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Synapses évangéliques - La très Bonne Nouvelle selon Stéfanos
20 mars 2013

Résolution de points historiques pointilleux

AVERTISSEMENT: je donne cette partie encore brouillonne telle quelle. Veuillez excuser l'auteur. Pour les amateurs d'humour, et que sa présence ne rebute pas à côté du sérieux de la recherche, ils en trouveront ici.

 

 

Résolution de points historiques pointilleux.

 

 

Nous aborderons ici des points actiens soulevant des questions chronologiques précises et controversées. Parfois, on ira bien au-delà de notre travail chronologique, parce que cela s'impose, et que c'est l'occasion...

 

 1 – L'inversion et l'anachronisme de Theudas et Judas le Galiléen (Chapitre 5 v36)

 

 

 Il s'agit de loin du plus gros problème historique et chronologique. Le seul qui nous fasse dire: "Là, Luc, t'as tout faux! Tu t'plantes grave de chez Grave, ma parole!

 Il suffira pour certains d'une seule "couille", et une grosse, pour le discréditer.

 C'est là que la foi du questeur de bonne foi est rudement mise à l'épreuve.

 Si vous voulez un exemple de foi, en voici un: nous. On va, vous et moi le résoudre ce problème, promis!

 Le bon questeur se dit: "Ma parole, si Luc s'est "planté" vraiment une seule fois sur 28 chapitres, il doit y avoir une explication.

 La clé-flamme du contexte et de la lecture en filigrane va nous être utile: cela va être notre double As, comme dans Judas et Theudas.

 Lisons Actes 5:27-40 qui nous met en présence de Pierre et autres apôtres face à un des Juifs de la Secte des Sadducéens et à un Pharisien nommé Gamaliel.

 

"Et ils les amenèrent et les placèrent dans la salle du Sanhédrin. Le grand prêtre les interrogea et dit: “Nous vous avions expressément ordonné de ne pas continuer d’enseigner à cause de ce nom-là, et pourtant, voyez, vous avez rempli Jérusalem de votre enseignement, et vous êtes bien décidés à faire venir sur nous le sang de cet homme.” En réponse Pierre et les [autres] apôtres dirent: “Nous devons obéir à Dieu, en sa qualité de chef, plutôt qu’aux hommes. Le Dieu de nos ancêtres a relevé Jésus, que vous avez tué, le pendant à un poteau. Dieu a élevé celui-ci à sa droite comme Agent principal et Sauveur, pour donner la repentance à Israël et le pardon des péchés. Et nous sommes témoins de ces événements, ainsi que l’esprit saint que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent en sa qualité de chef.”

 

Quand ils entendirent cela, ils furent blessés au plus profond d’eux-mêmes, et ils voulaient les supprimer. Mais un certain homme se leva dans le Sanhédrin, un Pharisien nommé Gamaliel, un enseignant de la Loi estimé de tout le peuple, et il donna l’ordre de faire sortir ces hommes un instant. Puis il leur dit: “Hommes d’Israël, faites attention à vous quant à ce que vous voulez faire à propos de ces hommes. Par exemple, avant ces jours-ci s’est levé Theudas, qui se disait quelqu’un, et un groupe d’hommes — environ quatre cents — s’est rallié à son parti. Mais il a été supprimé, et tous ceux qui lui obéissaient ont été dispersés et réduits à rien. Après lui s’est levé Judas le Galiléen, aux jours de l’enregistrement, et il a entraîné du monde à sa suite. Et pourtant cet homme a péri, et tous ceux qui lui obéissaient ont été disséminés. Aussi, dans les circonstances présentes, je vous le dis: Ne vous occupez pas de ces hommes, mais laissez-les (parce que, si cette entreprise ou cette œuvre vient des hommes, elle sera renversée; mais si elle vient de Dieu, vous ne pourrez pas les renverser); sinon il se peut que vous soyez trouvés comme des hommes qui combattent en fait contre Dieu.” Alors ils l’écoutèrent, et ils firent venir les apôtres, les flagellèrent, puis leur ordonnèrent de cesser de parler à cause du nom de Jésus et les relâchèrent.

 

 

 

 

 

Il y aurait erreur de Luc, inversion dans l'ordre des évènements:

 

Theudas fit son action en 44, quelque 50 ans après celle de Judas le Galiléen en – 7 (voir Flavius Josèphe).

 

On offrira des précisions ci-dessous, mais on donnera ici rien que sept hypothèses:

 

1 – Luc a eu une confusion dans sa mémoire. D'ailleurs il illustre la sorte de confusion qu'on peut faire entre "Jacques, frère de Jean" et "Jacques, frère du Seigneur".

 

2 – Luc, le médecin méticuleux, Luc l'historien pointilleux, a eu un moment de relâchement: l'erreur est humaine!

 

3 – Luc veut dire qu' "à la suite de lui" (synonyme: "du même gabarit " que Theudas), Judas le Galiléen s'était levé jadis.

 

4 – Luc fait de l'humour pour initiés. L'erreur est si énorme qu'elle ne pouvait échapper à aucun de ses contemporains: c'est comme si on disait: "Avant ces jours-ci s'est levé Nicolas Sarkozy; après lui s'est levé Charles de Gaulle."... Notez que Luc place cette erreur dans la bouche de Gamaliel, un Sanhédrin, un Pharisien "enseignant de la Loi estimé de tout le peuple" qui flagellera ensuite Pierre et les autres: ce n'est donc pas Luc qui fait l'erreur, mais il laisse soin à ses premiers lecteurs de rire de la boutade! Petite revanche?

 

5 – Il y a eu erreur de traduction: il fallait lire: "avant lui s'était levé Judas le Galiléen." Je n'ai personnellement pas moyen de vérifier: cette remarque est valable pour l'ensemble de nos études.

 

6 – Une erreur s'est glissée entre le premier texte et les premiers manuscrits de traduction. Cela est encore valable pour l'ensemble de nos études.

 

7 – On ne sait pas.*

 



 

*Pour l'ensemble de ces recherches, on consultera: Theudas-456-Bible; l'article "Judas le Galiléen" sur Wikipédia. Cela vous renverra à des aricles "Cuspius Fadus citant Flavius Josèphe et "Tiberius Julius Alexander"

 



 

Eurêka! Alors qu'on faisait des recherches sur Hélène d'Adiabène – n'est-ce pas? – on a trouvé! Oui, deux semaines après nos 7 hypothèses, voici que la grâce est tombée sur nous en potassant sur Hélène d'Adiabène dont on parlera plus loin.

 

En effet, selon Flavius Josèphe, en 46, Tiberius Julius Alexander devint par Claude procurateur du Judée, succédant à Cuspius Fadus, alors que le roi Agrippa 1er est mort depuis deux ans. La province entre à nouveau sous l’administration directe de Rome. Ses origines juives et son respect des coutumes lui permettent d'apaiser l’agitation de cette région. Son administration est toutefois marquée par une importante famine, ce qui entraine quelques troubles. Pour y mettre fin, il fait mettre à mort par crucifixion Simon et Jacques, fils d'un rebelle nommé Judas le Galiléen, fondateur de ce que Flavius Josèphe nomme la « IVe philosophie » et que leurs adversaires, Juifs ou Romains, nomment ou rangent parmi les Galiléens. Flavius ne parle pas de Zélotes (qui se formèrent en 66 jusqu'en73), mais de "secte philosophique" s'ajoutant à celles des Esseniens, des Sadducéens et des Pharisiens. Ainsi Luc ne fait pas d'erreur: il fait référence aux fils de Judas le Galiléen. Ce personnage étant plus célèbre on comprends son choix. En parlant des fils, il parle du père!

 

Hum... Le problème, c'est que ça ne colle pas du tout avec notre chronologie...: le chapitre 5 est concerné par l'année 37, et que ce soit Theudas ou Judas le Galiléen, leur révolte eut lieu entre 44 et 46, année où ils furent exécutés.

 

AÏE!

 

En fait, notre perspicacité de tonnerre nous fait comprendre que Luc fait de l'humour encore plus, ou si on veut: au moment où il écrit – après 46 – ces révoltes sont fraîches en mémoire, et il place cet épisode dans la bouche de Gamaliel parce que la situation s'y prête bien.

 

En fait, – on a le droit à la rectification – Luc parle bien, non pas des fils de Judas le Galiléen, mais de celui-ci même (l'enregistrement eut bien lieu vers l'an 6 ou 7). Eh! Logique! En parlant du père, Luc suggère les fils... et en parlant des fils de Judas le Galiléen, il ne pouvait que parler de Theudas!

 

En fait – on a droit à la précision – plus précisément, le "après" (verset 37) suggère la postérité de Judas le Galiléen. Donc, il faut s'en prendre à Luc si on a mal aux cheveux! Luc en est bien à l'origine de cette couille "en or"...

 

Sacré Luc!

 

Hein? On en a du cul!

 



 

Les Sceptiks diront sur nous: "ces Bonnefoitistes se foutent vraiment de notre gueule..."

 

Qu'ils lisent Antiquités judaïques de Flavius Josèphe. Comme Luc, il fait précéder l'action de Theudas sur celle des fils de Judas le Galiléen.

