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Synapses évangéliques - La très Bonne Nouvelle selon Stéfanos
15 mars 2015

Le contexte précède le texte, Le contexte précède Dieu

 

J'aime cette parole d'Annick Souzenelle qui dit que nous ne pouvons rien sans Dieu et que Dieu ne peut rien sans nous. Cette formule provient du psychanalyste Jung (celle étant reconnue comme jungienne) et donc on peut dire que Jung fait partie du contexte de Souzenelle qui disait en substance dans son étude sur Job que Dieu changeait avec nous. Il aurait pu ajouter : « avec le contexte. » Et qu'est-ce que le contexte ? C'est le terrain, et ce terrain est à la fois tel homme en dialogue avec lui (qui fut le cas de Moïse), et c'est la culture, la réalité présente (construite par l'homme). C'est donc le traitement par « Celui qui est » de « ce qui est ». L'homme est le terrain incarné de Dieu, il est en quelque sorte le contexte de Dieu (égal au Texte nous dit Ouaknin dont on reparlera plus loin).

Il me faut développer plusieurs concepts avant de revenir à cette question fondamentale : le contexte précédant le texte.

Dieu, s'est sans doute incarné en la Nature en tant que terrain symbolique, mais il s'est sans doute aussi incarné en l'homme en tant que Verbe qui permet l'assimilation de la symbolique, et ce Verbe est d'autant plus fort s'il est fixé : c'est l'écriture.

Pour l'homme, Dieu est le Soi, c'est à dire la plus haute réalisation de l'Homme que ce soit au niveau individuel ou collectif. Mais il est vrai que Jung a parlé du Soi à un niveau individuel, d'où l'importance de l'individuation qui lui est chère, alors qu'il a par ailleurs agrandit l'inconscient individuel à l'inconscient collectif.

Il est certain que si le mythe du déluge se trouve dans le monde entier, c'est que l'inconscient collectif comporte une mémoire collective comme il existe une mémoire individuelle. On ne va pas davantage développer ce sujet pour serrer au plus près mon sujet.

Ce collectif se compose dans sa plus petite partie de la famille, mais on parlera ici d'inconscient familial. Le collectif commence vraiment avec la tribu, qui devient dans un agglomérat civilisations et dans l'agglomérat des civilisations empire (ex : l'empire romain) et dans l'agglomérat de toutes les tribus, de toutes les civilisations la mondialisation. On est passé de la conquête à l'évangélisation et de l'évangélisation à la colonisation (mais souvent avec interpénétration des deux) et de la colonisation à la mondialisation (surtout depuis internet).

Je reprendrais succinctement l'analyse de l'évolution des civilisations par Jérémy Rifkin, économiste et conseiller politique pour expliquer la cause à effet : le contexte avant le texte. On est passé d'une conscience mythologique (celle des chasseurs-cueilleurs) à une conscience théologique (celle des premières grandes civilisations), à une conscience idéologique (XIXème siècle, poussée par le contexte de l'industrialisation), à une conscience psychologique (dans le contexte du téléphone et du pétrole) et nous sommes en passe à une conscience biosphérique (ou écologique) surtout depuis l'apparition d'Internet. Mais il est clair que cette conscience n'a pas partout dans le monde évolué de la même manière, ou tout le monde n'est pas dans ce stade-là. Beaucoup sont encore englués dans le contexte mythologique et théologique : ce sont les religieux du monde entier. Ceux qui, alors même qu'ils vivent dans le même monde mondialisé, ont accès à internet, n'en sont pas moins déphasés puisqu'ils n'évoluent pas avec le contexte, mais se raccrochent au texte comme un absolu de tous les temps. Mais alors pourquoi Allah ou Yhwh ne se sont pas révélés dès l'apparition de l'homme ? Déjà l'homme de Croc-Magnon aurait dû avoir la révélation. C'est donc bien qu'une parole vient en un temps donné, répondant à un besoin du moment et non que cette parole « de Dieu » est absolue pour tous et tous les temps. Ce ne sont jamais que les réponses d'un homme se reliant au plus haut de l'homme (de lui-même, qui est le Soi ou le divin en lui en opposition et en dialogue avec le « moi » ou partie animale et égotique de l'homme) pour guider son peuple, qu'on l'appelle chaman, prêtre ou prophète. Il ne faut pas oublier que dans la plus haute antiquité, la Connaissance n'appartenait qu'à une élite royale, sacerdotale ou savante. La grande majorité des hommes étaient des ignares, des moutons qui se laissaient guidés par un chef, un berger. Ainsi, Moïse, qui avait été élevé à la cour de Pharaon a t-il pu apporter avec lui dans l'Exode les mystères de l'écriture et de la cosmogonie égyptienne. Il avait le charisme d'un chef, il était un initié. Ce qui explique qu'aucun individu du peuple ne veuille parler avec Dieu dont ils voient la manifestation effrayante pour eux en le mont Sinaï et que tout le monde dise à Moïse : « Vas-y toi ». Moïse c'est en quelque sorte le médiateur du Soi collectif, où l'individu n'existe pas en dehors du chef, de l'élite. Mais il n'y a pas vraiment d'inconscient individuel, puisque Moïse lui-même n'est pas au service tellement de son individuation, mais du collectif, ou c'est dans la mesure où il accomplit sa mission qu'il accomplit le Soi individuel passant par l'accomplissement du Soi collectif.

