tertre de 127 sur 73, sur l'emplacement d'un sanctuaire primitif.

 

Ce temple est également considéré comme étant la première banque au monde car il était possible d'y déposer de l'argent et de le récupérer plus tard crédité d'un intérêt.

 

Bref, bref, bref... passons à Colosses !

 

Ah non ?

 

Oui, on a oublié de parler du ministère de Paul à Éphèse.

 

Paul ne parle pas du temple, donc, mais évoque sa réplique dans l'histoire de l'orfèvre fabriquant de sanctuaires d'Artémis à travers les mots de celui-ci : « Il y a en outre danger que non seulement notre profession tombe en discrédit, mais encore que le temple de la grande déesse d'Artémis ne soit compté pour rien » . Il vit aussi le stade de foot... non le stade d'athlétisme et de gladiatorisme. C'est dans sa Première lettre aux Corinthiens qu'il dit :

 

« Pourquoi aussi sommes-nous en danger à toute heure ? Chaque jour je suis exposé à la mort. Cela je l’affirme par les motifs que j’ai de me glorifier de vous, frères, en Christ Jésus notre Seigneur. Si, à la manière des hommes, j’ai combattu contre des bêtes sauvages à Éphèse, à quoi cela me sert-il ? Si les morts ne doivent pas être relevés, “ mangeons et buvons, car demain il nous faudra mourir” ». (15 :32)

 

À prendre au sens littéral ? Paul devant des lions de Néron ?

 

À Éphèse, il y eut encore après les « prouesses » de Paul en guérisons miraculeuses et expulsion de démons qui convertirent beaucoup, cette autre « prouesse » d'un autodafé de livres magiques après l'exorcisme avorté des sept fils d'un certain Scéva, et qui s'éleva à une valeur de 5000 pièces d'argent ! (Actes 19 : 11-20) Pour dire la réputation de la ville, les auteurs gréco-romains passèrent la formule « écrits d' Éphèse» pour désigner tous livres ou rouleaux d'incantations magiques.

 

Ne fais-je pas un morceau de bravoure ?

 

Il y a beaucoup d'autres villes où Paul a évangélisé et qui pourtant n'ont pas eu droit à leur épître*, comme Salamine et Paphos en Chypre (cyprus), peut-être le Kittim des écritures hébraïques, île natale de Barnabas ; à Paphos, Paul, Barnabas et Jean Marc y avaient rencontré le proconsul Sergius Paulus, cité par Luc et avéré par l'histoire, ainsi qu'un Bar-Jésus, se traduisant comme Luc le dit par « Elymas le sorcier », et qui s'opposa à eux (Actes 13, 1-12).

 

Note :* retrouver passage dans Etude Perspicace où il est dit qu'on ne connaît pas toutes les lettres de Paul, que certaines ont été perdues, mais qu'elles ne devaient pas être très importantes.

 

Parlons de Colosses et de la Lettre aux Colossiens. Il y a des grands arguments qui font pencher en faveur de sa rédaction à Rome vers 60-61, époque où il rédigea aussi celle à Philémon. Mais ce qui frappe, c'est la similitude qu'il y a entre la lettre aux Colossiens et celle aux Ephésiens qui ne peut s'expliquer que par le peu de temps qui sépare les deux et par une situation des deux villes peut-être similaire. Les ressemblances sont frappantes et on peut comparer, par exemple, Colossiens 1 : 24-29 avec Ephésiens 3 : 1-7 ; Col. 2:13-14 avec Eph. 2 : 1-5, 13-16, et au moins trois autres parallèles.)

 

[...]

 



 

« De chacune, (1 et 2),de ces épîtres (2) il est nécessaire pour nous de disputer, (1) nous avons à discuter (2) puisque Paul, le bienheureux apôtre, (1) puisque le bienheureux apôtre Paul lui-même, (2) suivant l’ordre de son prédécesseur Jean, (1) suivant la manière de son prédécesseur Jean (2) n’écrit nominativement qu’à sept Églises , sous cet ordre: (1) n’a écrit sous leur nom propre qu’à sept Églises, selon cet ordre: (2) aux Corinthiens la première, aux Ephésiens la deuxième, aux Philippiens la troisième, aux Colossiens la quatrième, aux Galates la cinquième, aux Thessaloniciens la sixième, aux Romains la septième. (1) la première aux Corinthiens, la seconde aux Ephésiens, la troisième aux Philippiens, la quatrième aux Colossiens, la cinquième aux Galates, la sixième aux Thessaloniciens, la septième aux Romains, (2) Bien que, pour correction, il répète aux Corinthiens et aux Thessaloniciens. (1) quoiqu’il ait récidivé avec les Corinthiens et les Thessaloniciens par manière de retouche; (2) »

 



 

Si je comprends bien le texte, l'auteur donne un ordre d'écriture des lettres de Paul aux 7 congrégations citées, ordre qui ce coup-ci est chronologique :

 

1- Corinthiens vers 55 (pour la première lettre) (ou 56)

 

2 – Ephesiens 60-61 (ou 61-63)

 

3 – Philippiens 60-61 ( ou 60 ou 54-56)

 

4 – Colossiens 60-61 à Rome (TJ) ou 60 ou 61-63 ou avant 60) * ou été 62 à Rome ou 54-57 à Ephèse ou 58-60 à Césarée ou fin du 1er siècle par disciples de Paul.

 

5 – Galates 50-52 (ou 48-49 ou 56)

 

6 – Thessaloniciens 50 et 51 ou 51 (ou 51-52)

 

7 – Romains Vers 56 (ou 57 ou 55-56 ou hiver 57-58)

 

 

 

Comme on le voit, tout le monde n'est pas d'accord sur les dates, mais l'ensemble des lettres ont comme limites extrêmes 48 et 63. Environ 15 ans.

 

Corinthe , Galates, Romains étaient donnés plus haut à titre d'exemple, mais on constate quand même une cohérence d'ensemble. On trouve bien ces trois noms dans le même ordre au sein de notre nouvelle liste de sept. cela n'est donc pas fortuit.

 

On sait qu'ici au moins l'ordre des sept ne correspond pas à l'ordre «logique » comme dans les évangiles puisque dans le corpus constitué des Évangiles tel qu'on le trouve dans toutes les Bibles, à ce que je sache, on trouve toujours l'ordre Matthieu-Marc-Luc-Jean, et qu'ici l'ordre des épîtres ne suit pas cette même logique. Dans le corpus en effet, les lettres sont classées de la plus longue ( Lettre Aux Romains) à la plus courte (3ème lettre de Jean), exception faite pour Galates. Ici l'ordre est nettement différent.

 

Mais on voit bien, en revanche, que les dates de rédaction qu'on attribue en général à chaque lettre, ici placées en vis-à vis, ne collent pas avec l' «ordre chronologique » du texte de Muratori.

 

Est-ce qu'on ce serait trompé ? Le texte de « Pie » ou « Pia » aurait-il raison ? Cela reste à prouver.

 

Manifestement, ma théorie se trouve en grande difficulté. C'est dommage, parce que sans cet approfondissement de l'ordre, sans mon travail pointilleux, sans fouille des détails, j'avais trouvé une preuve que l'Évangile de Jean avait été écrit en premier. Effectivement, puisqu'il est écrit noir sur blanc que Paul a suivi l'exemple de Jean en envoyant des lettres à 7 congrégations. Cela veut dire que le Livre de la Révélation ou Apocalypse de Jean a été écrit avant les lettres de Paul, avant sa Première lettre aux Corinthiens dont les dates trouvées oscillent entre 55 et 56 et même avant la Lettre aux Galates pour laquelle les dates supposées varient entre 48 et 56 , et avant la Première lettre aux Thessaloniciens que beaucoup considèrent comme la plus ancienne, datant entre 50 et 51.

 

L'Apocalypse de Jean daterait d'avant 48 ou d'avant 50-51 ? cela frôle le ridicule. On sait bien que le ridicule ne tue pas ; mais quand même, je m'expose aux foudres des spécialistes, des qualifiés, de ceux qui travaillent dans des centres bibliques. Qui suis-je pour m'opposer à leur savoir ? Je ne connais ni l'hébreu, ni l'araméen, ni le grec, ni le latin, et me voilà à vouloir bousculer les choses établies ?