 

Bon, pour se raffraîchir la mémoire, ils liront auparavant les deux passages sur leur père (Livre XVIII, I.). Cela fait, ils liront le Livre XX, v, 1 (97-99): et la suite en XX, v, 2 (100-104).

 

On aurait aimé le leur servir sous les yeux, mais on économise de la place!

 

HEY! - décidément on carbure! Et si Luc avait rédigé justement la partie "brouillonne" des Actes après l'an 46, entre 47 et 50, date de départ du premier voyage missionnaire? En effet, à aucun moment Luc le discret dit "nous" avant le chapitre 16, mais les alternances ensuite entre sa présence affirmée par "nous" et l'"abscence" montrent qu'il a pu être avec Paul bien avant. Providence! Il nomme un Lucius parmi les prophètes et enseignants d'Antioche! Et où, dites-moi? Juste dans les premiers versets du chapitre 13 correspondant à la vraie période de Theudas et Judas le Galiléen! Luc a dû sauter sur l'occasion pour imager son discours du chapitre 5 et faire de l'humour en même temps...

 

Le hasard fait-y pas beinh les khoses!

 



 

2 - L'Arabie de Paul

 

Laissez-moi parler ici en mon nom. Ce deuxième problème, je dois l'assumer seul. Il touche à des profondeurs qui ne sont pas communes aux autres points.

 

Voici.

 

Vers la fin 37, tandis que Caligula règne depuis neuf mois, Saul se convertit sur le chemin de Damas (Actes 9: 1-9)

 

Saul reste quelques jours à Damas. En arabe, on l'appelle دمشق الشام, Dimashq al-Shām , souvent abrégé Dimashq ou al-Shām par les habitants de Damas, de Syrie et des pays arabes voisins. L'étymologie du mot ancien «Damascus» est incertaine, mais elle est souvent considérée comme étant présémitique. On retrouve les termes Dimašqa en akkadien, T-ms-ḳw en égyptien ancien, Dammaśq en araméen et Dammeśeq (דמשק) en hébreu biblique.

 

Damas se trouve à environ 80 km de la mer Méditerranée, à l'abri de l'Anti-Liban, sur un plateau à 680 mètres d'altitude.

 

Le climat est semi-aride, la présence voisine de l'Anti-Liban conditionnant les pluies en hiver. Les étés sont chauds avec moins d'humidité. Les hivers sont frais et pluvieux ou même enneigés. En janvier les températures maximales et minimales sont de 11°C et 0°C; la plus basse jamais enregistrée ayant été de -13,5°C. L'été et surtout en août les températures maximales et minimales approchent les 35°C et 17°C, la plus élevée jamais enregistrée ayant été de 45,5°C. Les précipitations annuelles sont d'environ 20 cm, de novembre à mars.

 

Saul s'y rend au mois de novembre, en saison de pluies. En décembre il tombera deux fois plus:40 minimètres; en janvier-février, 30 minimètres. En juin, 1 minimètre.

 

Du côté historique, Damas est l'une des plus anciennes villes du monde continuellement habitées. Fondée aux IV-IIIème millénaire av.J.-C, elle deviendra la ville la plus peuplée de la grande Syrie (Assyrie). Des fouilles à Tell Ramad, dans les faubourgs de la ville, ont montré que Damas était habitée dès 8.000 à 10.000 ans avant J.-C. Toutefois, jusqu'à l'arrivée des Araméens elle n'est pas attestée comme étant une ville importante

 

Elle est citée dans le livre de la Genèse (14:15; 15, 2), plusieurs fois dans les Livres des Rois (2 Rois 8: 7-9; 16: 9-12) et des Prophètes (par exemple Ésaïe 7: 8; 8:4 et le chapitre 17 où est prophétisé la ruine de la ville).

 

L'importance de Damas s'explique du fait sa position géographique au carrefour de l'Orient et de l'Occident, entre l'Afrique et l'Asie, ce qui en a fait un centre culturel et commercial important.

 

(voir article Etude Perspicace)

 



 

Bref, après que Saul ait retrouvé la vue, il se met à prêcher dans les synagogues de la ville et resta quelques jours avec les disciples (9:10-22); puis, passé un "bon nombre de jours"(v23), on l'aide à s'échapper, car menacé par les Juifs, et il part à Jérusalem afin de rencontrer les apôtres, conduit par Barnabas (23-28).

 

Cependant, ici (pour les versets 19 à 23, le témoignage de Luc et celui de Paul semblent se contredire. Peut-être sont-ils complémentaires. Peut-être que Luc a fait une éllipse. Voyons comment:

 



 

Luc dans les Actes des Apôtres:

 

"Il resta quelques jours avec les disciples [qui étaient] à Damas, et aussitôt dans les synagogues il se mit à prêcher Jésus, [proclamant] que Celui-ci est le Fils de Dieu. Mais tous ceux qui l’entendaient étaient stupéfaits et disaient : “ N’est-ce pas là l’homme qui a ravagé ceux qui, dans Jérusalem, invoquent ce nom, et qui était venu ici tout exprès pour les conduire, liés, aux prêtres en chef ? ” Mais Saul acquérait d’autant plus de puissance et confondait les Juifs qui habitaient à Damas en prouvant logiquement que celui-ci est le Christ.

 

Or, comme s’achevaient un bon nombre de jours, les Juifs tinrent conseil ensemble pour le supprimer. Cependant, leur complot contre lui vint à la connaissance de Saul. Mais ils surveillaient attentivement même les portes jour et nuit, afin de le supprimer. Alors ses disciples le prirent et le descendirent de nuit par une ouverture dans la muraille en le faisant descendre dans un panier.

 

En arrivant à Jérusalem, il tâcha de se joindre aux disciples" (Actes 9:19-26)

 



 

Paul dans sa Lettre aux Galates (1: 15-17):

 



 

"Mais quand Dieu, qui m’a séparé de la matrice de ma mère et [m’]a appelé par sa faveur imméritée, a jugé bon de révéler son Fils à mon sujet, pour que j’annonce aux nations la bonne nouvelle le concernant, je n’ai pas aussitôt consulté la chair et le sang. Je ne suis pas non plus monté à Jérusalem vers ceux qui étaient apôtres avant moi, mais je suis parti pour l'Arabie, et je suis revenu de nouveau à Damas"

 

 

 

Comment concilier les deux sources? Le peut-on?

 

Je crois.

 

D'une part, de manière volontaire ou non, Luc a peut-être omis de mentionner ce voyage pour la bonne raison que:

 

soit Paul ne lui en parla pas, soit il le tint au secret jusqu'au jour où il le révèlerait peut-être lui-même. J'ai été frappé par le nombre de fois où le mot "secret" revient sous la plume "inspirée" de Paul. Comme dans I Corinthiens 15:50 et Romains 11:25, aurait-ce été "un saint secret"?

 

Certes ces termes peuvent s'appliquer pour maintes autres choses, mais ce qui peut sembler de pure conjecture semble trouver un crédit incroyable et une lumière expliquant bien des choses cachées: comme la raison pour laquelle il alla en Arabie et où. De manière plus simple, la traduction de l'Abbé Crampon nous explique la raison dans une note: "Pour l'Arabie, non pour y prêcher l'Évangile, mais pour se préparer dans la retraite à cette prédication. Voilà pourquoi les Actes se taisent sur ce voyage."

 

Mais la réponse au "où" se trouve chez les Nabatéens (descendants peut-être des Nebaïoth de Genèse 25: 30).

 

À partir du premier siècle avant notre ère les Nabatéens (mentionnés une première fois dans le Néguev au IVème siècle avant notre ère) firent littéralement fleurir le désert du nord de l'Arabie par un système d'irrigation ingénieux permettant d'arroser des cultures en terrasses "encloses", ce qui leur permit de développer un État indépendant. Pendant quelques siècles du Ier siècle avant JC, puis de nouveau au Ier siècle de notre ère leur roi règna sur... Damas! Arétas IV (de - 9 à 40), roi de Pétras, est d'ailleurs mentionné par Paul en II Corinthiens 11:32: "À Damas, le gouverneur (ho éthnarkhès: "l'ethnarque") d'Arétas le roi gardait la ville des Damascéniens pour se saisir de moi, mais par une fenêtre de la muraille, on m'a fait descendre dans un panier d'osier et j'ai échappé à ses mains."

 

C'est la fuite dont il parle dans Actes.

 

Mais où alla t-il? En Arabie. Où? À Pétra?

 

Enclavée dans les montagnes rocheuses, Pétra était la capitale des Nabatéens et prospérait pour atteindre son apogée vers 50, abritant entre 20000 et 40000 habitant selon les diverses sources. Mais drôle de choix de se rendre là où le roi Arétas trônait!

 

Caligula, succédant à Tibère permit à Arétas de règner sur Damas de 37 à 40. Ce qui nous fournit une indication précieuse quant à la date où Saul se convertit et alla à Damas puis en Arabie.