Un peuple « livré à lui-même », à ses plus bas instincts , il lui faut bien des règles de communauté, une communauté de plus qui est plus dans la survie que dans la vie, où la procréation ne peut être donc qu'un mot d'ordre. Contexte encore.

Il est évident que si est né une Torah orale, précédant le texte lui aussi (son contexte donc), Moïse le législateur n'est pas l'écrivain de celle-ci mais qu'elle transmet fidèlement un pré-texte (« texte » oral) Comme on sait que les premiers textes de la Bible hébraïque datent du VIIIème siècle, il n'est pas difficile de l'expliquer par le contexte encore, sans passer par une « révélation ». À ce moment-là, les hébreux sont déjà bien installés en « Terre promise », après la conquête par Josué et les Juges ; c'est de l'époque des rois que datent les premiers textes bibliques. Israël était donc devenu une civilisation à part entière, et qui dit civilisation dit forcément écriture (comme le dit Roger Sabbah). On sait que d'un côté, Moïse vient de l'Égypte, dont il rapporte un patrimoine, dont scriptural; que d'un autre, dans une zone médiane, on a trouvé une écriture paléo-sinaïtique (au Sinaï, qui est une écriture des esclaves d'Égypte (et ces esclaves étaient en grande partie asiatiques), que les hébreux se sont installés en un pays cananéen (qui a un fort lien avec l'Égypte), que l'alphabet protosinaïtique (1700-1525) est dérivé de l'égyptien dont il emprunte de nombreux signes qu'il remodèle, que l'alphabet protocananéen (1525-1200) ou phénicien (postérieur à 1200 av J C) lui est dérivé, puis l'alphabet araméen, puis l'alphabet hébreu. On retrouve cette même filiation au niveau littéraire. Comme le dit Gérard de Nerval (que j'abrège) : vous avez imité Diderot qui avait imité Sterne qui avait imité Swift qui avait imité Rabelais qui avait imité Merlin Coccaïe qui avait imité Pétrone qui avait imité Homère. On sait par ailleurs, qu'Abraham (qui est le plus ancien patriarche et donc représente l'origine) est mésopotamien. Donc, il apporte avec lui le mythe du déluge dans l'Épopée de Gilgamesh. La Mésopotamie est l'autre pays des origines, le plus ancien, ce qui est logique puisque si l'alphabet est plus du côté de l'Égypte et de Canaan, l'invention de l'écriture qui lui est de loin antérieure de 1500 ans est du côté mésopotamien avec les Sumériens. Ce n'est pas pour rien qu'Abraham migre de la Mésopotamie vers l'Égypte en passant par Canaan, puis que le peuple d'Israël (qui le devient avec Jacob) migre sous la conduite de Moïse vers la Terre Promise. Ainsi la Bible est la mise en perspective de ses origines (celle de ses parents que représentent la Mésopotamie et l'Égypte, Israël se trouvant au milieu) racontant en quelque sorte son passage de l'enfance à l'âge adulte (l'adolescence serait ce passage incarné dans l'Exode), l'histoire de son « élection » et émancipation. En un sens, la Mésopotamie est son père, l'Égypte est sa mère, mais lui, Israël est destiné à devenir unique, à se détacher de ses parents, se formant une « individualité propre », une culture propre (ou personnalité propre). C'est dans cette autonomie que peuvent se constituer les premiers textes d'Israël fixant son histoire personnelle, sa mythologie personnelle, ou sa « légende personnelle » (comme dirait Coehlo) alliant histoire et mythe (l'histoire née, construite de la confrontation avec les autres peuples – qu'ils soient amis ou ennemis – , mythes empruntés pour une bonne partie à ses parents, mais qu'il remodèle). L'Église a bâtit en Gaule sur les anciens lieux telluriques (dolmens) ; Israël a bâti sur le terreau de tout le bassin du Moyen-Orient en particulier de la Mésopotamie et l'Égypte, mais sans négliger l'apport de Canaan, bien qu'il apporte avec lui le monothéisme, héritier d'Akhénaton sans doute. Tout, à quelque niveau, est syncrétisme, ou pour dire plus simplement « miel » de plusieurs fleurs (ou nectar de plusieurs fleurs qui passant par soi devient miel).

