2ème grande enquête, des Actes aux lettres - chronologie des Actes - Les 7 clés de la chronologie des Actes - 2ème clé

2ème clé ou deuxième flamme : Les périodes de navigation.

Quelle lumière pour notre quête! Cette clé, cette flamme est extrêmement importante pour tous les déplacements sur mer de la seconde partie des Actes, puisqu'elle les conditionnent. Luc lui-même fait une remarque sur cette importance:

Comme un temps considérable s’était écoulé et qu’il était désormais dangereux de naviguer parce que même le jeûne [du jour des Propitiations] était déjà passé...

 (Actes 27:9)

 La suite du chapitre montre combien Paul était conscient et avisé. Le questeur, quant à lui, a aussi constaté que Polo (souvent suivi de Marco) ne faisait jamais voile en période dangereuse. Exceptionnellement, il fait des traversées en période aventureuse, mais pour de courtes distances et non en pleine mer.

 Cela éclate d'évidence au chapitre 27, car ce n'est pas lui qui est aux commandes, mais les Romains, – et il s'avère qu'ils sont moins sages que Paul...

Enfin, notre quêteur avouera avant de passer à troisième clé ou flamme qu'il doit la trouvaille de celle-ci grâce à l'Atlas du monde biblique (The Times Atlas of the Bible, 1987; Larousse, 1989) qu'il possède depuis des années et qui montre un fromage annuel divisé en quatre grandes zones ou saisons. Ainsi il y a une saison de «mer sûre» (en vert) allant du 27 mai au 14 septembre; une de «mer dangereuse» et de navigation donc fermée (en rouge) allant du 11 novembre au 10 mars; enfin deux saisons de «mer aventureuse»: du 15 septembre au 11 novembre et du 11 mars au 26 mai. Bien sûr, ce sont des repères primordiaux, mais en période aventureuse, la décision de partir ou non devait passer par l'observation des conditions qui étaient forcément variables. Depuis, le quêteur a découvert L'Atlas de l'Histoire Biblique (2006, 2009) et il va vous offrir ce qu'il dit:

Les Romains préféraient ne pas voyager par mer avant le 26 mai et après le 15 sept. Passé cette date, des nuages d'orage risquaient d'obscurcir le ciel et de rendre impossiblela navigation basée sur l'observation du soleil et des étoiles (je souligne). Paul se montra de toute évidence inquiet à l'idée de prendre la mer à Beaux-Ports en Crète après le Grand Jeûne – le jour des Expiations – qui avait lieu fin septembre, début octobre (Actes 27:29) La plupart des navires marchands étaient des navires à voile, mais ils possédaient cependant des rames que l'on utilisait d'urgence. Deux grandes rames disposées à la poue faisaient office de gouvernail; on les arrimait solidement en cas de mauvais temps. Le tonnage variait en général entre 70 et 300 hommes; il pouvait exceptionnellement atteindre les 1300 tonnes. La plupart des voyages de Paul se firent probablement à bord de petits navires qui pratiquaient le cabotage, mais lorsqu'il se rendit à Rome, ce fut à bord de gros bateaux céréaliers qui faisaient la navette entre l'Égypte et l'Italie. Le bateau avec lequel il fit naufrage sur l'île de Malte, transportait 276 passagers. Les naufrages étaient relativement fréquents. Celui qui amena Paul sur l'île de Malte était le quatrième naufrage de Paul! (2 Corinthiens 11:25).

Il fallait normalement 3 semaines aux navires céréaliers pour relier Alexandrie à Ostie, le port de Rome, mais des navires plus rapides parvenaient à faire ce trajet en 9 jours. Lorsque les conditions étaient favorables, les voyages par mer étaient relativement rapides. Il fallait 5 jours pour franchir les 950 km qui séparaient Corinthe de Pouzzoles (Puetoli) en Italie, 5 jours pour faire les 500 km qui séparaient Ostie de Carthage en Afrique du Nord. Des documents envoyés de Thessalonique arrivaient généralement à Askalon distant d'environ 1100 km après 12 jours.

Tant qu'à faire, je vais leur subtiliser aussi une carte*

* Faudra pas le dire – moi je vous assure, vous pouvez piquer dans mes écrits si vous déclarez la source – c'est la moindre des choses – sinon, le droit de propriété, c'est bien de la foutaise, bien compliqué et bien des emmerdes... Et même, je vais vous dire: pour chaque subtilisation avouée et sourcée vous aurez une pastille verte ou bon point. Pour dix, une image, pour cent un poster!

Mis à part ça, notez que j'ai été sympa pour eux: j'ai piqué 70 % de leur carte (par la force du format...) et la magie de Picasa pouvant recadrer à partir d'une image scannée.

Le questeur avisé remarquera qu'on lui donne l'échelle, les principales villes, les principales lignes de navigation et les principales voies romaines. Il remarquera aussi qu'il s'agit de l'empire romain en 117 et non du 1er siècle, mais les données varient peu ou prou, surtout pour les voies romaines qui existaient pour la plupart au 1er siècle et qui avaient été romaines par pavage sur des tracés beaucoup plus anciens. Cette carte servira donc aussi pour les trajets de Paul sur terre.Pour les voyages marins, Paul nous fournit lui-même une bonne indication de temps. J'en parlerai dans une autre clé-flamme.