 

Les Nabatéens, ces grands commerçants, se répandirent dès les IIIème-IIème siècle avant J.C jusqu'à Bosra (l'ancienne Busrana occupée par les égyptiens en - 1350) principale ville du Hauran, à 141 km au sud de Damas et à environ 100 Km à l'est de la Mer morte. Sous les rois Arétas III et IV, elle tombe sous la coupe des Nabatéens et devient une capitale régionale de la Nabatène, titre qui lui sera accordé officiellement au 1er siècle. Saul a pu aller au sud de la mer Morte, dans l'une des villes nabatéennes du Néguev, sur la route de l'encens. Cela donnerait un autre relief au passage sur l'odeur évoquée quatre fois en 2 Corinthiens 2:14 : " odeur de la connaissance", "l'odeur du Christ" et le choix posé entre une "odeur de la mort pour la mort" ou "une odeur de vie pour la vie". Le "Dieu qui nous a conduit dans un cortège triomphal en compagnie du Christ" aussi.

 

Mais il m'est venu une autre hypothèse qui pourrait être mon numéro un: Palmyre.

 

Cette ville-oasis se situant à la limite nord de l'Arabie et à 210 km au nord-est de Damas porte bien son nom. Pline l'Ancien disait d'elle: Palmyre est une ville noble par son site, par la richesse de son sol, par l’agrément de ses eaux. De tous côtés les étendues de sable entourent ses champs et elle est comme isolée du monde par la nature (Histoire naturelle, vers 88).

 

Mais qu'est-ce qu'il me fait dire que Paul aurait pu aller à Palmyre?

 

Pour deux raisons: depuis deux millénaires déjà, Palmyre (alors s'appelant Tadmor, "ville des dattes" était une halte obligée de caravaniers arabes; elle devint plus tard un carrefour commercial avant que ces nomades y entreposent leurs marchandises attirant de nombreux négociants et commerçants et aussi implantant un grand nombre de tribus (20 de leurs noms sont parvenus à notre connaissance) au sein la population qui pris l'habitude d'ajouter à leurs noms celui de sa tribu – et cela est surtout vrai au premier siècle où la ville devient vraiment prospère – ce qui "montre combien puissante encore était l’autorité et le prestige de ces groupements, héritage de la vie nomade."(J.-G. Fevrier, Essai sur l’histoire politique et économique de Palmyre.).

 

Bref, quand bien même il serait inexact de situer Palmyre en Arabie, elle mériterait bien d'être appelée ainsi par Paul.

 

À noter aussi que Tamar, ville bâtie par Salomon (Ier Livre des Rois 9: 17) serait la même que celle qu'il rebâtit, nommée sous le nom de Tadmor (Le Deuxième livre des Chroniques 8: 1,4). Les Arabes appellent encore Toudmour un village des environs de Palmyre.

 

La deuxième raison est religieuse. Elle tient à ce que le dieu principal de Palmyre était Bel. Selon Jean Starcky, les Palmyréniens de l'époque hellenistique adoraient une divinité suprême nommée Bôl (« le Seigneur » dans le dialecte araméen de Palmyre. Très tôt, sous l’influence de Babylone, ce dieu suprême fut désigné comme Bel, forme babylonienne. D’autres dieux lui étaient associés comme Aglibol et Malakbel, littéralement « l’Ange (malak) du Seigneur (Bel) ». Ce sont là, semble-t-il, les dieux historiques de Palmyre.

 

Mais quel est le rapport de Bel à Paul? Dans sa Deuxième lettre aux Corinthiens (6:15), on lit: "Quelle harmonie y a t-il entre le Christ et Belial? Ou "Béliar" selon certains manuscrits.

 

Il est à remarquer que le nom commun hébreu béliya'al ("vaurien") se retrouve dans une vingtaine d'endroits dans l'Ancien testament, mais que, dans toute la Bible, seul Paul donne un nom propre. D'autre part, on trouve Bélial de nombreuses fois dans les textes des Esséniens trouvés à Qumrân (Mer morte), parmi eux Le Livre de Damas... Ces 900 manuscrits ont tous été rédigés entre le IIIème siècle et le Ier siècle. Saul a très bien pu avoir été à Palmyre et avoir par ailleurs rencontré les Essénniens ou du moins avoir eu connaissance de leurs textes – ou du nom Bélial répandu comme un synonyme de Satan. D'ailleurs, le mot hébreu béliya'al n'a t-il pas pour origine le dieu Bel?

 

En conclusion, mon scénario est le suivant: lorsque Saul fut descendu par un panier pour s'évader de Damas, dans sa fuite il rencontre une caravane de nomades arabes se rendant à Palmyre. Si des éclaireurs (des disciples damascéniens) ont vu cette caravane venir en direction de Damas et se sont informés de leur destination et de leur prix pour y transporter un homme en danger, cette fuite a pu être organisée à l'avance.

 

Je n'aimerais pas pousser le bouchon trop loin, mais j'ai gardé dans un coin de mon esprit qu'à Pétra on adorait la triade féminine pré-islamique représentée par Al-Lāt (la fécondité, l'Aphrodite céleste), Uzza (la fertilité, liée à la planète Vénus, – Isis à Pétra) et Manat (le destin, identifiée à Némésis "déesse de la juste colère des dieux", parfois de la vengeance chez les Nabatéens), – toutes trois adorées aussi à la Mecque et citées dans la Sourate de l'Étoile du Coran qui a fait sensation...

 

Ce qui m'a fait penser à la Trinité, bien que les triades (égyptiennes ou babyloniennes) soient connues depuis des millénaires.

 

"Il y en a trois qui témoignent: l'esprit, l'eau et le sang" (I Jean 5:8)

 

Faites des parallèles si vous voulez, moi je me retire.

 

Non sans revenir toutefois sur ce voyage en Arabie, celle de Saul. Cela sonne comme une retraite spirituelle dans le désert. Après sa vision sur le chemin de Damas, Saul se trouve amené à faire une initiation. Adjonction: "Va vers toi". Si on peut y appliquer notre terme "d'aller à l'orient de notre être" et qu'il s'inscrit chez Saul aussi géographiquement, il a été au sud. Donc Pétra ou autre localité méridionale, plus à l'est.

 

En effet, pour les populations du Moyen-Orient et de l'Egypte, l'orientation était différente que la nôtre: notre nord, c'était leur ouest, notre sud, leur est, notre est leur nord et notre ouest leur sud. Aussi, il était logique à partir de Jérusalem de "descendre" par exemple à Césarée qui se trouve à leur sud, mais lorsqu'on partait du pôle du pays, Jérusalem, on en descendait toujours; lorsqu'on s'y rendait, on montait toujours.

 

Saul sur le chemin de Damas a, au niveau symbolique, rencontré une première fois en vision son Soi, son Christ intérieur, son Graal. Mais ce n'était que le début: une révélation, pas une initiation. Bien que plein d'enthousiasme, il commence à prêcher aussitôt sa vue recouvrée, il lui manque une initiation, une formation solide: la parabole de Jésus Christ invitant à bâtir sur du roc et non sur du sable s'applique pleinement à lui.

 

Rappelons-nous de Galates:

 

 

 

Mais quand Dieu, qui m’a séparé de la matrice de ma mère et [m’]a appelé par sa faveur imméritée, a jugé bon de révéler son Fils à mon sujet, pour que j’annonce aux nations la bonne nouvelle le concernant, je n’ai pas aussitôt consulté la chair et le sang.

 

 

 

Psychanalytiquement, il y a bel et bien un travail qui s'opère entre son conscient et son Inconscient – et celui collectif.

 

Saul le "parvenu" devra aller de l'ego au Soi en passant d'abord par le désert d'Arabie (qu'il soit au nord ou au sud); puis armé symboliquement, il devra concrétiser sa voie, sa mission, en rencontrant les apôtres de Jérusalem – retour qui l'expose au danger face à sa réputation: sa "nouvelle peau" n'est pas reconnue encore par ceux qui le voient encore – et surtout les juifs – sous son "ancienne peau".

 

Cela explique que dans trois lettres Saul invitera les chrétiens à se dépouiller de leur ancienne personnalité pour en revêtir une nouvelle (Romains 6: 6. Éphésiens 4:22,24; Colossiens 3: 9).

 

Saul, qui se prépare à devenir Paul doit donc assumer sa nouvelle orientation à Jérusalem, mais encore devant sa famille: de là que, de manière synchronique, les apôtres lui ordonnent d'aller à Tarse en partant de Césarée. Le fait qu'ils l'aient vu parler aux juifs en grec est un signe de sa nouvelle vocation qui leur fait prendre la décision, mais la destination qu'ils lui font prendre n'est pas un hasard.