 

Pourtant, j'ai montré que le thème eschatologique que l'on rapporte généralement à la fin du premier siècle se trouve dans la Première lettre aux Thessaloniciens datant de 50-51, alors qu'on en fait une particularité unique à la seconde lettre aux mêmes, avis qui prend racine dans le doute qu'on a émis sur la date de rédaction et sur l'auteur pour cette précise raison.

 

Je suis moi-même en proie au doute, mais fort pourtant de cette conviction que ce que j'avance contre l'avis général est fondé, que ceux qui prétendent donner des réponses ne sont pas plus crédibles que moi, l'ignorant par principe.

 

Je suis plongé dans un véritable Capharnaüm. Je suis tel Thésée qui a pris le fil d'Ariane, mais qui ne sait plus son chemin. Vais-je le lâcher, vais-je arrêter ici ma quête en plein coeur du labyrinthe ?

 

Pour « Capharnaüm », l'expression est connue, étrange, mais je ne sais même pas pourquoi elle exprime le désordre, la confusion. Orthographié différemment : Capernaüm, Kefar-Nahum (« Village-Nahum ») Nahum ou Nahoum, c'est aussi le nom d'un livre prophétique de la Bible prédisant la destruction de Ninive, capitale des Assyriens prise par les Mèdes en 612 avant notre ère. Mais « Capharnaüm » voudrait dire aussi : « Village de Consolation ». L'expression trouverait son origine en fait dans l'épisode où une foule de malades et de possédés assiègent la maison de Pierre et André située dans cette ville. Marc 1 : 29-34 ; Luc 4:38-41. dans ce village, Jésus est toujours suivi par des foules qu'il doit satisfaire, c'est sur une de ses montagnes que sans doute il donna son célèbre « Sermon ». l'expression peut être lié aussi à l'épisode de Jésus mangeant avec les collecteurs d'impôts et les pécheurs : cela faisait désordre aux yeux des Pharisiens... dont le nom signifierait littéralement « séparés, séparatistes », peut-être parce que scrupuleux sur la loi mosaïque, ils évitaient toutes impuretés. Bref, sur Capharnaüm, je lis dans mon Larousse : « n.m. (de Capharnaüm. Ville de Galilée où Jésus attira la foule devant la maison ; v. 1200) : autant dire que l'expression n'est pas de Jésus !

 

Mais je m'écarte du sujet, séparé que je me vois du but, découragé quelque peu devant la taille du chantier.

 

Par où reprendre ? Y a t-il une méthode qui, d'abord, puisse dater avec certitude les lettres de Paul ? Faut-il faire plus confiance à mes bases habituelles ou aux bases exégétiques ?

 

Je sais et vous savez combien ces dernières sources ont déjà menacé des travaux antérieurs d'une dizaine d'année ; j'ai voulu cette fois-ci les écarter ; mais, en définitive, je ne peux faire autrement (c'est la leçon d'aujourd'hui), je ne peux esquiver les autres travaux – combien même cela m'alourdit et me désespère – car les professionnels ne sont eux-mêmes pas d'accord entre eux. Le positif, me direz-vous, c'est que cela prouve que je ne suis donc pas objectivement moins qualifié qu'un autre si ce n'est que je n'ai pas de connaissance en langues requises, par exemple ; j'ai des sources livresques de ceux qui s'y connaissent pour pallier à mes manques. Donc, il me faut accepter d'être bousculé, de me confronter, et avancer avec des chaînes et un boulet à mes pieds. Je dois saisir l'opportunité que leurs travaux m'offrent – combien cela est un travail de titan. Au moins reconnaîtra t-on le sérieux de ma démarche.

 

Ainsi, j'ai trouvé grâce à une note de recherche de mes pairs, qu'une méthode de fiabilité pour la datation des lettres de Paul se trouvait dans la recherche de repères. 70 de notre ère en est un par exemple, valable pour les évangiles aussi, mais là j'en ai trouvé un autre :

 

La lettre aux Colossiens permet de donner un bon repère : 60. puiqu'en 60, la ville de Colosse a été détruite par un tremblement de terre à cette date, l'épître n'a pu donc être écrite qu'avant cette date. Logique. Or, toutes les dates de rédaction qu'on lui a assigné vont de 60 à 63... Pas de bol ! Peut-être est-ce pour cela que les spécialistes doutent que cet épître soit de la main de Paul. Comme celle aux Ephésiens et la Deuxième lettre aux Thessaloniciens.

 

Colosses , quelques recherches (sité Biblélieux)

 

Colosses est localisée à 200 km (120 miles) à l'est d'Ephèse dans la vallée du Lycus dans l'ancienne Phrygie, ancien territoire romain d'Asie mineure. C'était l'une d'une triade de villes des environs (avec Laodicée et Hiérapolis), se reposant aux pieds du mont Cadmus. L'importance biblique du site vient du fait que l'épître aux Colossiens fut adressée à l'église d'ici (Col 1:2) et que Philémon habitait dans cette ville.

 

Même si aucune excavation n'a eu lieue, un aperçu du site révéla les vestiges d'une acropole comprenant un mur défensif et un fossé aligné avec des pierres à l'ouest. Un théâtre se trouve côté est et une nécropole au nord du Lycus, un affluent de la Méandre. L'université Flinders d'Australie est en ce moment en préparation pour une excavation. 

 

Paul n'avait jamais visité Colosses lorsqu'il composa son épître à l'église ici. Cependant il implique la fondation de l'église par Epaphras, avec celles de Laodicée et de Hiérapolis (Col 1:7-8; 4:12-13). Ceci arriva probablement durant le troisième voyage missionnaire de Paul, lorsqu'il prêchait à Ephèse pendant deux années, "de sorte que tout ceux qui habitaient l'Asie, Juifs et Grecs, entendirent la parole du Seigneur" (Actes 19:10).

 

Dans le message de Jean à l'église de Laodicée (Apo 3:14-22) il parle de tiédeur de Laodicée, qu'ils n'étaient "ni froid ni bouillant" (vv. 15-16). Cette allusion locale aurait été claire aux citoyens de Laodicée, connaissant les eaux froides et pures près de Colosses.

 

Nulle référence au tremblement de terre, car je tiens à connaître la source de chaque chose avancée.

 

Et là ! Là ! Bingo ! La source est trompeuse. Le tremblement de terre en question a bien touché un Colosse(s) mais à Rhodes. Selon Wikipédia et toutes les sources l'île résista à un siège fameux en -305, qu'elle commémora par l'érection du Colosse détruit par un tremblement de terre en 226 av. J-C. On sait, par ailleurs, que la construction du colosse avait duré 12 ans, peut-être achevé en – 282, comme on sait que Rhodes fut aussi évangélisée par Paul. Mais comment peut-on faire des bourdes aussi énormes que celle d'un site consacré à la Bible et surtout aux écritures grecques chrétiennes en donnant une page de datation des livres de celles-ci, apparemment fiables, mais montrant l'énormité colossale de sa méprise ? C'est vrai que Colosses fait penser au colosse de Rhodes. J'ai moi-même été porté à confusion au début. J'assimilais Rhodes et Colosses. La confusion est irréprochable, mais de ne pas vérifier ! Et d'où a t-on sorti la date de ce soi-disant tremblement de terre en 60 ? Est-ce pour donner du crédit ? On n'allait pas donner – 226 ! De plus, ce site donne une orthographe incorrecte : on a oublié le s final de colosse ! Logique ! Une erreur en entraîne une autre...

 

Toujours vérifier, les amis!

 

Bien que tous les sites nomment cette date et que cela me reconforte grandement, je ne serais pas pour autant pleinement satisfait tant que je n'aurais pas la source de cette date donnée. Par l'archéologie ? Par les textes anciens ?

 

Sextus empiricus, Pline l'Ancien, Lucien de Samosate et Strabon sont les sources historiques les plus probables, tous parlant du colosse de Rhodes.