Que l'hébreu soit une langue d'une force incroyable, cela est indéniable, mais cette force vient de beaucoup de la conjonction des différents apports, et je suis persuadé que cette force provient d'une part de la conjonction des hiéroglyphes, du culte du secret dont il a hérité d'Égypte et des alphabets (tous d'une puissance intrinsèque), d'autre part dans la puissante synthèse de ces apports, naissant à elle-même dans sa profonde originalité. En agronomie, on dirait que c'est une terre riche et d'une grande cohésion. Puissante structure et grande texture. Ce qu'il faut en eau et en air. La terre idéale.

Mais quelle que soit la force de cette langue, rien n'autorise objectivement à la qualifier comme supérieure aux autres, ou du moins à laisser penser que le peuple qui la possède ou qui est traversé par elle soit supérieure aux autres peuples.

Nul texte dit « sacré » ne naissant sans contexte (spatio-temporel, historico-culturel, etc), il n'y a pas lieu de prendre ni la Torah, ni toute la Bible, ni le Coran, ni les Védas, ni aucun autre comme la Parole absolue, la Vérité. Tous les livres sacrés et même profanes ont une part de vérité, plus ou moins grande. Il est certain que les textes sacrés, religieux, contiennent plus de vérités éternelles, déjà rien que du fait qu'ils rendent compte plus que tout autre texte d'une spiritualité et d'un sentiment du sacré, du divin. Mais ces textes, tout grands qu'il soient, sont soumis au(x) contexte(s) dans lesquels ils sont nés, où ils furent écrits.

Il n'y a pas de « Parole de Dieu » non critiquable .

Il est surprenant que les juifs qui sont de grands interprètes de la Torah, ne voient pour beaucoup, surtout parmi les orthodoxes, qu'on pourrait interpréter « Tu quitteras ton père et ta mère » par tu quitteras la culture de tes pères pour devenir toi-même». On pourrait dire "Quitte ton pays (ta culture) et va vers Toi" (le Soi) comme dit Annick de Souzenelle dans sa traduction des paroles de Yhvh à Abram (qui deviendra Abraham) Non pas qu'il faille renier la Torah, mais la remettre à sa juste place, la voir comme le livre de parents qui en savaient moins sur l'homme que nous. J'ai entendu dire un rabbin dans une interview, lorsqu'on lui reprochait de n'être pas en accord avec son temps sur la question de la sexualité (je cite de mémoire): « Jamais le peuple juif n'a été en accord avec son temps, et ce n'est que le jour où le monde sera en accord avec Dieu que les juifs seront en accord avec le monde » (http://www.akadem.org/sommaire/themes/vie-juive/place-de-la-femme/approche-textuelle/femmes-gays-et-lesbiennes-14-03-2014-58155_385.php)