 

Donc, il part à Tarse, et après cette indication, Saul se trouve absent des Actes d'Apôtres pour un long moment durant lequel on est centré sur les actes de Pierre 9:31-11:23. Et comme ce qu'il vit et ce dont il témoigne devant les apôtres de Jérusalem correspond à la mission de Saul-Paul vis à vis des gens des nations – nouvelle synchronicité dans ce que l'extérieur appuie l'intérieur – on envoie Barnabas vérifier les paroles de Pierre à Antioche. Voyant que cela est vrai, Barnabas prend l'initiative d'aller chercher partout Saul à Tarse. Il est l'ange se présentant au temple. Barnabas le trouve et l'emmène à Antioche. C'est là que par une "providence divine", les disciples furent appelés "chrétiens". Le Christ pour tous, le Christ en tous, tel est le message et la mission profonde de Paul. Mais de retour à Jérusalem, il apprend la famine, et devra commencer par porter secours matériellement aux chrétiens de Judée. Travail de grandeur qui s'accompagne nécessairement d'humilité. Quelques temps plus tard, il est fin prêt pour sa mission. Les voyages en Arabie, à Jérusalem, à Tarse puis à Antioche auront été les quatre voyages initiatiques et fondateurs avant ses trois grands voyages missionnaires.

 

J'ajouterai seulement que si Paul trouva le Soi, il répondait alors à un besoin de l'inconscient collectif ; que ces besoins, dans les dialogues avec Dieu, de soi à Soi, sont au fil du temps sans cesse en évolution. De là les épîtres de Paul nous paraissant par certains côtés dépassés (mysoginie, morale draconienne, etc.), mais qui s'inscrivent aussi dans la mentalité et le contexte de son époque tout en la dépassant par ailleurs.

 

 

 

Après un tel voyage, il faut redescendre un peu sur terre et parler chronologie.

 

Galates (1: 17-18) nous dit: "mais je suis parti pour l'Arabie, et je suis revenu de nouveau à Damas. Puis trois ans plus tard, je suis monté à Jérusalem."

 

Paul ne veut pas dire qu'il partit à Jérusalem trois ans après son passage à Damas, il veut dire après les trois ans passées en Arabie, plus les quelques jours à Damas. Paul arrondit, seul l'initiation de trois ans compte vraiment.

 

Dans les versions Second et Crampon, la formule est plus claire que dans ma source X: "... je partis pour l'Arabie. Puis je revins encore à Damas.

 

Trois ans plus tard, je montai à Jérusalem"...

 

Ces trois années couvrent la période allant de décembre 37 à décembre 40.

 

 

 

 

 

 

 



 

3 - La mystérieuse mort d'Hérode Agrippa 1(Chap 12 v 21)

 



 

Si l'on est pas totalement remis de ce voyage, si on est pas encore totalement redescendu sur terre, le sort d'Hérode Agrippa 1er va s'en charger.

 

Questeurs de bonne foi, êtes-vous toujours là?

 

Luc nous dit dans les Actes d'Apôtres que Tandis qu'Hérode, "à un jour fixé", se présente en vêtements royaux devant l'assemblée à Jérusalem, un ange le fait dévorer de vers...

 

Si de manière réaliste on ne connaît pas la cause exacte de sa mort, le fait est que comme Saint Wikipédia nous l'informe Agrippa meurt de manière inopinée en l'an 44 – peut-être quelques mois plus tôt... – après seulement trois ans de règne sur la Judée, – et précisément lors des Jeux de Césarée en l'honneur de l'empereur. Patronnant les jeux, le roi des Juifs mis sur le trône au moment où Caligula devient empereur en 37, apparait dans une parure d'argent éblouissante devant la foule qui l'acclame et le compare à un dieu: "Voix d'un dieu, et non d'un homme!" rapporte Luc dans les Actes (à comparer avec la version de Flavius Josèphe). Ces paroles constituent un blasphème pour les juifs contre lequel Hérode ne proteste pas. Cela revient à dire et peut-être l'a t-il dit: "Appelez-moi Dieu!" (à l'époque, les Guignols n'existaient pas). Luc est beaucoup plus concis: au moment même où la foule crie la parole blasphèmatoire "l'ange de Yahwé le frappa, parce qu'il n'avait pas donné la gloire à Dieu; et il fut dévoré par les vers et expira." (oh c'est méchant...) Son discours lui aura été fatal. Il sera mort en solitaire avec ses vers.

 

Certains de ses contemporains (dont Luc) lisent comme une punition divine à ce blasphème la cause la mort d'Hérode Agrippa 1er qui survient en fait peu après, selon Flavius Josèphe: deux jours plus tard, nous dit l'historiographe, Agrippa 1er est pris de violentes douleurs abdominales et meurt après cinq jours d'agonie, à l'âge de cinquante-trois ans. Les causes précises de sa mort sont inconnues mais dès cette époque, les bruits d'empoisonnement circulent. Si une maladie intestinale – ou une péritonite ou encore une appendicite (et puis quoi encore!) – reste possible, plusieurs chercheurs estiment que l'empoisonnement par les Romains inquiets de ses ambitions politiques excessives est vraisemblable, voire que c'est une initiative personnelle de Marsus pour atténuer l'hostilité des populations syriennes voisines.

 

Un peu d'histoire avant de poursuivre.

 

À la suite de l'assassinat de Caligula, Hérode Agrippa 1er joue à Rome un rôle de premier plan dans l'accession de Claude à la tête de l'empire en 41 et il se voit doté des anciens territoires d'Archélaos, l'Idumée, la Judée et la Samarie, régnant ainsi sur un territoire aussi vaste que l'ancien royaume d'Hérode le Grand.

 

Porteur d'une double identité juive et romaine, il joue un rôle d'intercesseur en faveur des Juifs auprès des autorités romaines et, sur le plan intérieur, laisse espérer à certains de ses sujets juifs la restauration d'un royaume indépendant. Poursuivant sa politique d'évergétisme («je fais du bien»: consiste pour les notables à faire profiter la collectivité de leurs richesses), il s'engage dans de grands travaux. Il s’aliène néanmoins une partie de ses sujets grecs et syriens tandis que ses ambitions régionales lui valent l'opposition de Marsis, légat impérial de la province romaine de Syrie.

 

On lira le reste de l'article "Hérode Agrippa 1er" chez Wiki (et Flavius Josèphe surtout!), mais pour nous ce n'est pas tant de savoir la cause exacte de sa mort et ses circonstances qui nous intéresse que sa date et son cadrage avec notre chronologie.

 

Bénie soit la note 76 à la fin de l'article de Wikipédia! Selon un historien, la mort d'Hérode serait survenue en septembre-octobre 43 plutôt qu'en mars 44 (selon d'autres)*.

 



 

*Note 74:"Agrippa 1er sur Wikipédia: depuis les travaux du philologue allemand Eduard Schwartz au début du XXe siècle, il existe un consensus historien qui situe cette mort en mars 44 mais, en 1990, Daniel R. Schwartz fait valoir une série d'arguments exégétiques et numismatiques qui lui font situer l'évènement vers septembre/octobre 43 ; cf. Daniel R. Schwartz, Agrippa I : The Last King of Judaea, éd. Mohr Siebeck, 1990, pp. 108, 145, 207-208

 



 



 

4 - La famine sous Claude (12:50)

 



 

Cette "grande famine" "sur toute la terre habitée" prédite en 11:28 par le prophète Agabus et effective ici, en 12:50 est-elle en accord avec l'Histoire profane?

 

Avant de répondre à cette question, nous allons nous intéresser au contexte historique de l'empire Romain à cette époque.

 

À l'époque, Rome est plus occupée à conquérir la Grande-Bretagne, entreprise sur laquelle Jules César avait échouée. Ainsi, l'armée romaine débarque en mars ou avril 43, – Claude empereur depuis 41. Après les premiers grands combats, Claude qui a baptisé l'île du nom de Britannia s'y rend en juillet et y reste quinze jours. Camulodunum (l'actuelle Colchester), la capitale fortifiée des Catullevauni, est prise et les tribus brittonnes se rendent. Puis Claude confie le gouvernement et la soumission de l'île à Plautius, rentre en Gaule et y fait une longue tournée ainsi qu'en Italie du Nord et revient à Rome en début d'année 44 ap JC. À la fin de l'année 43 ap JC, la Britannia est officiellement rattachée à l'Empire et Claude à cette occasion, crée une nouvelle légion. Très vite la pénétration romaine rayonne depuis Camulodunum et entre 43 et 47 ap JC, Plautius pousse trois légions: l'une au Nord, l'une à l'Ouest, une autre au Sud-Ouest. En 50, le successeur d'Aulus Plautius, Publius Ostorius Scapula livre une bataille décisive au lieu dit Caer Caradoc. Caracatus s'est retranché dans un terrain en collines, difficile d'accès pour les assaillants (site: "conquète de la Bretagne voyagesenduo").

 

Cette conquête laissa à Rome (qui comptait plus d'un million d'habitants), et ailleurs, beaucoup de femmes "veuves" et d'enfants sans pères. En effet le service d'un soldat durait 25 ans et seuls les quelques cent légionnaires pouvaient, s'ils le décidaient emporter avec eux leur femme, et leurs enfants sans doute, s'il en avaient. Malgré un débarquement fanfaron sur des éléphants, nous racontent Suétone et Tacite, la superstition qui s'attachait à cette contrée du bout du monde – équivalant à l'expédition de Christophe Colomb en 1492 – mit à rude épreuve l'armée. De plus, plus, elle se trouva face à de farouches adversaires sur leur propre terrain mal connu. On ne sait quel rejaillissement cela eut sur Rome et l'Empire entier, mais c'est dans ce contexte essentiel qu'eut lieu la famine qui toucha le monde méditerranéen, c'est à dire pour leurs occupants toute la terre habitée. La position des Romains vis à vis de toute contrée non romanisée est un peu comparable à celle des colonisateurs de l'Australie au 18ème siècle, terre déclarée terra nullius, c'est à dire "terre inoccupée": ses seuls habitants reconnus sont sa faune. (Claventure. Fr pages Australie) On peut dire que les seuls "habitants" de la Britannia vraiment reconnus par Rome sont ses richesses convoitées, comme l'or.