 

C'est drôle qu'on oublie de citer les sources.

 

Drôle aussi : le dernier tremblement de terre à Rhodes date de juin 2012 !

 

Mais j'ai revérifié en tapant cette-fois-ci non pas « Colosses tremblement de terre 60 » mais tout cela plus «après JC », et cette fois-ci je trouve :

 

«Tacite raconte qu'en l'an 60/61 ap. J.C. la ville fut détruite par un tremblement de terre (Annales, 14,27,1). En raison de sa forte communauté juive, elle devint rapidement un évêché chrétien. Elle est l'une des sept Églises d'Asie citées dans l'Apocalypse. Les chrétiens de Laodicée se voient reprocher leur tiédeur. Un important concile s'y déroule vers 364 ap. J.-C.. Laodicée va prospérer au détriment de sa voisine Colosse.»

 

(Wikipédia : « Laodicée de Lysus »)

 

Bon c'est mieux, mais Colosses n'est pas Laodicée, même proche.

 

Je retourne dans les données et vois : « épître aux Colossiens : « Le fait que la ville de Colosses ait été détruite par un tremblement de terre vers l'an 60 suppose que soit Paul a écrit cette lettre avant d'être mis au courant de ...

 

J'ouvre et :

 

« Tant la question de la datation que celle de l'authenticité de cette épître demeurent ouvertes. Si l’on s’en tient à la thèse traditionnelle, l'apôtre Paul aurait rédigé cette lettre aux environs de l’été 62, c’est-à-dire vers le milieu de sa première captivité romaine. Certains pensent qu'elle aurait plutôt été écrite lors du séjour de Paul à Éphèse (entre 54 et 57), ou encore durant la captivité à Césarée (en 58 et 60). Enfin, certains pensent que ce serait plutôt des disciples de Paul qui l'aurait rédigée, vers la fin du Ier siècle, se faisant passer pour leur maître. Le fait que la ville de Colosses ait été détruite par un tremblement de terre vers l'an 60 suppose que soit Paul a écrit cette lettre avant d'être mis au courant de cette information, soit que c'est justement un alibi dont se seraient servis les disciples de Paul pour se faire passer pour lui. »

 

Plus bas :

 

 « Au temps de l’apôtre Paul, Colosses n’est plus ce qu’elle était ; «la ‘‘grande ville de Phrygie’’ d’Hérodote a fait place à la bourgade (polisma) mentionnée par Strabon.» Sa trace dans l’Histoire va s’effacer peu à peu, alors que s’inscrit son nom pour toujours dans le Canon biblique, grâce à la belle lettre de Paul. C’est qu’un terrible tremblement de terre, au début des années 60, devait détruire Colosses et Laodicée, toutes deux étant en effet situées dans une zone prédisposée aux secousses telluriques. Cette dernière avait toutefois réussi à se relever de ses ruines. Colosses, pour sa part, n’est jamais parvenue à retrouver sa vitalité ».

 

« Vers 60 » ? 59 ? « début des années 60 » ? Quelqu'un ne veut pas proposer 69 ?

 

Non, citons Tacite : 60/61. On évitera les approximations qui font tourner la girouette...

 

Conclusion : la source est fiable. Fiable ? Vérifions !

 

 Tacite : « (Ab excessu diui Augusti connu sous le nom « posthume » d'Annales) :

 

Annales. écrite en 110, sans doute, la grande œuvre historique de Tacite.

 

« Tacite puisa ses sources dans les ouvrages d’autres historiens, dans les registres publics et parfois dans sa propre expérience. À la fois historien et moraliste, Tacite y dépeint avec pessimisme, comme pour les Histoires, les mentalités, les grands événements et les mœurs des hommes de son temps : l'analyse est équilibrée et le style d'une saisissante concision. Tacite savait que l'institution impériale était destinée à durer, mais il partageait l'antique conception romaine selon laquelle ce sont des individus qui font l'histoire. »

 

Mais...

 

« Sa valeur d’historien est très contestée : Tacite n’aurait pas été objectif dans ce qu’il écrivait et on conteste la rigueur de son information. On le considère comme trop passionné. Il savait cependant nuancer son portrait laudatif par l’appréciation des erreurs de ses héros (sa haine pour Tibère et Agrippine ne l’empêche pas de leur donner une dimension exceptionnelle dans son œuvre).

 

« Tacite, lorsqu’il écrivait ses œuvres, combinait plusieurs sources, les interprétait et les repensait d’une manière originale. Il bâtissait sa réflexion historique sur sa pensée philosophique. Il combinait la pensée des trois grands historiens qui l’ont précédé : Tite-Live, Salluste et Cicéron.

 

Tacite est non seulement un artiste, mais également un penseur dont la pensée n’est pas simple… Interpréter ses textes n’est pas facile. De plus, il laisse dans son œuvre certaines zones d’ombre, qui rendent difficile l’interprétation de sa pensée, et qui lui permettent de ne pas s’asservir à des thèses trop tranchées. Était-il un ami ou un ennemi de l’empire ? »

 



 

Donc, prudence oblige, mais on peut se fier au moins aux évènements datés, car par nature, ils sont apolitiques, aphilosophiques et échappent à l'interprétation : bref, des données, de la matière objectives.

 

Je vérifie dans Wikisource : formidable !

 

Je lis sous l' « An 60 » (juste après qu'il ait assassiné sa mère Agrippine) : «Sous le quatrième consulat de Néron » (XIV:20)...

 

(alors que plus haut en XIII, 1, l'an 58 est donné pour troisième consulat de Néron...)

 

« La même année, un tremblement de terre renversa Laodicée l’une des cités les plus célèbres de l’Asie : elle se releva par elle-même et sans notre concours. »

 

Il s'agit de Laodicée de Phrygie nous dit une note, c'est bien Laodicée de Lycos appartenant à l'époque de Paul à la région romaine de Phrygie. Et Tacite ne parle pas de Colosses ! Or, on sait qu'un tremblement de terre en son épicentre peut toucher un lieu précis et détruire une ville et pas celle d'à-côté. Là, 18 km séparaient les deux lieux. Il n'y a donc aucune raison de penser que la lettre n'aie pu être écrite entre 60 et 63, si ce n'est que Paul n'évoque pas l'évènement : mais l'avait-il appris ? Paul ne possédait pas la radio ni la télévision, ni le journal quotidien ; les nouvelles circulaient vite, certes, mais il était tout de même en prison à Rome ! Et, ne sachant la date exacte du séisme rien n'empêche que Paul ait écrit au cours de l'année 60 avant la catastrophe. 

 

On ne connaît pas les sources de Tacite, mais jamais on ne le mettrait en doute. Il rapporte un événement de 60 en 110. C'est bien plus que ce qui sépare la rédaction du premier évangile d'avec les faits rapportés. De plus, dans l'empire romain, il y avait pas moins de 7 villes portant le nom de Laodicée !

 

1 - Laodicée du Lycos (en latin : Laodicea ad Lycum, Laodicée au bord du Lycos, en grec : Λαοδίκεια ἡ ἐν Φρυγία, Laodicée de Phrygie) en Carie, en Lydie ou en Phrygie, près de l'actuelle Denizli en Turquie, fondée par Antochos II : c'est la Laodicée de Paul.

 

2 – Laodicée de Syrie (en latin : Laodicea ad Mare, en grec : Λαοδίκεια ἡ Πάραλος) , actuelle Lattaquié, fondée par Séleucos 1er.

 

3 – Laodicée de l'Oronte. Le tell Nebi Mend semble être le site de la ville héllénistique de Laodicée ad Libanum dite aussi Laodicée de l'Oronte ou Laodicée Scabiosa (en latin : Laodicea ad Libanum ou (S)cabiosa Laodicea ou Laodicée du Liba, à environ 25 Km au sud-ouest de Homs en Syrie proche de la frontière libanaise, c'est le site de Qadesh (Tell Nebi Mend). Citée par Pline l'Ancien

 

4 – Laodicée du Pont, actuelle Ladik en Turquie. Citée par Strabon

 

5 – Laodicée (en grec Λαοδίκεια ή Κατακεκαυμένη, en latin Laodicea Combusta, la Brûlée en Anatolie centrale, près d'Iconium (l'actuelle Konya en Turquie). Iconium : une des sept villes de La Révélation de Jean.