Je lui aurais bien répondu volontiers : ce n'est pas parce que tes pères étaient ignorants que vous êtes tenus de l'être tout autant ; ce n'est pas parce que tes pères se sentant du peuple élu cultivaient le sentiment de persécution qu'il faut les imiter. Je pense à l'expression populaire (d'une sagesse plus grande que maints passages de la Torah devenus obsolètes pour aujourd'hui): « ce n'est pas parce qu'il est con que tu dois l'être». Je n'irai pas jusqu'à dire cela (mais l'idée est là) préfèrant parler d'ignorance, mais une ignorance qui n'est pas à culpabilisée, puisqu'ils ont reçu, ces Pères, ce dont ils avaient besoin en leur temps, pour se construire une identité. En revanche, vraiment obtus et en situation d'esclavage sont ceux ne savent pas décrocher leur nez de la Torah pour guider leurs pas et ceux surtout de son semblable (juif - le circoncis) et même, dans l'idéal, de son prochain (non juif ou incirconcis). Pour faire un jeu de mots, je ne vois aucune différence entre "un circoncis" et "incirconcis" (ou alors un nain circoncis? - J'ai trouvé un nain, sir, concis...)

Je reprends mon sérieux.

J'ai beaucoup entendu Ouaknin dire assez péremptoirement qu'on ne pouvait posséder la Torah (ou Dieu) ce qui revient au même. Eh bien, adultes du XXIème siècles, il est grand temps que vous lâchiez la Torah comme référence absolue, de cesser de tout rapporter à elle (de plébisciter ainsi un Kafka parce que « kabbalistique »), oui même dans la plus grande ouverture d'interprétation. De cesser de vous pencher sur la Torah pour décider que penser de l'homosexualité et de l'attitude à avoir envers elle et les homosexuels. Il ne s'agit plus d'interpréter (sauf si on veut se faire une petite masturbation hébraïque), mais de cesser de s'y référer sauf pour soi-même si ça nous chante.

Je citerai un lien qui montre bien l'aberration du status quo du système judaïque pour aujourd'hui.

https://brouillonsdeculture.wordpress.com/2011/08/07/a-tous-les-homophobes-citant-la-bible/

Une autre aberration, plus grande encore, c'est d'entendre un témoignage d'un rabbin homosexuel qui ajoute « mais avec un juif, il y a des limites tout de même. » Toujours cette intolérable pensée que l'Autre, le non juif, le « non soi » est aussi impur que le cochon pour les musulmans ! Il faut arrêter. Je me souviens Témoin de Jéhovah d'avoir entendu la même rengaine : « se marier dans le Seigneur seulement ! ». Et après on parle de l'Adam kadmon, l'Homme universel ? Quelle cohérence ! À moins de penser qu'en fait l'Homme universel soit le Juif. Ce qui serait plus grave encore.

J'ai entendu Ouaknin faire une belle masturbation hébraïque syr les différents sens des premiers mots de la Genèse où on trouverait les mots « père », « fils », puis en creusant plus profondément (« mère » et « fille »). C'est très bien, passionnant, je reconnais que l'hébreu est une langue particulièrement miraculeuse en ce qu'elle met en mots le code génétique humain. Mais et après ? Est-ce en raison même de ce qu'on y trouve, par exemple, des choses sensationnelles par la guématrie, que l'on peut qualifier la Torah être une référence absolue pour guider nos vies ? Non, le plus grand bien que j'en retire, c'est de voir du sens aux choses, de l'ordre au monde qu'il serait bien hasardeux d'attribuer au hasard.