 

 

 

Les bons questeurs de bonne foi que nous sommes ne doivent pas se hâter. Ils doivent procéder par touches successives comme les impressionnistes.

 

C'est ce que nous allons faire avec le pinceau suétonien, mais en faisant un "flash back", en partant cette fois du début du règne de Claude.
Suétone, dans sa célèbre Vie des douze césars, en son livre consacré à Claude, au chapitre X, nous parle de sa mise sur le trône après l'assassinat de Caligula. On est au 25-26 janvier 41, dans la cinquantième année de Claude. Cet accession fut difficile. la preuve en est que selon Suétone, "c'est le premier des Césars qui ait acheté à prix d’argent la fidélité des légions".

 

Le chapitre XI s'intitule: "Il accorde une amnistie générale. Il rend de grands honneurs à sa famille" – honneurs inhabituels – tant les accessions au trône sont suivis "traditionnellement" de mises à mort de plusieurs membres de la famille, surtout les frères... Et en plus, fort symbole pour asseoir sa souveraineté et sa gloire, son serment le plus fréquent et le plus saint était par le nom d’Auguste. Et pour parachever sa gloire, il acheva l'arc de Triomphe abandonné par Tibère.

 

Le chapitre XII s'intitule: "Sa modération dans l’exercice du pouvoir. Sa popularité". Ainsi, par exemple, "Il ne rappela aucun exilé sans l’autorisation du sénat"; il fut clément vis à vis du préfet du prétoire et des tribuns militaires, il traita comme des rois les magistrats:

 

"Aussi, en peu de temps, s’attira-t-il à un tel point l’amour et la faveur publics, que le bruit s’étant répandu que, dans un voyage à Ostie (le port de Rome) il avait péri victime d’un assassinat, le peuple, frappé de consternation, ne cesse d’accabler des plus terribles malédictions les soldats, qu’il appelait traîtres, et le sénat parricide, jusqu’à ce que les magistrats eussent fait paraître à la tribune aux harangues une ou deux personnes, et ensuite plusieurs, qui toutes assurèrent que Claude se portait bien et qu’il s’approchait de Rome."

 

 

 

Le chapitre XIII s'intitule "Il échappe à plusieurs dangers" qu'on peut condenser ainsi:

 

Cependant il ne fut pas toujours à l’abri des embûches. Il eut à craindre des entreprises particulières, des séditions, et enfin la guerre civile. (2) Un homme du peuple fut trouvé, la nuit, près de son lit avec un poignard. [...] Furius Camillus Scribonianus, son lieutenant en Dalmatie, excita une guerre civile ; mais elle fût étouffée en cinq jours.

 

Cela se passe en 42.

 

Les chapitres XIV et XVI sont plus généraux sur le point de vue chronologique, mais doivent correspondre aux années 42-43. L'un s'intitule "Ses consulats. Son zèle dans l’administration de la justice", l'autre "La singularité de ses jugements le fait tomber dans le mépris" – jusqu'au point où un chevalier romain accusé d'atteinte à la pudeur des femmes lui lança à la tête de Claude les tablettes et le stylet qu’il tenait à la main, et le blessa grièvement à la joue, en lui reprochant amèrement sa bêtise et sa cruauté." tandis qu'"un plaideur grec osa lui dire un jour : "Et toi aussi, tu es vieux et insensé."

 

Le chapitre XVI – du même gabarit anecdotique mais enfonçant encore le couteau dans sa réputation devenue en un an et demie de règne désastreuse – se nomme: "Sa censure. Il s’y rend ridicule".

 

Et voilà qu'au chapitre XVII, Suétone parle de son expédition en Grande-Bretagne: "Son expédition en Bretagne. Son triomphe".

 

Un début triomphal – d'ailleurs, on l'aura compris, dans le contexte actuel, Claude doit entreprendre quelque chose de grand si il veut perdurer –, mais il sera contraint de retirer ses troupes en 47. On est cependant là en avril-mai 43 et les mois qui suivirent.

 

"Là, sans combat et sans effusion de sang, il reçut en très peu de jours la soumission de l’île, revint à Rome six mois après son départ, et triompha avec le plus grand appareil."

 

Suétone enjolive. Il faut lire Tacite...

 

Tout cela pour en venir au chapitre XVIII sous le sous-titre: Sa vigilance pour le ravitaillement et la sûreté de Rome.

 



 

Claude s’occupa avec une extrême sollicitude de Rome et de son ravitaillement. Dans l’incendie du quartier Émilien, où le feu étendait partout ses ravages, il passa deux nuits dans le "diribitorium", et, comme les soldats et les esclaves succombaient de fatigue, il fit appeler par les magistrats le peuple de tous les quartiers ; puis, mettant devant lui des corbeilles remplies d’argent, il excitait chacun à porter du secours, et distribuait des récompenses proportionnées au travail.

 

Le grain devenant plus cher après plusieurs années de stérilité, il fut un jour arrêté au milieu du Forum par la foule qui l’accablait d’injures et lui jetait des morceaux de pain, en sorte qu’il lui fut difficile de se sauver dans son palais par une porte dérobée. Depuis ce temps, il ne négligea rien pour faire venir des vivres à Rome, même en hiver, offrant aux négociants des bénéfices certains, et se chargeant des dommages, dans le cas où les tempêtes en causeraient. Il fit aussi de grands avantages à ceux qui construisaient des navires pour le commerce des grains, et il mesurait ces avantages à la condition de chacun.

 



 

On sait donc qu'il y eu au moins une famine dans les premières années de règne de Claude et qu'elle toucha aussi Rome, ce qui justifie encore l'expression de Luc "sur toute la terre habitée." En effet, si Rome est touchée: tout l'Empire est touché. Et le fait que Suétone fasse précéder ces évènements par ceux de la conquête de la Grande-Bretagne (Britannia), qui débuta en avril-mai 43 laisse supposer que la famine vint peu après. En fait, très peu de temps après la mort d'Hérode Agrippa 1er, sans doute en 44.

 

Prenant le relais, Flavius Josèphe nous raconte une histoire charmante.

 

Hélène était reine de l'Adiabène, un royaume correspondant à peu près aux frontières des territoires kurdes aujourd'hui. C'était vraisemblablement la première épouse de Monobaze 1er . À sa mort en 56-58, son titre était « reine Tzada », comme l'atteste l'inscription figurant sur son sarcophage.

 

Le Tamuld dit qu'Hélène avait sept fils et qu'elle se convertit au judaïsme vers l'an 30 quasiment en même temps que son fils Izatès (qui devint vers 34 roi d'Adiabène*), mais de façon indépendante, puisqu'ils vivaient tous deux dans des pays différents. Cette conversion d'Hélène peut avoir été obtenue par Juda ben Bathyra (Wiki). Flavius Josèphe raconte qu'elle et ses fils possédaient un palais à Jérusalem. Les ruines de celui-ci ont d'ailleurs été découvertes en 2007.

 

*Hélène dut règner entre 30 et 34 avant que son fils revenu au pays ne règne à son tour jusqu'en 58.

 

Voici ce que dit notre historiographe juif de langue grecque dans ses Antiquités judaïques (Livre XX). Précisons que les évènements rapportés datent certainement d'une dizaine d'années après l'intronisation officielle d'Izatès en 34. Cela se passant (d'après XX, 1) après la mort d'Agrippa 1er, cette venue d'Hélène à Jérusalem a dû avoir lieu en 44. De plus, les évènements rapportés ensuite concernent la révolte de Theudas entre 44 et 46, année où il sera exécuté, et la mise en fonction (par Claude) en 46 de Tiberius Julius Alexander en tant que nouveau procurateur du Judée.

 

Nous lirons ainsi à la suite ces deux passages du Livre XX des Antiquités judaïques.

 



 

II 49- 53.

 

Hélène, la mère du roi (Ison fils Izatès), voyait que la paix régnait dans le royaume et que son fils était heureux et même envié de tous, jusque chez les peuples étrangers, grâce à la providence divine. Elle eut le désir de se rendre dans la ville de Jérusalem pour se prosterner devant le temple de Dieu, célèbre dans tout l'univers, et y offrir des sacrifices d'actions de grâces, et en demanda la permission à son fils. [50] Izatès consentit avec le plus grand empressement à la demande de sa mère, fit pour son voyage de grands préparatifs et lui donna même une très grande quantité d'argent. Elle descendit donc dans la ville de Jérusalem, non sans que son fils l'eût accompagnée fort loin. [51] Son arrivée fut tort profitable aux Hiérosolymitains, car à ce moment la famine pressait la ville et beaucoup de gens périssaient par manque de ressources. La reine Hélène envoya des serviteurs les uns à Alexandrie pour acheter du blé pour une grosse somme d'argent, les autres à Chypre pour en ramener un chargement de figues. Ils revinrent au plus vite et elle distribua aux indigents cette nourriture, laissant par ce bienfait un souvenir éternel dans tout notre peuple. Son fils Izatès, dès qu'il apprit cette famine, envoya beaucoup d'argent aux premiers des Hiérosolymitains. Mais nous raconterons dans la suite (10) tout ce que ces rois ont fait de bien à notre ville.