 

6 – Laodicée de Médie ou Laodicée de Perse (en grec: Λαοδικεια); , actuelle Nahavand en Iran.

 

7 – Laodicée de Phénicie (sous période romaine : Colonia Augusta Iulia Felix Berytus) , nom porté un temps par Beyrouth après sa mise à sac par Diodote Tryphon (– 140 )

 

Moi qui ne sait mon latin, j'arrive quand même à lire :

 

« Eodem anno ex inlustribus Asia urbibus Laodicea tremore terraer prolapsa nullo a nobis remedio propriis opibus reualuit. »

 

Il ne précise pas laquelle. Alors, il ne reste plus qu'à trouver les traces d'un tremblement de terre en 60 à Laodicée de Lycos, puis sur les autres Laodicea.

 

Voilà qui est réglé. Les auteurs de Wikipédia (y en a pas sept) ont bien répertorié sept Laodicée, mais ils n'ont pas été foutu de vérifier avant de nous pondre ce qu'on a lu dans leur articles cités plus haut.

 

Vous voyez, rien que cette aberration réparée me donne l'espoir de résoudre plus gros, de découdre pour recoudre bien comme il faut.

 



 

Pour expliquer le « désordre chronologique » du texte de Muratori je proposerais bien l'hypothèse que cette liste est celle d'un ordre « logique » provisoirement donné, une proposition, avant qu'on le change, mais cela serait faire mentir le texte qui est clair : Paul se borne à écrire à sept congrégations qu'il nomme par le nom de ville où elles sont implantées, sauf pour Galates, une région.

 

Pour la chronologie, ça se corse rien que pour Colossiens pour lequel j'ai trouvé toutes ces dates différentes qui lui sont donné avec les lieux d'envoi: avant 60 - 54-57 à Ephèse ; 58-60 à Césarée ; 60 ou 60-61 à Rome (TJ) ou été 62 à Rome, 61-63 après 63 : fin du 1er siècle par disciples de Paul.

 

Si on a autant de dates, est-ce parce qu'on n'est unanimement d'accord sur la date de naissance de Jésus-Christ ? Non d'abord sur le lieu d'envoi associé à une date dans les voyages de Paul. J'aimerais savoir sur quoi se base t-on pour faire une biographie de Paul ? Il est certain qu'on est tous d'accord sur le début du règne de Néron : 54 , qui peut être une date repère, mais si on est pas tous d'accord sur la date de naissance de Jésus-Christ ?

 

Si Luc avait été aussi précis pour la date de naissance de Jésus que pour celui du commencement des baptêmes de Jean, on serait certain de beaucoup plus de choses, en tout cas, on n'aurait pas besoin de s'arracher les cheveux !

 

En effet, il dit :

 

Dans la quinzième année du règne de Tibère César, alors que Ponce Pilate était gouverneur de Judée, et qu’Hérode était chef de district de Galilée, mais que Philippe son frère était chef de district du pays d’Iturée et de Trachonitide, et que Lysanias était chef de district d’Abilène,2aux jours du prêtre en chef Anne et de Caïphe, la déclaration de Dieu vint à Jean le fils de Zekaria dans le désert.

 



 

C'est presque exagéré. Luc l'historien semble nous faire un joli pied de nez en focalisant sur une date qui nous semble moins nécessaire et moins importante que celle de la naissance de Jésus. Jésus, c'est pour ainsi dire 0. Mais on croirait qu'avec Luc, tout commence vraiment avec Jean le baptiseur, c'est lui le zéro ! Le premier jour de son ministère baptismal, le voilà le zéro !

 

Pour la précision de la date, rien que pour le début du règne de Tibère – le plus important – on sait qu'il monta sur le trône en 14. Mais comme ce fut le cas de nombreux rois, il y a ici deux manières de convertir la 15ème année en date : soit à partir de la mort de l'ancien empereur, soit à partir du moment où celui-ci est désigné officiellement comme tel. Donc soit ici le 17 août 14 selon le calendrier grégorien ; soit le 15 septembre. Donc soit Jean le baptiseur a commencé à baptiser entre août 28 et août 29, soit entre septembre 28 et septembre 29. – Il se fout vraiment de nous, ce Luc ! Il est loin d'être cucul la prâline.

 



 

Mais attendez, attendez... Et si oui, il faisait un véritable pied de nez mais comportant une clé secrète. Oui, si il avait daté à travers un événement « dérisoire », par rapport à la date de naissance de Jésus, si à travers cette date il donnait l'âge de Jésus au moment de son baptême ? Ce qui nous donnerait une fourche d'un an pour dater sa naissance. Il voudrait dire par là que Jésus s'est fait baptisé soit entre août 28 et août 29 soit entre septembre 28 et septembre 29, donc grosso modo entre août 28 et septembre 29 ?

 

Purée, mon essai est un vrai capharnaüm !

 

Ou alors, il s'agit vraiment d'une date sérieuse donnée par Luc pour le commencement de ministère baptismal de Jean qui donnerait aussi la clé de la date du baptême de Jésus et celui de sa naissance par extension.

 

Voyons comment.

 

Cela va nous donner l'occasion de potasser un peu la chronologie en général. On va en avoir besoin.

 

On va s'intéresser aux éclipses de lune.

 

[Paragraphe "les éclipses de lune" de l'article "Chronologie de Étude Perspicace des Écritures*]

 

*On trouvera ce texte ainsi que d'autres de la même encyclopédie sur le site des Témoins de Jéhovah dans leur bibliothèque en ligne. À chacun revient la responsabilité d'utiliser en conscience et avec discernement les informations dont une partie il est vrai est tendancieuse; je ne veux pas guider vers les Témoins de Jéhovah mais vers un pan de leur travail qui m'a servi dans le mien (non théologique, mais exégétique et archéologique) et que j'estime de valeur. On a beaucoup critiqué leur traduction de la Bible. On peut en faire autant de toutes les traductions peut-être.

 

 

 

[extraits d'Article "Chronologie" de EPE: paragraphes "Le calcul du temps selon la Bible", "de la création de l'humanité jusqu'à aujourd'hui"]

 

 

 

[extrait d' article "Jésus Christ" d'EPE, paragraphe "époque de sa naissance, durée de son ministère" et "Sa naissance par rapport à la mort d'Hérode"]

 


 


Suite de la lecture du document Muratori dans les deux traductions :

 

- Pourtant, une seule Eglise répandue par toute la terre peut être discernée. Jean aussi, en effet, dansl’Apocalypse, bien qu’il écrive à sept Églises, parle pourtant à toutes. [Puis] à vrai dire, à Tite une, à Timothèe deux, pour l’affection et la dilection; elles sont pourtant sanctifiées, à l’honneur de l’Eglise catholique, à l’ordonnancement de la discipline ecclésiastique. (1)

 

- on sait pourtant qu’il n’y a qu’une seule Eglise, répandue sur tout le cercle de la terre, car Jean lui-même tout en écrivant l’Apocalypse à sept Églises, s’adresse cependant à toutes. Que s’il existe une (épître) à Philémon et une à Tite et deux à Timothèe, par attachement et affection, cependant parce qu’elles tendaient à l’honneur de l’Eglise catholique par le bon ordre de la discipline ecclésiastique, elles ont été composées avec un caractère sacré. (2)

 



 

- On parle aussi d’unelettre aux Laodiciens et d’une aux Alexandrins, forgées sous le nom de Paul pour l’hérésie de Marcion, et de plusieurs autres, que l’on ne peut recevoir dans l’Eglise catholique. Le fiel en effet ne doit pas être mélangé avec le miel. (1)

 