En lisant le passionnant Mystères de la kabbale, je n'ai pu m'empêcher d'écrire à la fin : « Que d'affirmations pour un homme qui se revendique du non dogmatisme et du «quoi ? » , pour quelqu'un qui dit qu'on ne peut

Lorsqu'aussi j'ai lu la phrase : « Tout ce qui fige et affaiblit la spontanéité de la libre volonté, par des habitudes, des répétitions mécaniques, des inhibitions spirituelles et une passivité de l'intelligence, est une porte ouvert à ce que l'on peut nommer le domaine du mal » Cette parole traduit bien pour moi tout le relatif de la Torah, puisqu'il s'appuie sur elle pour dire cela et tant d'autres choses (dont j'agrée un grand nombre par ailleurs) : en effet, j'ai émis le commentaire suivant sur cette phrase « Il ne s'adresse pas à des autistes alors ! » Je suis autiste Asperger et j'ai maintes habitudes et répétitions (plus que chez les neurotypiques ou « normaux ») qui caractérisent l'autisme. Et pourtant d'un autre côté je suis spontané et la spiritualité est primordiale dans ma vie. Donc si je dois juger la valeur de la Torah à la valeur des paroles de Ouaknin, je dis qu'en l'occurrence ici, c'est du pipot.

Et que devient concrètement la traduction que donne Ouaknin des paroles de Yhvh à Moïse devant le buisson ardent : « Je serai », si les juifs restent englués dans leur passé ? Je ne suis pas d'accord avec Ouaknin qui dit que l'homme n'est pas, qu'il est un devenir. Puisque ce n'est que dans l'être (le présent) que peut émerger le devenir) et celui-ci est comme poussé par le passé, troisième dynamique de l'existence.

Je me suis quelque peu éloigné de mon sujet, mon écriture bout de bois emporté par un courant...

Revenons à notre sujet.

Il est certain que, homme d'aujourd'hui, Moïse (que l'on peut dire l'auteur du Pentateuque même si ce n'est pas lui qui l'a écrit), « écrirait » le Pentateuque différemment. D'ailleurs, il écrirait tout autre chose. Puisque le contexte différent. Il n'en serait pas moins inspiré, mais celle-ci ne serait pas plus absolue, mais utile à ses contemporains et à des générations futures, répondant à un nouveau besoin correspondant à un nouvel état évolutif, une nouvelle conscience. Il n'en serait pas moins relié au Soi, mais cette fois dans une individuation participative au collectif, puisque la Société a vu l'émergence de l'individu, de la personne, que la personne autonome n'est pas plus soumise au collectif qu'à ses parents, qu'elle est responsable, à l'écoute de l'Inconscient, pour accomplir son potentiel, sa mission personnelle. Certes, dans la réalité, beaucoup d'hommes sont encore comme le peuple que dirigeait Moïse, délégant (comme montra Spinoza) leur liberté et leur responsabilité aux autorités, suivant les lois non parce qu'ils les jugent bonnes mais pour ne pas avoir de sanctions, incapables de trouver des lois ontologiques inscrites en lui (les « tables de la loi), mais le nombre de personnes responsables et éveillées s'accroît.

Cet essai est assez sinueux, comme les rivières qui ont (comme l'exprime Ouaknin) comme une sagesse intrinsèque qui dit que les chemins les plus courts et droits ne sont pas toujours les meilleurs, surtout dans un chemin spirituel, un chemin de vie.

*

Je donnerais en extension un texte écrit une semaine avant qui lui fait écho par le sujet. Il a été écrit à la suite de la vision d'un débat sur une vidéo (http://youtu.be/zd-vYC3nXYw), avec entre autres comme invités : Ouaknin, Tariq Ramadan, Jules Ferry.