 



 

V [100] 2.

 

A Fadus succéda Tiberius Alexander (16), fils d'Alexander, l'ancien alabarque d'Alexandrie, qui dépassait en son temps tous ses concitoyens par sa noblesse et sa richesse et l'emporta même par sa piété envers Dieu sur son fils Alexander ; car celui-ci ne resta pas fidèle à la religion de ses pères. [101] C'est sous ce dernier qu'arriva en Judée la grande disette où la reine Hélène acheta à grand prix de blé en Égypte pour le répartir aux indigents, ainsi que je l'ai dit plus haut. [102] C'est aussi à ce moment que furent accablés les fils de Judas le Galiléen qui avait excité le peuple à se révolter contre les Romains lorsque Quirinus procédait au recensement de la Judée, comme nous l'avons raconté précédemment (17). C'étaient Jacob et, Simon. [103] Alexander ordonna de les mettre en croix. Hérode, roi de Chalcis, après avoir dépouillé du grand pontificat Joseph fils de Cami (18), lui donna pour successeur dans cette charge Ananias, fils de Zébédée. [104] A Tiberius Alexander succéda Cumanus. Hérode, frère du roi Agrippa le Grand, termina sa vie la huitième année du principat de Claude en laissant trois fils : Aristobule que lui avait, donné sa première femme, Berenicianus et Hyrcan, nés de Bérénice, fille de son frère. Son pouvoir fut donné par l'empereur à Agrippa le jeune.

 

Antiquités juives - Flavius Josèphe.

 



 

On en conclut qu'en 44, il y eut effectivement une famine qui s'amplifia en 46 (la "grande famine).

 

Mais cela ne prend vraiment son importance dans notre travail que dans la lumière projetée sur l'ensemble des versets 24-25 du chapitre 12 des Actes d'Apôtres, versets suivis immédiatement par celui de l mort d'Hérode, ainsi que par les trois premiers versets du chapitre 13.

 

On lit dans ces versets:

 

"Mais la parole de Yawhé continuait à croître et à se répandre.

 

Quant à Barnabas et à Saul, après avoir pleinement assuré le service de secours à Jérusalem, ils s’en retournèrent et emmenèrent avec eux Jean, celui qui était surnommé Marc."

 

Or, à Antioche, il y avait des prophètes et des enseignants dans la congrégation locale : Barnabas ainsi que Syméôn appelé Niger, et Lucius de Cyrène, et Manaën qui avait été éduqué avec Hérode le chef de district, et Saul.2Comme ils servaient publiquement Jéhovah et jeûnaient, l’esprit saint dit : “ Mettez-moi à part entre tous Barnabas et Saul pour l’œuvre à laquelle je les ai appelés. ”3Alors ils jeûnèrent et prièrent, ils posèrent les mains sur eux et les laissèrent partir.

 



 

On ne sait pas combien de temps dura la période couvrant les versets 24 et 25 qui parlent d'une part de croissance et d'expansion de l'évangélisation, d'autre part de secours. Le contexte et le texte peuvent laisser supposer une période de plusieurs années. Il n'est pas impossible que cette longue période séparant la date clé de la mort d'Hérode du début du premier voyage missionnaire dure de septembre-octobre 43 au 1er mai 50, – soit 6 ans et quelque 7 mois. D'autant plus que Paul – malgré son zèle à Damas (9: 19-23), son voyage initiatique à Tarse (9:30), malgré que Barnabas l'eut cherché là-bas pour le faire venir à Antioche (11:25-26) où les preuves de la foi des Gentils avait été donnée par Pierre – se retrouve à Antioche de Syrie, mais n'est à ce moment-là qu'un prophète et enseignant parmi 4 autres dont Barnabas (13: 1), avant que soudainement il soit mis à part avec Barnabas par l'esprit saint. Le verset 3 suggère qu'ils se rendent à Jérusalem où ils jeûnent et prient avant avant que les frères de la Congrégation "judéo-chrétienne" posent leurs mains sur eux et les laissent partir. Ils retournèrent sans doute à Antioche, lieu d'où ils partent à chaque voyage missionnaire. Alors seulement ils partent pour Séleucie, et de là font voile vers Chypre. Tout le laps de temps précédant ce départ fut peut-être assez long et s'ajoute à celui supposé à la fin du chapitre précédent.

 

Nos conclusions sont que l'évangélisation pour les Gentils s'organise longuement et peu à peu, et que la congrégation de Jérusalem estime sans doute que Paul doit faire encore ses preuves. Un temps de quelque 7 ans est assez symbolique, mais les Juifs étaient tant attachés aux symboles qu'ils n'hésitaient pas à donner des temps d'épreuve symboliques. Ainsi Jacob accepta de servir 7 ans Rachel avant de l'épouser (Genèse 29:20). Aussi il existait le cycle de 7 fois 7 ans (Exode 20:10), etc.

 

On est vraiment des champions!

 



 



 



 

5 – L'affaire Lucius Sergius Paulus (13:7)

 

" et il (un sorcier de Chypre nommé Bar-Jésus ou Élymas – sa traduction) était avec le proconsul Sergius Paulus, un homme intelligent. Appelant à lui Barnabas et Saul, cet [homme] cherchait réellement la parole de Dieu. Mais Élymas le sorcier (c'est ainsi, en effet, que se traduit son nom) s'opposait à eux, cherchant à détourner de la foi le Proconsul. [...] Alors le proconsul, voyant ce qui était arrivé, devint croyant; il était frappé de l'enseignement de Yahwé."

 

Ils devaient être nombreux dans l'empire romain à "soupirer et gémir" de sa décadence et de leur sort. Surtout dans le contexte où nous sommes: en 50, Claude n'a pas réussi à annexer à l'empire la Britannia, il n'a fait que brutaliser la population, contraire à la stratégie de romanisation qui ne sera effective que sous le règne de Néron, et pour mot de la fin, Claude n'a pas rendu à Rome la gloire qu'il escomptait lui donner par cette conquête.

 

Lucius Sergius Paulus ou Paullus fut en effet proconsul de Chypre sous Claudius.

 

Une borne de Claudius le mentionnant a été découvert à Rome en 1887. Il enregistre le rendez-vous (AD 47) des conservateurs des banques et du canal de la rivière du Tibre, dont l'un était Serge. Depuis, le voyage de Paul à Chypre est généralement daté de la première moitié des années 40 (et certains chercheurs daterait de sa visite même plus tôt). On estime que Serge servit en premier pendant trois années comme proconsul à Chypre, puis revint à Rome où il a été nommé curateur.

 

C'est l'inverse qui fut vrai. Sergius Paulus servi à Rome en tant que curateur, puis à Chypre en tant que Proconsul. Une telle place devait être honorifique. Être proconsul sur une île comme Chypre, où il n'y avait pas de grands troubles comme en Palestine devait ressembler à des vacances paradisiaques.

 

Par bonheur, alors que Wikipédia s'avérait insuffisant, même l' l'article en anglais plus fourni qu'il nous a fallu traduire de l'english french au français, on découvre sur un site biblique ce texte:

 

L'invraisemblance historique du titre de proconsul à Chypre, jadis soutenue sur la foi d'un texte de Strabon disant que cette île était gouvernée par un propréteur, est aujourd'hui disparue. On sait maintenant que la création par Auguste de la province sénatoriale de Chypre (22 av. J.-C.) la fit désormais gouverner par un proconsul ou par un propréteur ayant titre et rang de proconsul.

 

De plus, une monnaie trouvée dans l'île, et datant probablement
de l'an 55, porte l'inscription: «Au temps de Paulus, proconsul»; une inscription découverte à Karavastasi ou Soli (côte N. de l'île) est datée du «proconsulat de Paulus». On peut ajouter que
l'Histoire Naturelle de Pline invoque sur certains faits, dont deux concernent spécialement Chypre, l'autorité de Sergius Paulus. Ce Romain appartenait, comme l'indique son nom (nomen), à la famille (gens) Sergius, dont les inscriptions anciennes marquent aussi les relations avec Chypre; il portait le même surnom(cognomen) que l'apôtre: Paulus (=Paul). On a souvent supposé, avec saint Jérôme, que celui-ci avait changé de nom en souvenir de ce converti: et il est vrai que la formule «Saul, appelé aussi Paul» semble assez inattendue dans Ac 11:9; mais on admet aujourd'hui que le Juif helléniste de Tarse avait deux noms, l'un hébreu: Saul, l'autre romain: Paulus (=le Petit?), et que c'est ce dernier qui devint usuel en pays païen"

 

(sur 123-Bible.com)

 



 

[2,57] 147 Praeter haec inferiore caelo relatum in monumenta est lacte et sanguine pluisse M- Acilio C- Porcio cos- et saepe alias, sicut carne P- Volumnio Seruio Sulpicio cos-, exque ea non perputruisse quod non diripuissent aues, item ferro in Lucanis anno ante quam M- Crassus a Parthis interemptus est omnesque cum eo Lucani milites, quorum magnus numerus in exercitu erat.effigies quo pluit ferri spongiarum similis fuit. haruspices praemonuerunt superna uolnera. L- autem Paulo C- Marcello cos- lana pluit circa castellum Carissanum, iuxta quod post annum T- Annius Milo occisus est. eodem causam dicente lateribus coctis pluisse in acta eius anni relatum est.