Il circule aussi une (épître) aux Laodiciens et une autre aux Alexandrins qui prennent faussement le nom de Paul pour soutenir l’hérésie de Marcion et beaucoup d’autres pièces qui ne peuvent être reçues dans l’Eglise catholique, car il ne convient pas de mêler le fiel au miel. (2)

 

(Document Muratori)

 

Voir article Wikipédia sur Marcion du Pont ou de Sinope ici

 

 

 

- Par contre, la lettre de Judeet deux lettres signées de Jean doivent être retenues dans l’Eglise catholique, de même que la Sagesse écrite par des amis de Salomon en l’honneur de celui-ci. (1)

 

Assurément l’épître de Judeet deux inscrites au nom de (Pierre) sont dans l’Eglise catholique (et une de Jacques). [Et la sagesse de Salomon écrite par Philon en l’honneur de ladite Sagesse.] (2)

 



 

- Nous recevons seulement les Apocalypses de Jean et de Pierre; celle-ci, à vrai dire, certains des nôtres ne veulent pas qu’elle soit lue dans l’Eglise. (1)

 

Nous recevons aussi uneApocalypse de Jean et une de Pierre seulement, que quelques-uns des nôtres ne veulent pas qu’on lise dans l’Eglise. (2)

 



 

- Le Pasteur maintenant; bien plus récemment, en nos temps, Hermas l’écrivit à Rome, alors que siégeait dans la chaire de l’Eglise de la ville de Rome son frère, l’évêque Pius. (1)

 

Mais quant au Pasteur, Hermas l’a écrit récemment de notre temps dans la ville de Rome, pendant que l’évêque Pie, son frère, était assis sur la chaire de la Ville de Rome.  (2)

 

- C’est pourquoi il convient sans doute de le lire, mais il ne peut être rendu public au peuple dans l’Eglise, ni entre les prophètes, ni entre les apôtres à la fin des temps. (1)

 

Et la Sagesse de Salomon(a été) écrite par Philon en l’honneur de ladite Sagesse. Et par conséquent il faut bien [la] lire, mais on ne peut la présenter officiellement dans l’Eglise au peuple, ni parmi les prophètes dont le nombre est complet, ni parmi les Apôtres dans la fin des temps ". (2)

 

J'ai plusieurs filons...

 

La philosophie judéo-hellénistique de Philon d'Alexandrie de Michaël J. Horowitz:

 

Pour apporter une réponse au paganisme et influencé autant par sa culture séculaire que par le courant helléno-judaïque qui a présidé à la rédaction des Septante, aux travaux d'Aristobule ou â la Sagesse de Salomon, Philon, ce quasi-contemporain du Christ, entreprend une véritable défense de la religion de ses pères; il ne se contente pas d'expliquer le but et le caractère de la Torah, mais considère la piété comme reine des vertus, affirme la vision messianique, polémique contre les abus du ritualisme et introduit dans la théologie hébraïque l'idée de l'union mystique. Une oeuvre riche, multiple, complexe, parfois paradoxale, qui a influencé la pensée occidentale pendant un millénaire et demi.

 



 

Sagesse ou Sapience de Salomon. - Traité de philosophie morale qui a été rangé dans les livres deutéro-canoniques de la Bible Ancien Testament. Conformément à une pratique très répandue aux environs de l'ère chrétienne, son auteur - selon toutes les vraisemblances, un juif vivant dans le milieu si suggestif d'Alexandrie - s'est dissimulé sous le nom illustre du roi Salomon, patron de la littérature morale dans le judaïsme. L'oeuvre, écrite et conservée en grec, rédigée avec un sens de la langue qui se trouve rarement chez les auteurs similaires, reste flottante entre les deux dates extrêmes de 200 av. J.-C. à 100 ap. J.-C.; les exégètes les plus prudents l'assignent au Ier siècle avant notre ère. Quelques-uns ont proposé d'y voir une composition d'origine chrétienne, vue qui se justifiait par des rapprochements avec les livres du Nouveau Testament; mais, à la réflexion, on se convainc que cette parenté d'idées n'est que la confirmation d'un fait, désormais acquis à l'histoire religieuse, à savoir que le christianisme n'est que le développement et, si l'on peut s'exprimer ainsi, la «-fixation-» des théories élaborées par le judaïsme de la dernière époque. 

 

(Cosmo-visions:) voir suite

 



 

Pseudo-Philon est le nom donné à l'auteur inconnu de plusieurs textes du Ier siècle, parce que ces ouvrages ont été accidentellement transmis parmi d'authentiques œuvres de Philon d'Alexandrie.

 

Il appartenait probablement [réf. souhaitée] au milieu synagogal, peut-être pharisien, et écrivait en hébreu. Avec l'évangeliste Luc, il partage le même modèle synagogal d'histoire du salut et une attention particulière aux femmes.

 

Le Liber antiquitatum biblicarum présente une histoire biblique qui va d’Adam à la mort de Saül.

 

Les Prédications juives antiques (ou prédications synagonales) sont les seules de leur genre à avoir subsisté jusqu'à nos jours. Bien que transmises sous le nom de Philon d'Alexandrie, elles ne sont sûrement pas[Pourquoi ?] son œuvre.

 

Jusqu'à présent, ces deux prédications — et une troisième [évasif] dont nous n'avons qu'un fragment — n'ont pas suscité beaucoup d’intérêt. Elles démontrent pourtant que l'art homilétique fondé sur des textes bibliques ne fut pas une innovation chrétienne, pas plus qu'une invention des sophistes antiques : il s'agit d'une des créations majeures du judaïsme hellénistique. L'héritage de ce dernier, qui comprend la Bible des Septante, les œuvres de Philon, de Josèphe et de nombreux autres auteurs conservés de manière fragmentaire, fut laissé aux chrétiens.

 

À partir du IIe siècle, le judaïsme s'est redéfini à l'aide de ses traditions hébraïques, écartant toute une littérature qui lui rappelait la parenté d'esprit entre la synagogue hellénistique et Paul de Tarse.

 



 

 

- D’arsinous par contre, ou de Valentin et de Miltiade, nous ne recevons absolument rien, qui ont écrit aussi un nouveau livre de Psaumes pour Marcion, avec Basilide [et] l’Asien fondateur des cataphrygiens. ( 2)

 

Arsinous ou Arsinoé: nom qu'on trouve dans la mythologie grecque et qui a été donné à plusieurs lieux. Il y a cinq femmes historiques du nom d'Arsinoé, épouses des Ptolémées (- 368 à – 51) Ce nom encore était si commun qu'il n'est pas la peine de l'identifier.

 

Le premier Valentin célèbre de l'histoire chrétienne est celui qui a donné nom à la fête des amoureux et amis du 14 février . On ne date pas sa vie, on sait juste qu'il fut prêtre martyr. À écarter de notre texte.

 



 

Miltiade 32ème pape 311-314 . Mais des Miltiade, prénom commun depuis la grêce classique, il devait y en avoir d'autres qui n'ont pas laissé de traces à la postérité. Je ne dirai pas que c'est lui dont il est question dans le texte

 



 

Basilide: là c'est intéressant et concluant:

 

Basilide était un gnostique paléochrétien qui enseignait à Alexandrie au début du IIème siècle. Élève à Antioche de Ménandre, un disciple de Simon le Magicien, il aurait écrit sa propre version des Évangiles, des commentaires sur ceux-ci en vingt-quatre volumes, l'Exegetica, et aurait enseigné un syncrétisme reprenant entre autres l'enseignement de Saint-Pierre et Saint Matthias ainsi qu'un dualisme influencé par le zoroastrisme. Il eut un grand nombre d'adeptes, les Basilidiens , jusqu'au IVème siècle. Il eut pour fils et disciple Isidore, Isidore le Gnostique.

 

Historiquement, on ne le connait que par les écrits de ses détracteurs chrétiens, Agrippa Castor, Irénée, Clément d'Alexandrie et Hippolyte de Rome, aux témoignages desquels on ne sait précisément quel crédit accorder.