A mon avis, on ne va pas assez loin dans le débat. Sur la question, par exemple de la lapidation et de manière plus extensive de la peine de mort, on a droit à une rixe entre Tariq Ramadan, philosophe musulman, et Jules Ferry, philosophe laïc et pour une spiritualité laïque. Tous deux ont leurs arguments. Luc Ferry buté, déclare que l'idée même de faire un moratoire sur la lapidation est irrecevable, en insistant sur la barbarie de la pratique. On est bien d'accord, mais Tariq fait lui avec les réalités, compose avec, pédagogiquement, et puis c'est oublier un peu notre histoire en France avec la peine de mort... Les modalités changent avec les cultures, telle mode d'exécution paraît toujours plus barbare dans une culture étrangère que d'autres, et il ne faut pas oublier que les pays musulmans n'en sont pas au même stade d'évolution que la civilisation occidentale, malgré la mondialisation, qui ne font que rendre plus évident le contraste. Le monde maghrébin est en adaptation avec un monde occidental prédominant, avec laquelle il est complètement déphasé, et on sent bien que tous les textes sacrés sur lesquels on s'est référé pendant des siècles, pendant deux millénaires pour la Bible ne donnent plus de réponses face à la modernité sur une certain nombre de questions. C'est comme si Mahomet ou Paul vivaient en notre monde d'aujourd'hui. Mahomet aurait-il les mêmes révélations ou la même Révélation? Paul écrirait-il les mêmes épîtres ? Le problème est là. Comment un homme qui a vécu il y a deux mille ans peut-il peser sur le monde d'aujourd'hui à ce point ? Si il on réfléchit lucidement et objectivement, c'est absurde. Le monde a beaucoup changé, l'homme d'aujourd'hui ne pense pas comme l'homme d'hier, à moins de se raccrocher à des traditions, à des croyances désuètes, il faut bien le dire. C'est comme si les hommes préhistoriques, les hommes de Cro-Magnon, mettons, nous avaient légué un livre sacré (qui devrait question antériorité être sacré «le Livre sacré des livres sacrés »), livre de référence pour des millions de fidèles et qui dirait : « Il faut impérativement et exclusivement manger du Mammouth. » – Excusez-moi, mais il n'y a plus de Mammouth ! (Eh oui ! C'est de la faute à Noé en plus : il a fait entrer dans l'arche l'éléphant mais pas le mammouth !) Et pour un peu que dans la Genèse il fut écrit cela, je ne vous raconte pas la guerre Ah ! Babako le prophète Croc Magnon (mettons) a t-il vraiment reçu la révélation ? serait-on en droit de se demander. Oui, peut-on répondre, mais une parole qui devait être utile en son temps. Dieu  il change comme les hommes. Il fait avec, puisque nous participons à sa nature, nous le construisons. Le contexte n'est plus le même, et le contexte précède le texte et l'enfante, enfante l'inspiration chez un homme ouvert à ce qu'on appelle psychanalytiquement le Soi (Jung).

Quand je vois que les juifs orthodoxes pourrissent la vie sexuelle normale de leur enfant (voir le film « Le sperme sacré »), on se dit : à l'époque de Jésus, ça pouvait se comprendre (même si on aurait aimé de nos jours à avoir en Jésus un grand enseignant au niveau de la sexualité, naturellement, sainement, sans tabou), – mais aujourd'hui ! Si à l'époque on ne pouvait non plus lire le chapitre « Masturbation » sur Wikipédia, aujourd'hui on le peut, et on sait beaucoup de choses que les rabbins et même Moïse ou encore Mahomet ignoraient (pratiquée chez les mammifères, et surtout les grands singes, dont nous supposons fortement descendre, et qui sont en tout cas sans contestent nos plus proche avec 99% de patrimoine génétique commun. Et ce 1% dirait Ouaknin, c'est l'Aleph ! Oui, c'est le programme divin en nous, outre notre dimension animale.

On sait en outre que la masturbation commence dès la vie intra-utérine : si Dieu qui a créé l'homme à son image permet cela sans répression dès avant la naissance, pourquoi vouloir le faire après ? De plus, elle s'avère bonne psychologiquement, pouvant déstresser par exemple (peut faire donc partie d'une hygiène de vie); sans compter bien d'autres choses. [...]