 

[2,57] LVII. (1) Il se passe encore d'autres phénomènes dans le ciel inférieur. Les monuments historiques rapportent qu'il est tombé des pluies de lait et de sang sous le consulat (an de Rome 640) de Manius Acilius et de C. Porcius, et dans beaucoup d'autre circonstances; des pluies de chair, sous le consulat (an de Rome 293) de P. Volumnius et de Servius Sulpicius, ce qui ne fut pas enlevé par les oiseaux ne se putréfia pas ; (2) des pluies de fer dans la Lucanie, l'année qui précéda celle où M. Crassus fut tué par les Parthes, et avec lui tous les soldats lucaniens, dont il y avait un grand nombre dans l'armée : le fer qui tomba avec l'aspect spongieux; les aruspices annoncèrent que des blessures venant d'en haut étaient à craindre. Sous le consulat de L. Paulus et de C. Marcellus (an de Rome 704) Il y eut une pluie de laine autour du château de Carissa, auprès duquel, l'année suivante, T. Annius Milon fut tué. Pendant le procès de ce même personnage (an de Rome 702) il y eut une pluie de briques cuites: cela est rapporté dans les Actes de cette année.

 

Primo, Pline l'Ancien ne met pas de rapport entre L. Paulus et la Chypre; secondo, Pline l'Ancien parle de Lucius Aemilius Lepidus Paullus qui fut consul suffect en -34 et censeur en - 22; quant à C. Marcellus qui est apparemment le seul concerné par la notice "an de Rome 704", il s'agit soit de Caius Claudius Marcellus, dit Caius Claudius Marcellus Minorqui fut consul en49-50 avant notre ère, soit Marcus Claudius Marcellus de la même famille, consul en -51. En effet, Ab Urbe condita! AUC! C'est « à partir de la fondation de la Ville » de Rome que Pline l'Ancien date les évènements rapportés. C'est à dire que Rome ayant été fondée selon Tite-Live (à cheval entre – et +) le 21 avril – 753, on calcula à partir de cette date. Ce système de datation du calendrier romain demande bien sûr une petite conversion. - 753, c'est la fondation légendaire de Rome et l'assassinat de Remus par Romulus. Ainsi, si on parle de l'an 2 après Jésus Christ, on parle de l'an 755 après la fondation de Rome; si on p arle de l'an 33 ap. J.C, on parle de l'an 786 de la fondation de Rome, si l'on parle de l'an 50, on parle de l'an 803 de la fondation de Rome.

 

Voici une petite friandise:

 

Dans Histoire des empereurs et des autres princes qui ont regné durant les fix premiers fiecles de l'Eglife, de leurs guerres contre les Juifs, des Ecrivains profanes & des perfonnes les plus illuftres de leur temps ..., Volume 1 Par Louis Sébastien Le Nain de Tillemont utilisant le calendrier Julien et non le nôtre (grégorien), on lit: &

 

"L'An de Jésus-Christ 47, de Rome 800, de Claude 7

 

Tib. Claudius Cefar IV, & L. Vitellius II, Confuls

 

Claude Cenfeur avec Lucius Vitellius II, fait la revue du Senat & des citoyens Romains, p 219, fait celebrer les jeux feculiers l'an 800 de Rome vers le 21 avril, p 220 "...

 

Ainsi, questeurs efbourrifés, à quelle année correspond l'an 800?

 

800 – 753 = 47

 

47+53=800.

 

Claude est devenu empereur en 41, il s'agit donc bien de sa 7ème année. D'avril 41 à avril 47 on tombe bien dans la 7ème année.

 

C'est simple, non?

 

Wikipédia complique tout:

 

"Pour transcrire une année du calendrier standard (de notre calendrier grégorien) en année du calendrier romain, il suffit de lui ajouter le nombre 753 (pour une année après J.C.) ou 754 (pour une année avant J.C.), ainsi par exemple:

 

  • l'an 1 de l'Ère chrétienne dite aussi Anno Domini ou Ère de l'Incarnation, correspond à l’an 753 + 1 = 754 ab Urbe condita, ou «754 depuis la fondation de Rome», ou, en latin: DCCLIV AVC;

  • l’année 2013 du calendrier standard correspond à l'an 2013 + 753 = 2766 ab Urbe condita, ou « 2766 depuis la fondation de Rome», ou, en latin: MMDCCLXVI AV;

  • Mort d'Hérode: -4 en calendrier standard, c'est-à-dire -4 + 754 = 750 ab Urbe condita, ou « 750 depuis la fondation de Rome», ou, en latin: DCCL AVC.

 



 

En gros, le calendrier romain part d'un an "0" ou "1" qui correspond à la fondation de Rome en – 753. Donc le début de l'an 704 correspond à avril – 49 ou 50. Donc, L. Paulus n'est pas notre USUSUS: Sergius Lucius Paulus. Tant pis, on a une autre citation de Pline. Peut-être que...

 

LIVRE XVIII:

 

 

 

  1. (X.) Le froment produit un similago très estimé. En Afrique, un boisseau doit rendre un demi-boisseau de similago et cinq setiers de pollen ; on donne le nom de pollen, dans le froment, à ce qu'on appelle fleur dans le siligo; les fonderies de cuivre et les fabriques de papyrus s'en servent; en outre il rend quatre setiers de grosse farine et quatre setiers de son. Un boisseau de similago donne 122 livres de pain, et un boisseau de fleur de farine de siligo, 117. Quand les grains sont à un prix moyeu, cette farine vaut 40 as le boisseau ; le similago bluté, 8 as de plus; le siligo bluté, le double. ...

 

 

 

Qu'est-ce qu'il nous fait suer avec ses Simaligo. Qu'est-ce que c'est d'abord?

 

 

 

  • Une sorte de Semoule.

  • C'est bien c'qui m'semblait...

  • Mais tu as coupé juste avant le moment crucial. Écoute ça:

 

 

Du temps de Lucius Paulus, on a distingué autrement les qualités de similago : la première rendait 17 livres de pain, la seconde 18, la troisième 19 et 1/3, et de plus deux livres et demie de pain de seconde qualité, deux livres et demie de pain bis et six setiers de son."

 

Ah là, on le tient notre Ususus!

 

 

 

C'est pas dit, car il manque Serge, et sans Serge... Et puis,

 

 

 

il était une fois un homme qui s'appelait Lucius Aemilius Paullus ou Paul Émile le Macédonien. Il était un général et homme d'État né vers 230 et décédé en 160 av J. C, fils de Paul Émile et père biologique de Scipion Émilien.

 

  • Et alors?

  • Il fut élu "édile curule" en 193 avant J.C., préteur en 191. consul en 182 et 168, et censeur en 164.

  • Et alors??

  • Alors, sais-tu ce que signifie être "édile curule"?

  • Non.

  • Ils sont entre bien autres choses responsables de la distribution ou de la vente à bas prix de blé à la plèbe. S'ils étaient capable de faire ça pour le blé, il l'étaient aussi pour le Simaligo!

  • On l'a dans l'cul, alors! Sergius Paulus est une invention de Luc alors!

  • Oh non! Surtout pas. Cela donne au contraire encore plus de force pour dire que Sergius Lucius Paulus fut consul après avoir été je ne sais plus quoi à Rome...

  • La preuve que c'est moins glorieux.

  • Que je veux! Si les consuls servaient à dater les évènements, pas qu'un peu! Et puis, on a bien trouvé deux inscriptions nommant notre consul, dont l'une est datée de 54. Et puis encore, la cerise sur le gâteau, nos faux Lucius Paulus, étaient consuls – les historiens les utilisaient parce qu'ils étaient élus pour une année. Donc, c'était un moyen de datation précis si on disait "sous Lucius Paulus, tata ti tata..." et quelque fois l'historien précisait l'année romaine. Mais notre Sergius Lucius Paulus était proconsul, autrement dit gouverneur. Et sais-tu? À partir de 52, par la Lex Pompeia, un délai de cinq ans fut imposé entre une magistrature (consulat) et une promagistrature (proconsulat). Ça veut dire qu'avant d'être proconsul à Chypre, il fut consul ailleurs (Antioche de Pisidie?). L’île de Chypre fit partie de l’empire romain à partir de -58. Et sais-tu que ce n'était pas une province impériale mais une province sénatoriale à partir de -27 ? Ainsi, l'île qui en – 34 était entre les mains de Cléopâtre, et qui fut annexée à l'empire romain en -31 – est attribuée en -27 au Sénat. C'est la seule des provinces issues de l'empire lagide à avoir été confiée au Sénat. Sous l'Empire, seules deux provinces sénatoriales, de par leur importance et leur prestige, exigeaient au préalable d'avoir été consul : la province d'Asie et la province d'Afrique, qualifiées de provinces proconsulaires. Les autres provinces sénatoriales étaient dirigées par un ancien préteur.