 

Sa doctrine:

 

Pour expliquer le mal, il imaginait 365 cieux habités par des intelligences de différents degrés, et prétendait que notre monde avait été créé par des intelligences du dernier ordre. Il admettait deux âmes dans le même homme pour expliquer les combats de la raison et des passions, et croyait à la métempsycose. Il créa le fameux Abraxas, symbole ou -talisman formé des lettres qui exprimaient le nombre 365, le nombre le plus agréable à la Divinité. Il avait rédigé un évangile qui s'est perdu.

 

Il professait la transcendance absolue de Dieu, de qui la Pensée, puis la Parole, puis la Prudence, la Sagesse et la Force avaient émané. De là étaient sortis les anges et les puissances constituant le premier ciel, puis les 365 cieux qui séparaient Dieu du groupe des anges les plus modestes, lesquels avaient créé le monde et s’étaient réparti entre eux les peuples.

 

Yahvé, le Dieu paléo-testamentaire, était un personnage querelleur et autoritaire qui avait semé le désordre et dont le peuple était constamment agressif. Dieu intervint alors en envoyant dans le monde sa Pensée comme Christ.

 

À tous les niveaux, sauf le plus élevé, l’ignorance conduisait chacun des êtres célestes intermédiaires à se prendre pour le Dieu Suprême.

 

Le salut était apporté par la Connaissance (Gnôsis) révélée par le Christ et les maîtres inspirés. Avec cette gnose, le Mal était surmonté puisqu’il n’était que l’œuvre du méchant Yahvé. La souffrance des justes était vue comme une expiation pour les péchés de chacun des croyants.

 



 

Les Cataphrygiens: là encore on fait recette:

 

Montanus (Montan) était le fondateur de cette secte que l’on appelait aussi Montanisme. Montanus originaire de Phrygie (actuelle Turquie) aurait été prêtre attaché au culte païen de Cibèle, la déesse de la terre mais aussi mère des dieux. Converti au christianisme il va conserver de sa croyance originale la volonté de donner aux femmes un rôle prépondérant dans son nouveau culte. Selon Montanus Jésus avait promis d’envoyer le paraclet (saint Esprit) après sa mort, pour continuer à enseigner les choses qui n’avaient pas été comprises durant sa vie.
Montanus prétendait être non le paraclet, mais le véhicule au travers duquel il se manifestait. Il associa à son culte deux femmes qui semblaient être bien disposées pour les extases et la suggestivité. Priscilla (ou Prisca) et Maximilla qui après avoir quitté leurs maris et avoir été élevées au rang de vierges devinrent prophétesses.
La persistance du culte de Cybèle dans le christianisme de Montanus apparaît encore quand on sait que cette déesse de la terre pratiquait la divination et que surtout il était coutumier de lui élever des temples près des fissures d’où s’échappaient des gaz. Si le lien avec la Pythie de Delphes est évident, il n’en reste pas moins que son avatar grec est Déméter.
Quoiqu’il en soit l’activité des deux prêtresses, et surtout leur succès, ne fut pas du goût de tout le monde et les opposants proposèrent de les faire exorciser. Montanus refusa au prétexte que c’eut été exorciser le Saint Esprit. Les évêques régionaux décidèrent d’excommunier les disciples de la secte.
Les cataphrygiens exaltaient la virginité, interdisaient les secondes noces, interdisaient de remettre certains péchés, en particulier en cas de récidive. Ils étaient chiliastes et attendaient donc le prochain retour de Jésus. Maximilla mourut après Montanus et Priscilla. Elle avait annoncé qu’elle serait la dernière prophétesse avant la fin du monde.
Pour faire bonne mesure, et avec les réserves d’usage, les Montanistes furent soupçonnés de pratiquer des actes de barbarie sur de enfants :
« .. avec une lancette ils pratiquent une foule de piqûres sur le corps d’un enfant d’un an : le sang qui en sort est mélangé à de la farine, et ils en font du pain, et préparent ainsi une sorte d’Eucharistie. Si l’enfant meurt on le regarde comme un martyr, s’il survit, comme un grand prêtre
»

 

(Les grands et petits avatars)

 



 

[Article Montan ou Montanus de Phrygie (Wikipédia) voir Synapses évangéliques chantier]

 



 

En Conclusion Montanus auquel il est fait allusion par "L'asien fondadeur des cataphrygiens" et Basilide sont bien du IIème siècle, des gnostiques. Les Arsinous, Valentin et Miltiade ne nécessitent pas d'identification puisqu'il sont les co-auteurs du "nouveau livre de Psaumes" pour Marcion.

 

Il est dit que l'Eglise officielle ne recevra "absolument rien" d'eux.

 

Savoir que le père des hérétiques, et père des gnostiques est Simon le magicien, de Samarie et évoqué par Luc dans Actes 8: 9-24, donc actif au 1er siècle. Il se convertit par Philippe mais quand peu de temps après Pierre et Jean vinrent en Samarie, il s'écarta ouvertement de la foi chrétienne. Dante, dans sa Divine Comédie le citera: « Ô Simon le magicien ! ô misérables qui suivez ses traces ! vous dont la rapacité prostitue, pour de l’or et pour de l’argent, les choses de Dieu" car il voulut acheter à Pierre son pouvoir de faire des miracles Simon le magicien sera aussi représenté dans un chapiteau roman dit "Simon le magicien, les démons et la naissance de la vigne" à la porte Mégieville de la basilique Saint-Sernin de Toulouse, bâti pour abriter les reliques de Saint-Saturnin, évêque de Toulouse martyrisé en 250, et devenu l'un des plus importants centres de pèlerinage de l'Occident médiéval. La mort de Simon Magus est représentée aussi sur une huile sur toile datée de 1493 (de the Nuremberg Chronicle or Liber Chronicarum, 1493)

 

Selon le 33ème chapitre de l'apocryphe Actes de Pierre (datant d'environ 175-210), il aurait séduit la foule en volant dans le ciel, ce que représente la peinture. Cet apocryphe fantaisiste est une joute de miracles entre un chrétien et un païen: Simon. Pierre pour prouver la supériorité du Christ va lui envoyer comme messager un chien à qui il donne la parole ou encore ressuscite un hareng, tout cela devant la foule qui doit être convertie au christianisme. Simon chute dans son vol, et rendu au sol, il est lapidé. À part cela, Pierre insiste sur la miséricorde de Dieu pour tous, même un Simon magicien qu'il appelle "l'Ange du Diable Simon". Et ce semeur de trouble qui renversa une statue de l'empereur est devenu très populaire au Québec. Le juron québécois "simonac" n'est pas un blasphème pour l'Église catholique qui a créé en référence à cet homme la simonie: l’achat et la vente de biens spirituels, tout particulièrement d'un sacrement et, par conséquent, d’une charge ecclésiastique...

 

Les débats et polémiques de Simon avec Pierre sont abondamment cités dans les pseudo-clémentines. Le roman pseudo-clémentin est un apocryphe "chrétien" connu en deux recensions, l'une grecque, l'autre latine, traduite du grec par Rufin d'Aquilée (début du Ve s.). Eusèbe de Césarée l'atteste dès 325, suivi Basile de Césarée avant 379. Mais les deux ouvrages ont une source commune, l'Écrit de base, remontant probablement de la première moitié du IIIe s. et qui intégrait lui-même un écrit judéo-chrétien de la fin du IIe s.

 

Présentant des problèmes de composition très complexes, cette littérature se révèle essentielle pour la connaissance du judéo-christianisme, de son histoire et de ses doctrines au IIIe siècle.

 

Certes, Simon le magicien n'est pas vraiment dangereux pour les chrétiens, puisqu'il n'a laissé aucune doctrine. Ce sont ses rejetons qui le seront, et en premier lieu Marcion!

 



 



 

En Conclusion Montanus auquel il est fait allusion par "L'asien fondadeur des cataphrygiens" et Basilide sont bien du IIème siècle, des gnostiques. Les Arsinous, Valentin et Miltiade ne nécessitent pas d'identification puisqu'il sont les co-auteurs du "nouveau livre de Psaumes" pour Marcion.

 

Il est dit que l'Eglise officielle ne recevra "absolument rien" d'eux.