Vous avez vu sur la carte un grand navire à rames, vous allez voir d'autres types de bateaux de marchands, de taille plus modeste:

Une corbita (mot latin), petite barque à deux mâts. Relief de 200 av. J.-C., Carthage.

Ce type d'embarcation n'engageait que Paul et ses compagnons – et peut-être leurs locataires – mais un voyage du type du dernier qu'il effectua engageait beaucoup plus.

 Une petite histoire de l'assurance pour comprendre:

 L'assurance existe en tant que "secours mutuel" dès la plus haute Antiquité, en Mésopotamie, en Egypte et dans la Rome Antique. Dans le commerce maritime, chez les grecs comme chez les romains, des «banquiers» financent les expéditions commerciales maritimes, très cheres.

Si le bateau fait naufrage, ils perdent leur argent, et au contraire, s'il arrive à bon port, ils reçoivent une très forte compensation financière.

 (site C.A.S : courtage d'assurances spécialisées)

Voilà pourquoi on risquait fort, en plus de sa vie, à circonvenir aux saisons navigables.

Un autre type de bateau de dimension plus grande que la corbita ressemblant à un canot à voile:

Ici, la surprise est de taille, mes amis.

Oui, « Trop de la balle » ! Il s'agit de Paul et ses compagnons de voyage ! Un portrait de groupe, une photographie de l'époque.

 La preuve en zoom :

- Tout me semble zéphyr... dit Paul.

 Bien sûr, on l'aura reconnu au centre. Assis de gauche à droite: Timothée, Silas, Luc, Marc.

 L'authenticité de cette identification se trouve confirmé par quelques versets pris au hasard:

 «Tenez donc ferme, les reins ceints de vérité, revêtus de la cuirasse de la justice, les pieds chaussés de l’équipement de la bonne nouvelle de la paix. Surtout, prenez le grand bouclier de la foi, avec lequel vous pourrez éteindre tous les projectiles enflammés du méchant. En outre, acceptez le casque du salut, et l’épée de l’esprit, c’est-à-dire la parole de Dieu" (Éphésiens 6:14-17)

Bon, il leur manque l'épée. Elles sont bien planquées, ce qui ne manque pas d'esprit!

 Mais, beau questeur, c'est un beau leurre; j'aurais envie de crier: "Poisson d'avril!" si on n'était le 4 mai. Enfin, leurre à moitié... Il s'agit d'Ulysse résistant au chant des sirènes (mosaïque du IIIème siècle)...

Qu'allez-vous me dire maintenant si je vous déclare : ci-dessus, Jésus transformé en dauphin escorte, guide le convoi exceptionnel de deux bateaux chrétiens à voiles carrées – avec pour capitaines Paul et Barnabas – et longeant le phare d'Alexandrie à quatre étages?

 Il s'agit plus prosaïquement de deux mosaïques de la place des Corporations à Ostie – le port de Rome – aménagé sous Claude. Est représenté bel et bien deux bateaux, un phare et un dauphin – traitement hyper-réaliste du delphinium hippocampus disparu aujourd'hui– mais comme tous les dauphins symbole de Jésus-Christ avec le poisson (d'ailleurs, à l'époque, les dauphins étaient comme les baleines de « gros poissons »).

 Nous finirons par une dernière image de bateau qui illustrera un passage des Actes :

Vaisseau marchand méditerranéen au temps de Paul, d'après un relief d'un sarcophage de Sidon (source : Atlas du monde biblique)

«Or, quand il a été décidé que nous partirions en bateau pour l’Italie, on a remis Paul et quelques autres prisonniers à un officier nommé Julius, de la troupe d’Auguste. Nous embarquant sur un bateau d’Adramyttium qui allait naviguer vers différents endroits situés le long de la côte [du district] d’Asie, nous avons mis à la voile, et avec nous il y avait Aristarque, un Macédonien de Thessalonique. Le lendemain, nous avons abordé à Sidon ; et Julius a traité Paul avec humanité et lui a permis d’aller chez ses amis et de recevoir [leurs] soins.

 De là, prenant la mer, nous avons fait voile sous [le couvert de] Chypre, parce que les vents étaient contraires; nous avons navigué à travers la pleine mer le long de la Cilicie et de la Pamphylie, et nous avons relâché à Myre en Lycie. Mais là l’officier a trouvé un bateau d’Alexandrie qui naviguait vers l’Italie, et il nous a fait monter à son bord. Ensuite, après avoir navigué lentement pendant un bon nombre de jours et être arrivés avec peine à la hauteur de Cnide, parce que le vent ne nous permettait pas d’avancer, nous avons fait voile sous [le couvert de] la Crète à Salmoné et, la côtoyant avec peine, nous sommes arrivés à un certain endroit appelé Beaux-Ports, près duquel était la ville de Lasée.

Nous avons assez divagué comme cela au sein de la deuxième clé ou flamme. Passons à la troisième.