L'étude sur l'évolution de l'esprit humain par Jeremy Rikfin est je trouve très éclairante pour mettre en évidence l'incapacité de se référer sérieusement à des textes sacrés pour répondre aux à l'homme d'aujourd'hui avec ses questions, ses demandes, ses aspirations – à moins de faire une lecture profonde, à un autre degré que celui du pied de la lettre, comme l'a fait Annick de Souzenelle avec la Bible – , de la nécessité de ne plus même considérer ces textes d'emblée comme sacrée et forcément supérieure à tout autre texte « profanes ».

Que dit Jeremy Rikfin cet économiste et conseiller des grands chefs d'Etat ? Que les premières sociétés humaines, chasseurs-cueilleurs, créant le langage pour s'organiser socialement avaient une pensée, une conscience mythologique, que leur empathie allaient vers la famille, la tribu, – point. Qu'avec l'émergence des grandes civilisations coïncidant avec l'apparition de l'agriculture et de l'hydraulique, de l'écriture donnant une capacité de gestion toute nouvelle est né la conscience théologique (je dirais aussi conscience critique). Et cela coïncide aussi avec l'apparition des grandes religions, des grands textes sacrés qui font naître en même temps l'interprétation de ces textes, donc la critique. C'est toute l'antiquité qui est ainsi théologique-critique, même si la théologie grecque est connue surtout pour sa mythologie plongeant ses racines dans la Nuit des Temps. Et avec cette conscience l'empathie s'est étendu aux liens religieux. Ainsi tous les musulmans ou tous les chrétiens seront empathiques entre eux, la religion agrandit la tribu, même si Jésus annonça une empathie plus grande à travers la fameuse parabole du Samaritain et qui fera écho dans la vocation universelle du message de Jésus Christ. L'histoire s'accélère, le temps entre la conscience mythologique et la conscience théologique est plus grande qu'entre la conscience théologique et la suivante qui apparaît au XIXème siècle avec la conscience idéologique (que le marxisme incarne). Elle naît en Occident à l'époque industrielle, tournant autour du charbon qui font tourner les moteur à vapeur. Impression de livres et de journaux en masse, télégraphe, réseaux ferroviaires ; la machine menace de devenir nos maîtres (voir La Bête humaine de Zola) et les grands mouvements ouvriers naissent et la notion de lutte des classes avec Marx. Au XXème siècle, on a eu une deuxième révolution industrielle. Le télégraphe apparaît, le pétrole remplace le charbon. L'empathie s'étend encore, cette fois-ci au niveau psychologique. Même si le roman psychologique, par exemple, naît bien avant, il est de fait que la psychologie en tant que science humaine et nouveau rapport à l'homme, naît vraiment au XXème siècle. Mais notre exploitation sans cesse grandissante de la Terre sans égard pour elle, et pour l'homme, pour la santé globale, a fait naître une conscience écologique ou « biosphérique ». Et on peut dire aussi planétaire, favorisée par Internet.

On voit donc que pour que Paul ou Mahomet soient à la page, il faudrait qu'ils aient vécu trois autres consciences : idéologique, psychologique (et on voit bien que les textes sacrés n'entendent rien à la psychologie) enfin biosphérique. Cela ne veut pas dire que ces textes n'aient rien à dire et qu'ils n'aient pas de valeur. Ils ont énormément de valeur, mais une valeur relative, non absolue. C'est là, par exemple le problème des terroristes qui ont soif d'absolu et se revendiquent d'un livre considéré comme absolue vérité, combien même leur interprétation diffère de la grande majorité des musulmans. Mais sans aller jusqu'à eux, la question de la masturbation et bien d'autres ne sont plus l'apanage des religions, dans les réponses à donner. Il n'y même plus à essayer de vouloir interpréter ces textes pour savoir qui a raison, il y a juste, par exemple en tant que musulman à s'approprier chacun intimement le Coran, et aller voir dans le champ de la Bible, puis dans le champ Bouddhique, de toutes les religions si possible, pour y chercher davantage les concordances que les divergences, et puis butiner dans le champ profane (avec ses poètes, ses penseurs, ses scientifiques, etc.) et puis faire son miel de tout cela. Voilà l'homme spirituel de demain qui n'oubliera pas d'abord de se connaître soi-même et de cultiver le jardin de son âme.