 

Savoir que le père des hérétiques, et père des gnostiques est Simon le magicien, de Samarie et évoqué par Luc dans Actes 8: 9-24, donc actif au 1er siècle. Il se convertit par Philippe mais quand peu de temps après Pierre et Jean vinrent en Samarie, il s'écarta ouvertement de la foi chrétienne. Dante, dans sa Divine Comédie le citera: « Ô Simon le magicien ! ô misérables qui suivez ses traces ! vous dont la rapacité prostitue, pour de l’or et pour de l’argent, les choses de Dieu" car il voulut acheter à Pierre son pouvoir de faire des miracles Simon le magicien sera aussi représenté dans un chapiteau roman dit "Simon le magicien, les démons et la naissance de la vigne" à la porte Mégieville de la basilique Saint-Sernin de Toulouse, bâti pour abriter les reliques de Saint-Saturnin, évêque de Toulouse martyrisé en 250, et devenu l'un des plus importants centres de pèlerinage de l'Occident médiéval. La mort de Simon Magus est représentée aussi sur une huile sur toile datée de 1493 (de the Nuremberg Chronicle or Liber Chronicarum, 1493)

 

Selon le 33ème chapitre de l'apocryphe Actes de Pierre (datant d'environ 175-210), il aurait séduit la foule en volant dans le ciel, ce que représente la peinture. Cet apocryphe fantaisiste est une joute de miracles entre un chrétien et un païen: Simon. Pierre pour prouver la supériorité du Christ va lui envoyer comme messager un chien à qui il donne la parole ou encore ressuscite un hareng, tout cela devant la foule qui doit être convertie au christianisme. Simon chute dans son vol, et rendu au sol, il est lapidé. À part cela, Pierre insiste sur la miséricorde de Dieu pour tous, même un Simon magicien qu'il appelle "l'Ange du Diable Simon". Et ce semeur de trouble qui renversa une statue de l'empereur est devenu très populaire au Québec. Le juron québécois "simonac" n'est pas un blasphème pour l'Église catholique qui a créé en référence à cet homme la simonie: l’achat et la vente de biens spirituels, tout particulièrement d'un sacrement et, par conséquent, d’une charge ecclésiastique...

 

Les débats et polémiques de Simon avec Pierre sont abondamment cités dans les pseudo-clémentines. Le roman pseudo-clémentin est un apocryphe "chrétien" connu en deux recensions, l'une grecque, l'autre latine, traduite du grec par Rufin d'Aquilée (début du Ve s.). Eusèbe de Césarée l'atteste dès 325, suivi Basile de Césarée avant 379. Mais les deux ouvrages ont une source commune, l'Écrit de base, remontant probablement de la première moitié du IIIe s. et qui intégrait lui-même un écrit judéo-chrétien de la fin du IIe s.

 

Présentant des problèmes de composition très complexes, cette littérature se révèle essentielle pour la connaissance du judéo-christianisme, de son histoire et de ses doctrines au IIIe siècle.

 

Certes, Simon le magicien n'est pas vraiment dangereux pour les chrétiens, puisqu'il n'a laissé aucune doctrine. Ce sont ses rejetons qui le seront, et en premier lieu Marcion!

 

 

 



 

 

 

MURATORI (Premiers jets)

 

(sur « Le canon de Muratori » de Pascal Dupuy)

 



 

Ma note personnelle :

 



 

On ne connaît pas le début du texte. L'ordre donné des deux derniers évangiles et celui du deuxième supposé Marc n'est pas censé être celui chronologique de l'écriture de chaque évangile mais celui d'ordre logique (sans qu'il soit noté) à instituer dans le canon qui était discuté alors.

 

Dans un second temps, on voit bien qu'il visait à officialiser les écrits canoniques, à discuter sur d'autres et à en rejeter certains.

 

Le fragment de Muratori, datant de l'an 170, est la plus ancienne liste connue d'écrits considérés comme « canoniques » autrement dit authentiques par les chrétiens.

 

La menace que représentait la prolifération d'apocryphes et son plus illustre défenseur Marcion (85-160), proche des gnostiques et considéré comme hérétique par l'église officielle pressa celle-ci à constituer un catalogue des livres que les chrétiens devraient accepter. Marcion procéda de même, ainsi on avait deux églises fondées. L'église officielle reconnaissait pour siens : les quatre Évangiles (selon Matthieu, Marc, Luc, Jean), le Livre des Actes Mais les Actes de tous les apôtres ont été écrit en un seul livre. Luc fait entendre à l’excellent Théophile que toutes choses s’étaient passées de son temps et il le montre évidemment en laissant de côté la passion de Pierre et aussi le départ de Paul quittant la ville pour l’Espagne. »), les lettres de Paul aux sept Églises, suivant en cela l'exemple de Jean dans son Apocalypse,(« qui déclarent elles-mêmes, pour ceux qui voulaient comprendre, de quel lieu et pour quel motif elles ont été envoyées. Avant tout, aux Corinthiens, interdisant les hérésies du schisme; ensuite aux Galates,[interdisant] la circoncision. Mais, aux Romains, faisant connaître l’ordre des Écritures, et que leur principe est le Christ, il écrivit plus longuement.Avant tout, aux Corinthiens, interdisant les hérésies du schisme; ensuite aux Galates,[interdisant] la circoncision. Mais, aux Romains, faisant connaître l’ordre des Écritures, et que leur principe est le Christ, il écrivit plus longuement.De chacune, il est nécessaire pour nous de disputer, puisque Paul, le bienheureux apôtre, suivant l’ordre de son prédécesseur Jean, n’écrit nominativement qu’à sept Églises, sous cet ordre: aux Corinthiens la première, aux Ephésiens la deuxième, aux Philippiens la troisième, aux Colossiens la quatrième, aux Galates la cinquième, aux Thessaloniciens la sixième, aux Romains la septième. Bien que, pour correction, il répète aux Corinthiens et aux Thessaloniciens.),l'Apocalypse de Jean(« on sait pourtant qu’il n’y a qu’une seule Eglise, répandue sur tout le cercle de la terre, car Jean lui-même tout en écrivant l’Apocalypse à sept Églises, s’adresse cependant à toutes. ) ainsi que l'épître de Philémon, celui de Tite, deux de Timothée [« Que s’il existe une (épître) à Philémonet une à Tite et deux à Timothèe, par attachement et affection, cependant parce qu’elles tendaient à l’honneur de l’Eglise catholique par le bon ordre de la discipline ecclésiastique, elles ont été composées avec un caractère sacré. ») la lettre de Jude et deux lettres signées de Jean (« doivent être retenues  dans l’Eglise catholique »), de même que la Sagesse écrite par des amis de Salomon en l’honneur de celui-ci, enfin le Pasteur d'Hermas.

 

Mais on discute sur l'Apocalypse de Pierreque quelques uns des leurs ne veulent pas qu'on lise dans l'Eglise, et rejette tout d'Arsinous, de Valentin et de Miltiade qui ont écrit pour Marcion un nouveau livre de Psaumes pour Marcion, avec Basilide [et] l’Asien fondateur des cataphrygiens, une lettre aux Laodiciens et d’une aux Alexandrins, forgées sous le nom de Paul, « pour l’hérésie de Marcion » encore.

 



 

J'ai pioché dans deux traductions – tantôt l'une, tantôt l'autre – présentant des différences énormes et incompréhensibles pour un travail d'experts. Ainsi l'un parle de lettres de Jean, l'autre de Pierre ; et celui qui donne ce dernier nom ajoute une lettre de Jacques. L'un des traducteurs cite plus haut une lettre à Philémon, l'autre pas.

 

 

***

 



Vous vous demandez peut-être à quand remonte la rédaction originelle des informations contenues dans le Canon de Muratori. Apparemment, le texte original a été écrit en grec plusieurs siècles avant le Canon, qui est de fait sa traduction en latin. Un indice permet de déterminer plus précisément la date de rédaction. Le Canon de Muratori mentionne un livre non biblique, le Pasteur, et déclare qu’un homme du nom d’Hermas l’a écrit “ bien plus récemment, en nos temps, [...] à Rome* ”. Or, les historiens situent la version finale du Pasteur d’Hermas entre 140 et 155 de notre ère. Voilà pourquoi on estime que le texte grec original, repris en latin dans le Canon de Muratori, a été rédigé entre 170 et 200 de notre ère.