    - Mais alors, Sergius Paulus n'a pas été consul, mais préteur.

    - Exact. Je voulais savoir ton degré d'attention. Bon, Chypre est une provinciale dite sénatoriale propétorienne, donc où des propréteurs sont nommés pour la fonction de gouverneur. Un propréteur est le nom donné à ceux qui ont exercé la charge de préteur pendant un an, et plus tard à ceux qui dirigent les provinces avec l’autorité de préteur. Le mandat du gouverneur n'a pas de durée définie, et l'empereur peut l'abréger ou le prolonger à sa guise. On observe cependant que la durée habituelle à la tête d'une province est de trois ans au plus. Sous l'Empire, la gestion des provinces du peuple romain reste celle qui s'exerçait pendant la République. Leurs gouverneurs sont des promagistrats (c'est-à-dire d'anciens magistrats supérieurs, toujours sénateurs) nommés pour un an par le Sénat et portant le titre de proconsul ou de propréteur. L'attribution de ces provinces se fait par tirage au sort au Sénat, en principe car des témoignages indiquent le contrôle de l'empereur sur le tirage au sort, et la nécessité de son approbation sur les nominations. La plupart des provinces du peuple romain ont à leur tête un propréteur.

  • Franchement, ces histoires de propéteurs commencent à m'soûler.

  • On est deux. Je m'y perds. Ils sont fous ces romains!

    Et puis on n'est pas plus avancé.

  • Attends, attends, Actes 13:7 précise que Sergius Paulus était le proconsul de Chypre. Un bon point pour Luc!

  • Oui, t'as raison, ça mérite d'être souligné en prime cette précision de Luc.

  • On sait aujourd’hui que Chypre était gouvernée par un propéteur, si j'ai bien compris, c'est à dire un prosoncul?

  • Oui...

  • La découverte à Chypre d’une inscription a démontré que l’île passa vraiment sous l’administration directe du sénat romain représenté par un gouverneur de province appelé proconsul?

  • Oui...

  • Un autre bon point!

  • A-t-on découvert à Soli, sur la côte nord de l’île de Chypre, une inscription qui contient les mots “ sous le proconsulat de Paulus ”?

  • Oui.

  • Un autre bon point!

  • A t-on trouvé le nom Lucius Sergius Paullus dans le monde romain , qui était un curateur du Tibre sous Claude César?

  • Oui.

  • Un autre bon point pour Luc! Mais on les lui offre avec réserve ces deux-là: on ne peut pas avec certitude identifier ces personnes au Sergius Paulus mentionné dans la Bible!

  • Où t'as trouvé ça?

  • The Annual of the British School at Athens, Londres, 1947, p. 201-206, Ducon!

  • Et qu'est-ce qui te dis que c'est juste? Tu crois réellement que dans l'île il y aurait eu un autre proconsul du nom de Paulus? Moi, ma théorie, c'est que: oui, le curateur de Rome n'est pas notre homme. Comme d'ailleurs peut-être celui d'Antioche de Pisidie. Mais que les inscriptions de Chypre sont de notre homme. Qu'il fut même proconsul pendant trois ans à partir du 21 avril 50, que Paul le rencontre entre le 4 et le 10 mai. Puis qu'il fut renommé en raison de sa renommée.

  • Ça se défend, et tu crois que Sergius Paulus serait resté cinq ans proconsul tout en étant devenu croyant?

  • Eh oui! Tout en restant discret, un tel homme ne pouvait qu'y gagner pour diriger l'île avec sagesse. Il a eu un traitement exceptionnel parce que c'était un homme exceptionnel. Je dis cinq ans, même 6, tiens. Deux nominations de trois ans pour Sergius Paulus!

  • T'es pas sérieux!

  • Si! jusqu'au remplacement par Néron! et encore! Il devait avoir un traitement de vieillesse... Il a dû finir ses jours dans l'île!

  • Moi, je dirais qu'il a été nommé en avril 52 prépéteur à Antioche de Picicie jusqu'en avril 55, et là il a fini ses jours.

  • Bon, ok, tu prends un vol pour Antioche de Pisidie et moi pour Chypre! Allez, Zou!

     

 

 

 

6 – Gallion (18: 12-17)

 

"Or, pendant que Gallion était proconsul d'Achaïe" ...

 

Ainsi commence le verset. Décidément, on en a pas fini avec les proconsuls! Au moins, on a pas à revenir sur la définition.

 

On voit dans la suite Gallion prendre la défense de Paul contre les Juifs qui l'accusent. Désolé, on ne peut pas dire les choses autrement.

 

Allons, citons ce passage entier:

 

Or, pendant que Gallion était proconsul d’Achaïe, les Juifs se soulevèrent d’un commun accord contre Paul et le conduisirent au tribunal, en disant: “Contrairement à la loi, cet individu amène les hommes à [adopter] d’autres croyances dans le culte de Dieu. ”Mais comme Paul allait ouvrir la bouche, Gallion dit aux Juifs: “Si vraiment il s’agissait de quelque injustice ou de quelque vilain méfait, ô Juifs, je vous supporterais patiemment, comme de raison. Mais s’il s’agit de controverses sur des mots, sur des noms et sur la loi chez vous, c’est à vous de vous en occuper. Je ne veux pas être juge de ces choses.” Là-dessus, il les chassa du tribunal. Tous alors se saisirent de Sosthène le président de la synagogue et se mirent à le battre devant le tribunal. Mais Gallion ne se souciait pas du tout de ces choses.

 

 

 

Beau tableau! Sergius Paulus aurait en tout cas témoigner devant son confrère Gallion que les Juifs avaient raison sur un point: Paul amenait les hommes à adopter croyances dans le culte de Dieu. Cet épisode ne se clôturant pas par la croyance en Dieu de Gallion comme pour Sergius Paulus renforce l'authenticité des faits rapportés. Si Gallion aussi avait trouvé la foi, il y aurait eu lieu de suspecter Luc de faire de l'apologétique. Est-ce une stratégie de Luc? Je ne crois pas. Ayant connu des colonels devenus Témoins de Jéhovah... Le rang n'est pas un obstacle, seul le coeur l'est.

 

Mais penchons nous sur l'historicité de Gallion. Voici ce qu'on lit dans Wiki-à pied-en voiture-et- à cheval:

 

 

 

Le proconsulat de Gallion en Achaïe vers 52 est attesté par une inscription trouvée à Delphes lors des fouilles de l'École Française d'Athènes au début du XXe siècle. Cette inscription, conservée de manière incomplète en neuf fragments, porte un texte émanant de l'empereur Claude et mentionnant le proconsul Gallion. La titulature de l'empereur permet de dater l'inscription assez précisément : elle fait référence à la douzième année de sa puissance tribunicienne, qui commença le 24 janvier 52, et à sa vingt-sixième acclamation impératorienne ; or, on sait par la dédicace de l'aqua Claudia que, le 1er août 52, Claude en était déjà à sa vingt-septième acclamation. Le texte envoyé par la chancellerie impériale aux Delphiens a donc été rédigé entre le 24 janvier et le 31 juillet de l'année 52. Les proconsuls prenaient leur fonction au début de l'été. Il est donc très probable que Gallion soit entré en charge à l'été 51 (et qu'il ait, selon le témoignage de Sénèque, quitté Corinthe avant la fin du printemps 52); mais une datation en 50-51 n'est pas impossible.

 

 

 

J'apprends ailleurs (EP) que certains spécialistes penchent pour 52 -53. Quoiqu'il en soit, d'après nos brillants calculs, Paul fut à Corinthe d'octobre 51 à avril 53.

 

 

 

Voici que ce n'était pas un problème bien grand, ce Gallion.

 

L'occasion pour donner un prolongement impromptu.

 

Le savez-vous? Gallion fut le frère du philosophe stoïcien Sénèque "le Jeune", l'auteur de La brièveté de la vie, de Sur la vie heureuse et des Lettres à Lucilius, et qui échangea, selon un apocryphe chrétien, une correspondance avec Paul. On étudiera celle-ci ultérieurement pour définir son authenticité.

 

 

 

 

 

 

 

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Synapses évangéliques - La très Bonne Nouvelle selon Stéfanos
  • Oeuvre en cours écrite par poète immergé dans la Bible de 0 à 22 ans. part exégétiq (enquêt), part morale sans être moralisat (La très Bonne Nouvelle selon Stefanos). Le tout avec humour. Fruit de ms rech. Evgiles, épîtr (ms dat). clés pour chro Actes
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