Après, j'ai bien dit « réponse » : il y a une attitude toute intellectuelle, très spéculative, qui veut qu'on ne peut trouver de réponse (ça fait «bien », voir « sage », comme cette citation pompeuse du « pour faire un seul vers...» de Rilke.) Je cite :

A : Et vous avez trouvé la réponse ?

B : Non bien sûr que non, car il est certain que si l'on trouve la réponse, c'est qu'on se trompe, donc seul la complexité de la question est intéressante.

A : On voit bien que le questionnement est infini. Il y avait une phrase de Maurice Blanchot le début de l'émission d'un homme citant Maurice Blanchot « qui parlait peut-être comme un tamuldiste. Il disait : «La vraie question n'attend pas de réponse. S'il y a réponse, celle-ci n'apaise pas la question. Et même si elle y met fin, elle ne met pas fin à l'attente qui est la question de la question. Toute réponse doit reprendre en elle l'essence de la question, qui n'est pas éteinte par celui qui y répond. »

On se demande alors qu'est-ce qu'ils font là, si ce n'est pour essayer ensemble de trouver des réponses qui sont l'essence du domaine politique. Si on ne donne pas réponse, ou on essaye pas de trouver une réponse (qui dit réponse dit aussi solution) à des besoins ou à des problèmes communs (l'objet de ce colloque, il me semble), pourquoi débattre et en plus avec virulence, et surtout dans une lutte d'ego que l'on voit en œuvre autour de la table pour savoir qui a raison? On ne la ferait pas à un enfant ! Combien même l'enfant a une période d'intarissables « pourquoi » avec des réponses amenant un autre pourquoi, si on lui dit : « Attends, tu me demandes pourquoi tu peux marcher, mon enfant ? Tu es sûr que c'est la bonne question ? Tu ne crois pas que la bonne question est : « pourquoi j'ai des jambes ? » Lui, pourras te dire en réponse en voyant un homme en fauteuil roulant : « Lui n'a pas de jambes » Et à la suite émettra t-il un autre « Pourquoi ? ». Il est certain qu'après enquête, l'enfant pourra savoir que c'est parce qu'on les lui a coupé, que parce que c'était nécessaire, à la suite de tel accident, il y a un moment où il sera face au mystère : Pourquoi il a eu cet accident ? (dans le sens profond, ontologique) Il se peut que cet accident soit un défi lancé par Dieu, en effet. Mais à cette question il appartient à la personne concernée d'y répondre en son âme.

Et puis, il y a la maladie de faire des citations que l'on présente comme argument, comme vérité. Nos auteurs profanes sont pris bien souvent comme textes sacrés, on le constate, et ils sont plus prompts à critiquer ces dits textes sacrés, c'est drôle ! Non seulement l'homme qui cite Maurice Blanchot fournit une réponse, mais il cite la pensée d'un homme qui est une réponse aussi, malgré le contenu de cette pensée avec laquelle il se contredit.

Il est certain que la langue dans laquelle ont été écrit les plus grands textes sacrés : l'hindou pour les védas, l'hébreu pour le Pentateuque et la Torah et l'arabe pour le Coran, n'est pas pour rien dans leur force, étant toutes des langues vivantes ou langues racines. Mais cela n'empêche pas qu'ils sont les productions d'un contexte, d'une intense effervescence religieuse et tirant vers la philosophie, et que ceux-ci doivent être considérés à l'aune de nos connaissances actuelles.

 

(page susceptible d'être augmentée)

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  • Oeuvre en cours écrite par poète immergé dans la Bible de 0 à 22 ans. part exégétiq (enquêt), part morale sans être moralisat (La très Bonne Nouvelle selon Stefanos). Le tout avec humour. Fruit de ms rech. Evgiles, épîtr (ms dat). clés pour chro Actes
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