 

*

 

MURATORI  (texte trouvé):

 

« Rédigé en latin au VIIe ou VIIIe siècle, il est la traduction d'un original en grec datant du IIè siècle. La référence au Pasteur d'Hermas et à Pie1er le font situer aux alentours de l'an 170 après Jésus-Christ. »

 



 

Rêve de ce matin, dimanche 17 « de Carême » (février 2012 ) : « auteur de 9 récits, donc 7 sont des lettres: Colossiens, Corothiens ? Galates ? Etc. ». Ne serait-ce pas Luc ? Je ne me souviens plus du nom de l'auteur. Seul Jean et Luc sont auteurs d'écrits autres qu'epistolaires. Pour moi, dans le contexte de mes recherches d'hier, ce ne peut être que Luc. D'ailleurs c'est Marc à qui je semblais penser  quand me furent « dites » ces paroles, comme par rapprochement (les deux sont « non témoins ». Bref, les 7 lettres attribuées à Paul dans le document de Muratori seraient de Luc. Cela est tout à fait envisageable vu sa qualification. On sait que Paul était très bon orateur, mais écrivain ? Il se peut qu'il est utilisé Luc comme « nègre » ou transcripteur de ses paroles - celui-ci étant très instruit et rôdé à l'écriture. Aussi il aurait été son secrétaire, un délégué comme Marc vis à vis de Pierre.

 

On peut se poser la question sur le système de distribution. La lecture de Colossiens 4 : 16 suggère que des copistes devaient être employés pour faire circuler en double le contenu des lettres, à moins que l'original était envoyé par poste à bateau et cheval. Il y avait des échanges fait entre les congrégations multiples et disséminées.

 

Les apôtres et les anciens se rassemblèrent pour examiner cette affaire ( Actes 15:6) : « collège central »

 

L'auteur est forcément un évêque ou pape de Rome ou un des évêques des pays christianisés. (soit Pie 1er entre 140 et 155, soit Anicet entre 155 et 166 , soit Sôter 166-175 ; soit Eleuthère 175-189 ; soit Victor 1er 189-199, voire Zéphyrin 199-217)

 

*

 

Autres notes :

 



 

Sur Jean comparé aux autres évangiles.

 

 

 

Cela relèverait du sophisme, pour ne pas parler d'infantilisme d'appliquer une vue darwinienne pour dater les évangiles: le plus archaïque étant le plus ancien et le plus élaboré le plus récent. Ainsi on a l'évolutionniste schéma synthétique Marc-Jean communément admis...

 

 

 

C'est à cela qu'il est fait allusion quand il est dit Pierre“sur toi je fonderai mon église“ par l'élection de Matthias, douzième apôtre nommé à la Pentecôte (an 33?)

Pour connaître la vérité ou s'en approcher il faut savoir de qui elle provient et quel est son intérêt. Est-il juif? Est-il chrétien? Ou autre?

 

 

 

De la loi judaïque (ou mosaïque) et de celle des chrétiens

 

 

 

J'ai fait un autre rêve dans ma nuit matinale (18 février). Il est plus flou, mais d'autant que je puis me souvenir, il tournait autour du judaïsme.

 

Cela rentre en écho avec ce que je lisais en me promenant dans ma petite Bible Louis Second. J'ai connu des Bibles plus petites, mais celle-là entrait tout juste dans la poche de mon manteau. J'y ai parcouru les derniers épîtres puis la Lettre aux Romains de Paul.

 

J'y ai souligné entre autres: „Anéantissons-nous donc dans la loi par la foi? Loin de là! Au contraire, nous confirmons la loi!“ Ce qui résonne avec la parole rapportée dans l'Évangile: „ Je ne suis pas venu anéantir la loi, mais l'accomplir.“ L'accent mis par Paul sur la foi et sur l'Amour comme l'accomplissement de la loi a beaucoup irrité et scandalisé les juifs, comme au temps de Jésus-Christ. Celui-ci, comme Paul son héritier, ne remettait pas en question la loi qui pour eux tenait dans les dix commandements, ils allaient au contraire plus loin. On se rappelle les formules célèbres de Jésus-Christ: „Vous avez entendus dire […

 

or moi je vous dis… “

 

Ce contre quoi s'est insurgé Jésus-Christ c'est contre tous les rituels qui sont venus s'ajouter aux dix commandements. Ceux-ci sont lettres mortes a dit Jésus

 

Les nouveaux commandements et lois sont pour les chrétiens :

 

1 - « que celui qui aime Dieu aime aussi son frère » (I Jean 4 : 21) en écho avc Matthieu 22 : 37 et la parole de Jésus « Aime ton prochain comme toi-même illustré par la parabole du samaritain.

 

I Jean 3 : 23 «Oui, voici son commandement : que nous ayons foi dans le nom de Jésus-Christ et que nous nous aimions les uns les autres, tout comme il nous a donné le commandement. »

 

II Jean 4, 6

 

Jean 13 : 35 : « Je vous donne un commandement nouveau : que vous vous aimiez les uns les autres comme je vous ai aimé »

 

14:15 : Si vous m'aimez vous observerez mes commandements.

 

15 : 14 : Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous demande »

 

2 – Le commandement de prêcher en Matthieu 10 : 1-42 et 11 : 1-12 condensé dans Luc 9 : 1-6 et 10:1-12, encore plus condense dans Marc 3:13-15 et 6 : 7-13. Pas d'équivalence dans l'Évangile de Jean.

 

Matthieu 28 : 19-20 va plus loin dans l'étendue de la prédication : Allez donc et faites des disciples de gens de toutes les nations » ce qui était déjà suggéré en 24:14.

 

3 – La loi de l'esprit condamnant la chair en Romains 8:1-14 ; Galates 5:16-25 ; 6:7-8.

 

4 – La non obligeance pour les Gentil de se faire circoncire (Galates 6:12-16, voir aussi Romains 2 : 25-29 et 3 : 1-6)

 

5 – La loi de Dieu et du péché en combat intérieur (Romains 7:21-25)

 

6 – La loi du péché et de la mort introduit par Adam et Eve. (Romains 5 : 12-21 ; 6:14) à laquelle porte secours la loi de la faveur imméritée de Jésus et de la rémission des péchés.

 

La loi de la connaissance du péché par la Loi (Romains 7:7-12)

 

7 – La loi de la foi opposée à celle des oeuvres : (Romains 3:27-28 ; 4 : 4-5 ; 9 : 30-32 ; Jacques 2 : 17-26 va plus loin encore)

 

8 – La loi du mari (Rm 7 : 2 ; I Cor. 7:39)

 

Elle s'accorde avec la place qu'occupe Dieu en tant que « mari » par rapport à la Jérusalem d'En-Haut.(Galates 4 : 26, 31 ; Révélation 12 : 1 , 4-6, 13-17 et qui trouve écho avec Isaie 54:5 ; Jérémie 31:32.

 

La loi du mari pour le chrétien est exposée en Romains 7 : 2,3 et I Corinthiens 7 : 39 qu'on peut comparer avec de nombreux versets du Pentateuque (ex : Nombres 30 : 6-16)

 

 

 

Oh là là ! Ils en ont bouffé de la loi, et de la culpabilité !

 

Ils ont renforcé la loi de la culpabisation, morale judéo-christienne sous laquelle on est encore en grande partie.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Synapses évangéliques - La très Bonne Nouvelle selon Stéfanos
  • Oeuvre en cours écrite par poète immergé dans la Bible de 0 à 22 ans. part exégétiq (enquêt), part morale sans être moralisat (La très Bonne Nouvelle selon Stefanos). Le tout avec humour. Fruit de ms rech. Evgiles, épîtr (ms dat). clés pour chro Actes
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Publicité